1. Accueil
  2. Africa
  3. DRC
  • News

Sans professionnels de santé, la lutte contre le sida est compromise – étude

[Cote d'Ivoire] Sick children in a clinic run by Catholic nuns in the rebel north. IRIN
C'est dans la moitié nord du pays que la pénurie de professionnels de la santé est la plus critique
La Côte d’Ivoire pourrait ne pas atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée pour lutter contre le sida si rien n’est fait pour remédier à la pénurie grandissante de professionnels de la santé du secteur public, selon une étude publiée cette semaine. Cette étude, menée par l’organisation Partners for health reformplus basée aux Etats-Unis, est une enquête sur les ressources humaines dans le secteur de la santé en Côte d’Ivoire. Elle se fonde sur des documents officiels et des rencontres avec les ministres ivoiriens de la Santé et de la Lutte contre le sida, ainsi que des partenaires internationaux. Le ratio entre professionnels de la santé et ensemble de la population a longtemps été bon en Côte d’Ivoire, comparé aux autres pays d’Afrique de l’Ouest, ont dit les auteurs de l’étude. Mais la tendance aujourd’hui est inquiétante, ont-ils noté, car elle montre que la pénurie de ces professionnels, des infirmières jusqu’aux techniciens de laboratoire, est de plus en plus critique dans le secteur public, face à une demande de plus en plus forte. La Côte d’Ivoire affiche l’un des taux de prévalence du VIH les plus élevés de la région. Selon les Nations unies, ce taux se situait à sept pour cent fin 2003, mais les travailleurs humanitaires sur le terrain estiment que ce taux pourrait être beaucoup plus élevé, au-delà de 10 pour cent, notamment dans le centre et le nord du pays. Dans ces régions de la moitié nord du pays, contrôlée par la rébellion –le sud étant aux mains des partisans du président Laurent Gbagbo- depuis que l’éclatement du conflit civil en 2002 a coupé le pays en deux, la majorité des structures de santé ont été détruites ou pillées. En 2004, 70 pour cent des structures sanitaires du pays ne fonctionnaient plus, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une demande de soins en hausse, une offre en baisse Un plan national de lutte contre le sida élaboré en 2002 a produit des résultats «encourageants, mais les progrès restent inadéquates étant donné la propagation de l’épidémie», ont relevé les auteurs de l’étude. En juin 2004, seules 18 structures de santé et trois organisations non-gouvernementales offraient des services de dépistage volontaire et de conseils (CDV) sur l’ensemble du territoire. En février 2005, seuls 16 des quelque 1 381 centres de santé du pays offraient des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME). Le nombre croissant de projets destinés à soutenir les personnes vivant avec le VIH implique la nécessité de recruter davantage de travailleurs de la santé. Pourtant, les tendances actuelles montrent que le nombre total de ces professionnels est au contraire en baisse, a dit le rapport. En 1996, pour faire face au déclin économique et aux mesures d’ajustement structurelles réclamées par les institutions de Bretton Woods, le gouvernement ivoirien a instauré le passage d’un examen pour toute embauche dans le secteur public, afin de restreindre le recrutement de fonctionnaires. Aujourd’hui, moins de la moitié du nombre de professionnels de la santé requis -soit environ 40 pour cent- a rejoint les rangs des fonctionnaires du ministère de la Santé, selon les statistiques de Partners for Health reformplus. «Au moment même où le système de santé est incapable de recruter en fonction de ses besoins, le chômage des médecins, des techniciens de laboratoire et des pharmaciens est élevé», a dit l’organisation. Paradoxalement, de nombreux nouveaux diplômés du secteur de la santé restent sans emploi parce qu’ils ne réussissent pas l’examen d’entrée dans l’administration. Sur les 312 médecins diplômés en 2004, seuls 117 ont été recrutés par le secteur public de la santé. Les 195 autres sont au chômage ou travaillent dans le secteur privé. Un problème similaire existe pour les dentistes et les pharmaciens. Les infirmières constituent la seule exception notoire, avec près de 90 pour cent des diplômées embauchées dans le secteur public, a dit l’étude. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme affiche l’objectif de fournir des traitements antirétroviraux (ARV) à 25 000 personnes nouvellement infectées au VIH d’ici 2008. Le Plan d’urgence du président américain George Bush contre le sida, le Pepfar, veut fournir ces traitements qui améliorent la vie des personnes vivant avec le VIH à 77 000 patients, également à l’horizon 2008. De plus en plus difficile de traiter le sida Mais le rapport s’interroge sur la capacité de la Côte d’Ivoire à atteindre ces objectifs étant donné la forte croissance de la demande de soins en général, et la pénurie «critique» de personnels de la santé qualifiés. De plus, la Côte d’Ivoire souffre d’un exode massif de professionnels de la santé. Un quart de ses infirmières et un cinquième de ses médecins ont quitté le secteur public en 2002. La pénurie est aggravée par le départ à l’étranger de centaines de travailleurs de la santé, notamment des infirmières, qui trouvent un emploi dans d’autres pays. Par conséquent, en 2008, la Côte d’Ivoire «ne sera pas capable de maintenir des services de santé de base et il deviendra de plus en plus difficile de fournir des services VIH/SIDA», ont prévenu les auteurs. Ils ont aussi constaté une très forte disparité entre le nombre de travailleurs de la santé à Abidjan, la principale ville ivoirienne située dans le sud du pays, et le reste du pays. Au cours des premiers mois de la guerre civile, la plupart des médecins et des infirmières qualifiées ont fui les régions du nord et de l’ouest pour se réfugier dans la moitié sud du pays. Selon les dernières statistiques officielles, près de 80 pour cent des travailleurs sociaux et environ la moitié des infirmières du pays travaillent aujourd’hui dans la région d’Abidjan. Et le déséquilibre pourrait se maintenir pendant plusieurs années. «Il se peut qu’Abidjan constitue un asile temporaire [pour les personnels du nord], mais il n’est pas certain que ces travailleurs de la santé voudront retourner à leur poste d’affectation dans leurs régions d’origine si le conflit civil prenait fin», ont averti les auteurs. Pour faire face à la pénurie, Partners for Health Reformplus recommande au gouvernement de développer de nouvelles stratégies pour motiver les travailleurs de la santé. «Des mesures urgentes et énergiques devraient être mises en place» pour mettre fin à la pénurie de personnels qualifiés, tandis que l’institut national pour la formation des travailleurs de la santé devrait envisager d’admettre davantage d’étudiants.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join