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Les femmes dépistées au VIH se protègent mieux de l’infection - étude

[Senegal] HIV-positive women in Senegal have many problems to talk publicly about the virus with families and men shutting them up at home. Pierre Holtz/IRIN
Selon Enda-Santé, 80 pour cent des professionnelles du sexe à Dakar travaillent dans la clandestinité.
Le test du dépistage du VIH, quel que soit son résultat, a un impact très net sur la volonté des femmes d’instaurer un dialogue sur le VIH/SIDA au sein de leur couple pour se protéger ou protéger leur conjoint de l’infection au VIH, selon une récente étude. L’objectif de cette étude ‘Ditrame Plus 3’, menée en Côte d’Ivoire par une équipe de l’Institut français pour la recherche et le développement (IRD) et financée par l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) en France, était de se pencher sur la gestion des risques de transmission du VIH au sein du couple, pour déterminer ce qui freine ou favorise l’adoption de comportements de prévention du VIH. «Nous avons voulu nous intéresser à des rapports a priori considérés comme ‘non à risques’ car se déroulant dans le cadre d’une relation stable, en étudiant le rôle du lien conjugal -polygame ou monogame- et le fait que les partenaires vivent sous le même toit ou non, sur la qualité du dialogue et les pratiques de prévention du VIH au sein du couple», a expliqué à PlusNews Annabel Desgrées du Loû, l’une des auteurs de l’enquête. L’étude, conduite depuis 1995 auprès de femmes enceintes en consultations prénatales à Abobo et Yopougon, deux quartiers populaires d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, a porté sur une ‘cohorte’ (un ensemble) de femmes auxquelles le dépistage du VIH a été proposé au cours de ces consultations. Parmi les femmes retenues dans le cadre de l’étude, parce qu’ayant un partenaire régulier, le test de dépistage s’est révélé positif pour 322 d’entre elles et négatif pour 353 autres. Pendant 18 mois après le test, les femmes ont été suivies pour savoir entre autres si elles avaient parlé du VIH/SIDA avec leur partenaire, si elles l’avaient informé de leur propre test et de son résultat, si elles avaient encouragé leur partenaire à se faire dépister et si le couple avait adopté des comportements de prévention de l’infection au VIH. Le dépistage du VIH favorise le dialogue au sein du couple Même s’il y avait des différences selon le type d’union, le fait que les partenaires résident sous le même toit ou non, la religion, le niveau d’éducation ou encore la différence d’âge entre les partenaires, dans tous les cas, le dialogue sur le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST) au sein du couple a nettement augmenté après le dépistage, a révélé l’étude. Une différence significative a cependant été notée selon que le résultat du test était positif ou négatif. Alors que moins de la moitié des femmes disaient avoir discuté avec leur partenaire des IST ou du VIH/SIDA avant le test, 96 pour cent des femmes dépistées négatives et deux tiers des femmes séropositives ont initié ce dialogue après le test. «Il est clair que le test de dépistage du VIH dans le cadre des consultations prénatales stimule la communication sur les IST et le VIH/SIDA au sein du couple, c’est un bon moyen pour toucher le couple de monsieur et madame Tout-le-monde», a dit Mme Desgrées du Loû. «Le dépistage s’avère beaucoup plus productif que les campagnes de sensibilisation sur le VIH», a renchéri Hermann Brou, chef du projet Ditrame Plus 3 en Côte d’Ivoire, co-auteur de l’étude et auteur d’un article sur ce projet dans la revue spécialisée ‘Cahiers Santé’. Dans l’ensemble, les femmes vivant en ménage polygame ont moins bien réussi à établir un dialogue avec leur partenaire que celles en union monogame, mais le niveau de communication a aussi été influencé par le fait que le couple résidait sous le même toit ou non. «Le dialogue était meilleur dans un couple polygame résidant sous le même toit que dans un couple monogame vivant séparé», a constaté Mme Desgrées du Loû. Encourager son partenaire à se faire dépister et à se protéger Plus de neuf femmes séronégatives sur 10 ont annoncé le résultat de leur test à leur partenaire et ont encouragé ce dernier à aller se faire dépister au VIH, des conseils que seuls 17 pour cent des conjoints ont suivi. Dans le cas des femmes dépistées positives, seule une sur deux a révélé son statut à son partenaire mais elles sont plus nombreuses, près de 70 pour cent, à lui avoir suggéré d’effectuer la démarche du dépistage, ce que 22 pour cent d’entre eux ont fait, en grande majorité des hommes vivant en couple monogame. Quel que soit leur statut sérologique, beaucoup de femmes n’ayant pas osé engager directement le dialogue sur le VIH avec leur partenaire ont usé de moyens détournés pour évoquer le sujet, et notamment la question de la prévention. «Certaines femmes ont profité d’une dispute sur la question des relations extraconjugales pour aborder le sujet en demandant au conjoint d’utiliser ‘au moins’ le préservatif, d’autres l’ont fait sur le mode de la blague, en conseillant au partenaire de se ‘protéger s’il sort’», a constaté M. Brou. S’il a été relativement facile aux femmes de suggérer à leur partenaire d’utiliser un préservatif en cas de rapports sexuels extraconjugaux, en revanche l’adoption d’un comportement de prévention du VIH au sein du couple s’est avéré plus délicat. A la reprise des rapports sexuels après l’accouchement, 30 pour cent des couples dans lequel la femme est séropositive ont systématiquement utilisé le préservatif, contre 50 pour cent quand le conjoint s’était fait dépister. Seuls 25 pour cent des couples ont utilisé un préservatif quand la femme était séronégative. Selon l’étude, les facteurs qui ont influencé l’utilisation du préservatif chez les couples où la femme était séropositive sont la communication et le niveau d’éducation du partenaire, tandis que chez les femmes séronégatives, seul le niveau d’éducation de la femme a eu un impact. Cibler le couple plutôt que la femme seule Pour convaincre leur partenaire d’utiliser le préservatif, toutes les femmes ont invoqué son rôle contraceptif, a relevé M. Brou, ajoutant que parmi celles qui n’ont pu ou n’ont pas osé l’imposer, certaines ont une fois encore cherché des moyens indirects de se protéger d’une éventuelle infection au VIH, ou d’éviter d’infecter leur partenaire. Dans la majorité des cas, elles ont repoussé au maximum la période d’abstinence post-partum (après l’accouchement), d’une durée moyenne de 17 à 21 semaines selon le statut négatif ou positif de la femme, d’après l’étude. Un choix que les femmes qui ne cohabitaient pas avec leur conjoint, de même que celles vivant en union polygame, et donc partageant leur partenaire avec des co-épouses, ont eu plus de facilité à faire accepter, allongeant la période d’abstinence post-partum moyenne respectivement à 61 et 37 semaines. Le dépistage du VIH a donc incité les femmes à renforcer ou à instaurer le dialogue au sein de leur couple sur les risques de transmission du virus, ainsi qu’à mieux se protéger, mais le dialogue établi n’a pas suffit à convaincre l’homme de se faire dépister et de se protéger, a constaté l’étude. A l’avenir, il paraît donc très important de cibler également le partenaire masculin, notamment dans le cas des unions polygames où «seul l’homme sait quel type de relation il a avec chacune de ses femmes, et donc c’est à lui d’être sensibilisé pour la prévention du VIH», a dit Mme Desgrées du Loû. «Une politique de dépistage pour le VIH intégrant une composante couple qui prendrait en compte les besoins et spécificités du couple (foyer monogamique ou polygamique) pourrait aider à surmonter [tous] ces obstacles», a estimé M. Brou. «Et [cela] ne ferait pas reposer sur la femme seule le devoir d’amener son couple à une plus grande attention face au risque du VIH», a-t-il conclu.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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