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Une formation sur le sida adaptée aux besoins des biologistes africains

[Senegal] The newly-equipped Richard Toll's laboratory, where HIV-positive people could receive free ARV treatment, July 2005. IRIN
Tous les laboratoires ne sont pas équipés comme celui de Richard Toll, au nord du Sénégal
Grâce à la formation en rétrovirologie biologique du professeur Souleymane Mboup, Guy-César, Alexia, Madeleine et les autres espèrent désormais pouvoir répondre aux besoins des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans leurs pays respectifs. C’est la première fois que ce type de formation est proposé au Sénégal, un pays d’Afrique de l’ouest qui bénéficie d’un large réseau de chercheurs et de responsables politiques engagés de longue date dans la lutte contre le sida et les infections opportunistes. «Jusqu’à présent, il n’existait aucune formation qui faisait le tour du volet VIH/SIDA pour le suivi biologique des patients», a expliqué le professeur Mboup, responsable du service de virologie du Centre hospitalier universitaire de Dakar-Fann, dans la capitale sénégalaise. Avec ce cours, «nous voulons promouvoir des biologistes africains compétents dans la prise en charge thérapeutique des malades du sida car ils ne sont pas assez nombreux en Afrique», a-t-il ajouté. La formation, financée par l’initiative française Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau (Esther) et le programme ‘Sécuriser le futur’ de la fondation Bristol-Myers Squibb, doit, dans les trois prochaines années, actualiser les connaissances d’une centaine de biologistes africains sur les différents aspects du suivi biologique du VIH/SIDA. Ainsi, l'expertise biologique en laboratoire, notamment utilisée pour connaître le statut sérologique et suivre l'évolution de la maladie et du patient, a été placée au centre de la formation, pour une meilleure prise en charge des personnes vivant avec le virus. Les élèves, des médecins et des chefs de laboratoire, ont pu aborder les questions du diagnostic sérologique et moléculaire (pour dépister la maladie), du suivi immunologique (par lequel les biologistes évaluent par le biais de marqueurs l'évolution de la maladie), de la charge virale (qui mesure la quantité de virus dans le sang) et des problèmes de résistance aux traitements. Madeleine Mbangue, médecin biologiste et responsable de laboratoire à Douala, le grand centre économique du Cameroun, fait partie de ce premier groupe de 28 étudiants, tous venus de pays d’Afrique francophone pour assister en janvier, pendant un mois, au cours du professeur Mboup. «Beaucoup de mes patients sont séropositifs et, si je maîtrisais les techniques de dépistage, je pouvais rencontrer des problèmes dans le suivi des patients», a-t-elle expliqué pour justifier sa présence à Dakar. Cette remise à niveau devrait lui permettre de prendre une part plus active aux décisions du comité thérapeutique de l’hôpital de Douala où elle travaille, a-t-elle estimé, et sera également utile lorsqu'elle sera consultée par le programme national de lutte contre le sida. Selon le professeur Laurent Bellec, de l'unité de virologie de l'hôpital Georges Pompidou à Paris, en France, qui co-organise cette formation, ce «cours correspond à un besoin», notamment en ce qui concerne l’acquisition de connaissances applicables dans des environnements difficiles, où les plateaux techniques sont sommaires et les compétences du personnel de santé insuffisantes. Bien choisir ses équipements pour de meilleurs résultats Pour cela, les participants ont été particulièrement sensibilisés à la question du choix du matériel de laboratoire, un module moins ‘technique’ mais fondamental selon le professeur Mboup, qui a estimé que les biologistes africains ne «disposent pas toujours des équipements adéquats». Cette question est également cruciale pour Guy César Kouaho, un biologiste d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, qui doit orienter ses patients «sans erreurs mais avec une plateforme technique faible». «J’ai découvert de nouvelles techniques peu coûteuses adaptées à l’Afrique», a-t-il confié à PlusNews, ajoutant qu'il était important pour lui de «venir s'initier auprès des maîtres tant les techniques, et notamment les marqueurs, évoluent vite». Les marqueurs permettent de mesurer la progression de la maladie. Pour cela, il convient de déterminer un représentant de cette évolution, qui met en jeu la survie de la personne malade : le dosage des CD4, cibles du VIH et défenseurs de l'organisme contre les agressions extérieures, est un de ces “traçeurs” qui témoignent de l'état de santé du patient en relation avec sa maladie. A l’heure actuelle, les scientifiques disposent de beaucoup plus de marqueurs qu'avant, la biochimie et biologie moléculaire permettant notamment d'utiliser des marqueurs sanguins quantitatifs très précis. Le professeur Coumba Touré Kane, qui a assuré une partie des cours de la formation, a expliqué que, pour chaque étape du suivi biologique, il existait des stratégies conventionnelles et des stratégies alternatives, moins coûteuses et souvent plus faciles d'utilisation. «En matière de dépistage par exemple, les tests Lisa ou West Blot qui sont utilisés en Europe sont très coûteux et demandent une grande expérience dans l'interprétation», a-t-elle détaillé. «Nous utilisons alors une stratégie alternative fondée sur deux tests, l'un à grande sensibilité et l'autre à grande spécificité, qui nous permettent de dépister la maladie de façon fiable.» Selon le professeur Touré Kane, les laboratoires africains ont à leur disposition, en matière de suivi, des options moins sophistiquées mais dont la concordance est «acceptable». Mais pour cela, a insisté le professeur, les équipements doivent être bien choisis, en fonction de leur simplicité d'utilisation, du délai d'obtention des résultats attendus, de la maintenance proposée et, bien sûr, du coût. «Souvent les firmes pharmaceutiques mettent gratuitement les équipements à la disposition des laboratoires, qui doivent ensuite acheter des réactifs qui peuvent s’avérer très coûteux», a-t-elle expliqué. Ainsi, le docteur Mbangue a raconté qu'avant la formation elle connaissait des problèmes avec les marqueurs CD4 auprès des enfants. «Grâce au cours, j'ai réalisé que c’était à cause de l’appareil que nous utilisons à l'hôpital». De retour au Cameroun, ce médecin, comme les autres participants à la formation, transmettra cette information à ses collègues, mais aussi aux autres professionnels qu’elle aura l’occasion de rencontre, un rôle de relais que le professeur Mboup juge très important, notamment au regard de la dynamique de décentralisation des laboratoires biologiques sur le continent africain. «Le programme a pour but de former des biologistes référents dans leur pays tout en créant un réseau de responsables de laboratoire qui pourront s’entraider et être plus efficace», a expliqué le professeur Mboup. Ce rôle, Guy César Kouaho est désormais prêt à l’assumer dès son retour en Côte d'Ivoire, un pays en guerre qui figure parmi les Etats d’Afrique de l’Ouest les plus affectés par l’épidémie de sida. «Je vais pouvoir transmettre mon savoir dans des zones périphériques, surtout en milieu rural», a-t-il conclu, enthousiaste. «Je compte être le relais pour aider à une meilleure prise en charge à l’intérieur du pays.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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