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“Nous négliger, c’est négliger une partie de la famille africaine” – MSM

[Senegal] Gays begin to organise but face social and religious taboos. IRIN
Rejeté pour cause d’homosexualité, Doudou a dû fuir la haine de sa famille. Elle n’aurait pas accepté sa séropositivité.
Il n’y aura pas de progrès dans la lutte contre le sida sur le continent tant que les sociétés et les gouvernements africains refuseront de reconnaître l’existence et les besoins spécifiques de prise en charge des homosexuels, selon des représentants de cette communauté. “Toutes les études menées sur le continent ont montré que les programmes de lutte contre le sida pour les MSM [Men having sex with men, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes] étaient inadaptés, voire inexistants”, a dit un représentant de l’Alliance Rights Nigeria (ARN), un réseau nigérian de défense des droits des homosexuels. Ce responsable s’exprimait lors d’une table-ronde organisée dans le cadre de la 14ème Conférence sur le sida et les maladies sexuellement transmissibles, la Cisma, qui se tient du 4 au 9 décembre à Abuja, la capitale du Nigeria. Pourtant, a-t-il ajouté, ces mêmes études ont aussi prouvé que le risque d’infection au VIH parmi les MSM était particulièrement élevé, tandis que les taux d’utilisation du préservatif et le niveau de connaissances sur le VIH/SIDA et les infections sexuellement transmissibles (IST) étaient, à l’inverse, particulièrement bas. Dans la mesure où de nombreux gouvernements refusent toujours de reconnaître l’existence de l’homosexualité -- ou l’éventualité que des personnes du même sexe aient des relations sexuelles --, peu de statistiques sont disponibles concernant les taux de prévalence du VIH parmi la population des MSM, notamment en Afrique, ont noté plusieurs participants à la table-ronde. Une crise ignorée Mais selon un représentant de la International Gay and Lesbian Human Rights Commission (IGLHRC), une organisation basée aux Etats-Unis, “des indications fortes montrent que les taux d’infection au VIH chez les MSM sont en moyenne quatre à cinq fois supérieurs à ceux qui prévalent parmi le reste de la population”. Au Sénégal, le taux de prévalence parmi les MSM s’élevait à 21,5 pour cent en 2004, contre 1,5 pour l’ensemble de la population, selon le Conseil national de lutte contre le sida. “C’est une véritable crise qui continue à être totalement ignorée par la plupart des gouvernements africains et par la majorité des programmes internationaux de lutte contre le sida”, a déploré le délégué de l’IGLHRC. Le degré de stigmatisation des MSM étant très élevé, de nombreux membres de cette communauté n’affichent pas ouvertement leurs préférences sexuelles et vivent dans l’ombre, pour éviter d’etre harcelés, voire condamnés, ont noté plusieurs intervenants. Car l’homosexualité constitue toujours un crime aux yeux de nombreuses législations africaines. Au Nigeria par exemple, les actes considérés comme “contre nature”, tels que la sodomie, sont punis par la loi fédérale d’une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans d’emprisonnement. Dans les 12 Etats du nord du pays régis par la Chari’ah, la loi islamique, les auteurs de ces mêmes actes sont passibles de la peine de mort. Résultat, 40 pour cent des MSM au Nigeria sont des hommes mariés, selon l’ARN, d’où la nécessité de les prendre en compte dans les programmes de lutte contre le sida, au même titre que le reste de la population. “La reconnaissance du droit inaliénable de tous les individus à avoir accès aux plus hauts standards de santé sexuelle est la clé de la prévention du VIH et de la réussite des efforts déployés pour limiter l’impact du sida en Afrique”, a estimé l’organisation nigériane. Des résultats effrayants Citant une étude menée à Kampala, en Ouganda, sur financement de la fondation Ford, un participant à la table-ronde a souligné qu’en l’absence de campagnes de sensibilisation destinées spécifiquement aux MSM, la conscience du risque d’infection au VIH parmi cette communauté était très faible, voire inexistante dans le cas des WSW (Women having Sex with Women, les femmes ayant des relations sexuelles avec les femmes). “Les WSW interrogées étaient convaincues qu’elles ne pouvaient pas avoir d’IST ou être infectées au VIH”, a-t-il dit. “Il est vraiment important que les femmes qui ont des relations sexuelles avec d’autres femmes ne se considèrent pas comme étant à l’abri du sida”. Mais pour cela, il faut que des programmes spécifiques pour les MSM et les WSW soient mis en place, afin de permettre à ces communautés d’avoir accès à des soins et à un soutien appropriés, ce qui est loin d’être le cas. Une étude menée au Ghana sur les MSM en 2002 a révélé “des résultats effrayants”, a raconté un intervenant ghanéen du projet MSM HIV/AIDS Intervention, financé par l’agence américaine Usaid. “Mais le gouvernement et même les media ont refusé de croire que nous existions et quand nous avons cherché un médecin pour offrir des consultations spéciales pour les MSM, personne n’a voulu participer”, a-t-il ajouté. Un jeune Camerounais a par ailleurs témoigné que lorsqu’il avait voulu créer une association pour les MSM, les autorités de son pays avaient refusé de l’enregistrer. Dans la mesure où “cette conférence a pour thème le sida et la famille, nous devons utiliser cette opportunité pour encourager les gouvernements de nos pays amis africains à ne pas nous négliger”, a dit Patrick, de Support Project in Nigeria, qui défend les droits des MSM. “Nous négliger, c’est négliger une partie de la famille africaine”. “Nous avons vraiment besoin de parler ouvertement et de nous engager”, a conclu une intervenante kenyane. “J’espère que nous resterons tous mobilisés et puisque la Cisma veut parler de résultats, nous ne devons pas nous contenter d’évoquer les problèmes”.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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