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Des légumes pour améliorer la santé des patients séropositifs

[Senegal] Women water plants at a micro gardening project to increase access to vitamin rich vegetables for Dakar's urban poor. Julie Vandal/IRIN
Women water plants at a micro-gardening project in Dakar
Parce que «la santé se trouve d’abord dans l’assiette», le centre hospitalier de Fann à Dakar a aménagé un jardin potager qui grâce aux légumes qu’il produit a permis d’améliorer l’alimentation de ses patients affaiblis par le VIH/SIDA. Allongée sur un lit métallique, une couverture jaune tirée jusqu’au cou, Aminata (un nom d’emprunt) est hospitalisée au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Dakar-Fann de Fann depuis le 10 février. Une fois par jour, elle reçoit une soupe de légumes venus directement du jardin, situé à l’arrière du bâtiment. Cette jeune femme séropositive de 30 ans souffre d’une candidose buccale, une infection fongique courante chez les personnes infectées au VIH/SIDA, qui la fait souffrir et l’empêche d’avaler des éléments solides. Depuis qu’elle a changé de régime alimentaire grâce à ces légumes, «elle se sent mieux, la soupe c’est mieux que le Thieb [un plat local à base de riz et de poisson]», s’est réjouie sa marraine. Aminata est l’une des 1 800 patients séropositifs qu’accueille chaque année ce grand centre hospitalier de la capitale sénégalaise. Comme elle, près de 60 malades reçoivent chaque jour, gratuitement, une soupe de carotte, persil, poix chiches et autres légumes. A l’origine de ce projet unique au Sénégal, le professeur Papa Salif Sow, chef du service des maladies infectieuses. «On a été frappé par le cri de détresse d’un patient de 45 ans qui disait: «docteur je vais très bien, mais j’ai extrêmement faim», a-t-il raconté. Or «s’occuper des malades, ce n’est pas seulement administrer des médicaments», a estimé le professeur Sow. «Il ne sert à rien de traiter des patients par médicaments si par ailleurs, nous n’assurons pas une alimentation de qualité.» Partant de ce constat, le professeur Sow et son équipe ont décidé d’agir. En février 2004, ils ont lancé ce potager en micro-jardinage, une technique de culture hors sol et sur table préconisée par l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) car elle permet, sans ajout de substances chimiques, d’améliorer la production de légumes, en quantité et en qualité. D’abord financé sur fonds propres par le professeur Sow, le micro-jardin bénéficie depuis septembre 2005 de l’aide technique du Corps de la paix des Etats-Unis au Sénégal et d’un «petit financement» de 2,5 millions de francs CFA (4 587 dollars) provenant de fonds américains, a précisé Famara Massaly, l’un des Peace Corps en charge de ce potager. Un jardin «pas comme les autres, plutôt un jardin qui instruit, qui inspire et qui offre de l’espoir à des dizaines de patients ... vivant avec le VIH/SIDA», s’est félicité Robert P.Jackson, le chargé d’affaire de l’ambassade des Etats-Unis, à l’occasion de la journée Portes ouvertes du jardin organisée le 1er mars. Sur les 3 000 patients que reçoit chaque année le service des maladies infectieuses, 85 pour cent vivent avec moins de 500 francs CFA (0,9 dollar) par jour, selon les statistiques de l’hôpital. Une offre alimentaire variée et en quantité suffisante «La majorité des patients sont dénutris car ils ont une consommation alimentaire moitié moins importante [que les personnes séronégatives] alors que leur besoin est double», a expliqué Adama Ndir, nutritionniste du service des maladies infectieuses. Il a précisé que cette situation était liée en partie «à l’infection elle même, [mais aussi] à la vulnérabilité socio-culturelle du malade qui est mis à l’écart dans sa famille». Dans ces conditions, a poursuivi M. Ndir, «on s’est dit [que] le micro-jardinage était bien adapté pour répondre à ces besoins car les légumes biologiques qu’il produit apportent les vitamines et oligo-éléments nécessaires à la lutte contre l’infection, [en renforçant] le système immunitaire du malade». L’hôpital fournit trois repas quotidiens essentiellement composés de riz et de viande ou de poisson -- mais certains patients «ne veulent pas toucher aux plats de l’hôpital et préfèrent celui que leur apporte la famille, mais s’il n’est pas équilibré» a constaté Abdoulaye Thiam, travailleur social dans ce service. Deux jardiniers de l’hôpital travaillent en relation avec le nutritionniste pour planifier une production potagère compatible avec les besoins des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Tomates, concombres, menthe, gombos, poireaux et autres légumes, racines ou herbes aromatiques, signalés le long des rangées par de petites étiquettes, poussent aujourd’hui sur 1 200 mètres carrés de surface cultivée. En un mois, le jardin produit 100 kg de légumes et permet d’offrir quelque 1 400 repas aux patients séropositifs. En plus d’assurer une meilleure prise en charge nutritionnelle des patients, ce jardin contribue «au projet d’humanisation des hôpitaux, [qui vise à] offrir un cadre de vie propice à l’épanouissement du personnel et des malades pour atténuer la souffrance humaine», a dit le professeur Sow. Tina Vinz, la cuisinière qui prépare les repas, le confirme. «Les malades viennent avec le moral à zéro et puis après ça va mieux, parce que pendant la distribution le matin vers 11 heures, on leur parle. Ca leur fait du bien, surtout ceux qui n’ont pas d’accompagnant». A terme, le jardin entend également jouer un rôle dans l’éducation nutritionnelle du patient et dans sa réinsertion, «dans la mesure où il rentre dans sa famille avec [des connaissances supplémentaires]» a expliqué M. Ndir, le nutritionniste. Le micro-jardin a pour l’instant les financements nécessaires pour poursuivre son activité encore quelques semaines, peut-être quelques mois. «Nous avons commencé, mais aurons-nous les moyens de poursuivre?», s’est inquiété le professeur Sow, soulignant que sans véritable implication d’un bailleur de fonds ou du gouvernement sénégalais, la survie du jardin était incertaine. Convaincu, tout comme le professeur Sow et son équipe, que «la santé se trouve d’abord dans l’assiette», un représentant du ministre de la Santé et de la prévention médicale a affirmé lors de la journée portes ouvertes que son ministère souhaitait pérenniser le projet et même l’élargir aux autres structures médicales du pays.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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