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Des réponses au bout du fil pour les plus jeunes

[Niger] Mobile phones are booming across west Africa. [Date picture taken: 11/15/2005] Alhassan Sillah/IRIN
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Il a eu des relations sexuelles non-protégées, il risque d’avoir été contaminé au VIH/SIDA mais il refuse de se faire dépister : anxieux, le jeune homme écoute, de l’autre côté du téléphone, les conseils prodigués par l’animateur. Les professionnels de la santé qui se relaient, trois après-midis par semaine, au standard de la ligne verte-sida de la capitale du Sénégal, connaissent bien ces cas de figure, somme toute assez fréquents : ils sont formés pour y répondre, de façon fiable et précise. "Ce sont surtout les jeunes qui appellent. C'est notre principale cible car ils n'ont pas accès à l'information sur le VIH : ils ne peuvent pas aller dans un centre de santé poser des questions à un adulte", a expliqué à PlusNews le docteur Ibrahima Lamine Diop, qui coordonne le Projet de prévention des Infections sexuellement transmissibles/Sida en milieu rural au Sénégal (PISR). “La mentalité sénégalaise ne le permet pas”, a-t-il ajouté. Ainsi pour cette femme, rejetée par sa belle famille qui avait deviné son statut positif : ayant décidé de porter plainte, elle a d’abord appelé la ligne verte pour demander conseil. Depuis septembre 2004, le PISR finance la ligne verte, ouverte pour répondre aux besoins d’information, d’intimité et d’anonymat des populations, confrontées aux conséquences de l’épidémie de VIH/SIDA qui se généralise dans ce pays sahélien. Bernard Taverne, un anthropologue français de l'Institut de recherche sur le développement (IRD) à Dakar, a souligné l'importance de préserver l'anonymat des personnes affectées ou en quête d’information sur les modes de contamination du virus. “Au Sénégal, comme dans beaucoup d'autres pays, les normes sociales codifient ce qui doit être fait en matière de sexualité”, a-t-il analysé. “Or, le sida est considéré comme la maladie des personnes qui ne respectent pas la norme sociale.”. M. Taverne a expliqué que, le discours stigmatisant étant très fort dans la société sénégalaise, se présenter dans un centre de santé pour un dépistage devient dangereux, car cela suppose que l’on se reproche quelque chose, que l’on n’est plus vierge. “Dans ce contexte, où les gens ont peur d'être condamnés par leur famille, l'anonymat est une question essentielle”, a dit M. Taverne. A partir du moment où la ligne a été ouverte aux téléphones mobiles, en mai 2005, le nombre d’appels a été multiplié par cinq en quelques semaines, passant de quatre à 20 par jours, a expliqué Ibrahima Bodian, l’un des deux animateurs de la ligne, basée dans un centre de santé de Mbour, une ville au … de Dakar. Selon M. Bodian, 75 pour cent des appels proviennent de jeunes gens âgés de 10 à 25 ans. “On voyait mal ces jeunes appeler depuis le salon familial pour parler du sida. En revanche, la plupart d’entre eux ont accès à un téléphone portable”, a-t-il commenté. Les plus jeunes appellent pour se renseigner, même s'ils n'ont pas encore eu de rapports sexuels, a-t-il raconté. En général, ils ont eu vent du numéro dans les classes de sensibilisation à l'école et s’intéressent aux manifestations de la maladie et à ses modes de propagation. Mais la plupart d’entre eux, a expliqué Ibrahima Bodian, “demande des informations sur le préservatif, sur le mode de contamination du virus, sur le dépistage mais aussi sur la façon de vivre des personnes vivant avec le VIH”. Une assistance limitée Les animateurs de la ligne encouragent systématiquement les gens à se rendre dans un centre de dépistage et si nécessaire les orientent vers une prise en charge thérapeutique. “On explique les avantages du dépistage, que l'on soit séronégatif ou séropositif”, a poursuivi M. Bodian, qui s’est félicité de pouvoir convaincre la plupart de ses interlocuteurs du bien-fondé des conseils qu’il prodigue. En 2004, selon le ministère sénégalais de la Jeunesse, la majorité des personnes qui sont allées faire le test de dépistage du VIH au Sénégal était des jeunes de moins de 25 ans, une ‘victoire’ qui reste relative, 3 500 personnes s’étant faites dépistées cette année-là. Selon la dernière étude sentinelle, le taux de prévalence du VIH parmi des femmes enceintes de moins de 49 ans se rendant en consultation prénatale était de 1,5 pour cent en 2004. Les résultats de la dernière enquête nationale, publiés en septembre et fondés sur un échantillon plus large de population, ont évalué ce taux à 0,7 pour cent. Selon l'EDS, 50 pour cent des nouvelles infections concernaient des jeunes âgés de 15 à 24 ans, ce qui prouve les limites de cette forme d’assistance, a admis M. Bodian. Il a aussi cité l’exemple d’un couple séropositif, incapable de s’avouer mutuellement leur statut, mais qui continue à avoir des relations sexuelles non protégées – une pratique qui entraîne des surinfections qui peuvent être plus compliquées à traiter. “Dans ces cas-là, nous essayons de négocier avec eux pour leur expliquer les avantages de se révéler et de se protéger”, a expliqué Ibrahima Bodian, car, a ajouté le docteur Diop, “nous n'avons pas le droit légal de forcer les gens à révéler leur séropositivité à leur conjoint”. Si leurs interlocuteurs veulent en savoir davantage, rencontrer les animateurs ou se rendre dans un centre de prise en charge, les responsables de la ligne verte se tiennent à leur disposition – ils les encouragent d’ailleurs à surmonter leurs craintes, a insisté M. Bodian. “On a à notre disposition des documents qu'on peut consulter et qu'on peut faire consulter aux personnes qui décident de franchir le pas, de sortir de l'anonymat et de venir nous voir au centre de santé.”

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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