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Vers la fin des pénuries de médicaments contre le sida?

L’arrivée d’un important stock d’antirétroviraux (ARV) devrait mettre fin à la pénurie de médicaments contre le sida qu’a connu le Ghana ces cinq derniers mois, une situation due à des longueurs administratives et des retards dans l’acheminement des commandes, selon les autorités sanitaires. C’est ce qu’ont affirmé la semaine dernière des représentants du ministère de la Santé et des autorités en charge de la lutte contre le sida en annonçant à une délégation de manifestants venus réclamer des explications sur les causes de ces ruptures d’approvisionnement en ARV l’arrivée par avion d’un stock de plus de dix tonnes de ces médicaments contre le sida. «Nous avons eu des problèmes au niveau de l’approvisionnement et de l’acheminement maritime [des ARV] avec notre principal fournisseur, ce qui a causé la pénurie de certains médicaments», a expliqué à PlusNews le docteur Nii Akwei Addo, responsable du programme national de contrôle de l’épidémie (NACP) au sein du ministère de la Santé. Des modifications importantes effectuées au niveau des commandes sont en partie à l’origine de ces retards: afin de pouvoir fournir des traitements contre le sida à davantage de patients infectés au VIH, le Ghana a décidé il y a quelques mois de remplacer l’achat de certains ARV dits de spécialité, donc coûteux, par les versions génériques de ces médicaments, a ajouté M. Addo. «Nous avons dû dès lors nous conformer aux règlements de l’Organisation mondiale de la santé en matière de propriété intellectuelle mais aussi nous assurer que les fournisseurs délivraient de nouveaux tests de certification pour les médicaments génériques que nous commandions», a-t-il dit. Le coût annuel pour l’Etat d’un traitement ARV de première ligne est aujourd’hui de 252 dollars, soit près de trois fois moins qu'auparavant, selon des officiels du ministère de la Santé. Tous les centres de distribution d’ARV devraient être approvisionnés d’ici la fin de cette semaine, a ajouté M. Addo, précisant que cette commande d’urgence, d’un montant de 2,8 millions de dollars, avait été passée auprès de l’Association internationale des dispensaires, une centrale d’achat à but humanitaire basée aux Pays-Bas, et de cinq autres fournisseurs, grâce à des subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Depuis 2004, ce financement de 15 millions de dollars sur deux ans a permis à l’Etat de subventionner la distribution d’ARV qui coûtent au patient 50 000 cedis par mois (environ cinq dollars), dans un pays où la majorité des habitants vit avec moins d’un dollar par jour, selon les Nations unies. D’après M. Addo, en dépit de la situation critique des derniers mois, les autorités sanitaires ont fait leur possible pour éviter aux patients déjà sous ARV d’avoir à interrompre leur traitement, alors que ces médicaments qui prolongent et améliorent la vie des personnes vivant avec le virus doivent être pris en continu, sous peine de développer des résistances. «Il n’y a pas eu de pénurie totale dans la mesure où nous avons continué à recevoir de petites quantités de médicaments de nos autres fournisseurs, en attendant que la grosse commande arrive», a ajouté M. Addo. «Les centres de distribution d’ARV avaient reçu la consigne de rationner les médicaments pour éviter que des patients n’aient à interrompre leur traitement». Un rationnement que Kofi Ampong, président de l’association Wisdom qui regroupe des personnes vivant avec le VIH, a confirmé. «En temps normal, les patients reçoivent des médicaments pour couvrir trois mois de traitement ARV», a-t-il expliqué. «Mais ces derniers mois, on leur fournissait des traitements pour une semaine, voire moins. Ca a créé beaucoup d’anxiété et de peur parmi les patients, dont certains doivent parcourir de longues distances pour se rendre à l’hôpital». Par ailleurs, a regretté M. Ampong, «les patients qui auraient dû commencer un traitement ont été mis sur liste d’attente en raison de cette incertitude [sur les approvisionnements en ARV]». Des heures de route pour se procurer des ARV Actuellement, cinq structures hospitalières distribuent des ARV dans le cadre du programme gouvernemental, toutes situées dans la moitié sud du pays, plus densément peuplée que le nord. Deux de ces centres sont situés à Accra, la capitale, un autre à Kumasi, la deuxième plus grande ville du Ghana dans le centre du pays, tandis que les deux derniers se trouvent dans la région de Koforidua, à l’est. Conséquence de cette répartition géographique: les patients séropositifs des autres régions du pays, notamment ceux du nord, doivent parcourir parfois plusieurs centaines de kilomètres pour se faire soigner et recevoir leurs médicaments, dépensant parfois quatre à cinq fois plus d’argent dans les frais de transport jusqu’à l’hôpital que pour l'achat de leurs ARV. Une situation déjà difficile lorsque le patient se déplace pour recevoir trois mois d’ARV, ont noté plusieurs associations de défense des droits des personnes vivant avec le virus, mais qui devient intenable lorsqu’on ne peut lui procurer que quelques jours de traitement. A l’heure actuelle, un peu plus de 3 500 patients reçoivent ces traitements subventionnés au Ghana alors que selon les estimations officielles, 72 000 personnes en auraient besoin. Selon la directrice du ministère de la Santé, Salimata Abdul Salam, les stocks d’ARV que vient de se procurer le Ghana devraient permettre de traiter 6 000 patients en 2006. L’arrivée des stocks doit aussi permettre de relancer le programme gouvernemental d’extension du nombre de centres de traitement du sida, a espéré M. Addo. Le ministère de la Santé avait annoncé l’année dernière son intention d’ouvrir des centres de distribution d’ARV dans les dix régions du pays avant la fin 2005. Une fois que les centres déjà existants seront approvisionnés en ARV, «nous nous consacrerons à atteindre nos objectifs d’étendre les traitements à de nouveaux centres dans le pays», a dit M. Addo. Car au-delà de la commande qui vient de parvenir au Ghana, un stock d’ARV estimé à 1,7 millions de dollars doit arriver «à une date ultérieure» et permettre l’extension des programmes de distribution d’ARV au cours des deux ans à venir, selon le NACP. «D’ici avril, des nouveaux centres de distribution d’ARV seront mis en fonctionnement dans les régions de l’Ouest, de la Volta [à l’est], de la périphérie d’Accra et de deux régions du nord du pays», a affirmé M. Addo. «Les structures sont déjà en place, on attend simplement que la commande [d’ARV] arrive».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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