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La famille, meilleur remède pour lutter contre le VIH

[Cote d'Ivoire] Lydie Akesse, 35, is HIV-positive and vice-president of the main Ivorian association of women living with AIDS. May 2005. IRIN
Lydie Akesse s'est engagée à donner un visage au sida en Côte d’Ivoire
Lorsque Lydie s’est retrouvée paralysée à cause des effets secondaires du traitement qu’elle prenait contre le sida, Polt Akesse, son mari, a quitté son emploi et monté sa propre société pour avoir le temps et les moyens de mieux prendre soin de sa femme. «Il fallait qu’elle sache que je la soutiendrais tout le temps qu’il faudrait», a simplement expliqué ce cadre d’une entreprise locale, âgé d’une quarantaine d’années. La vie du couple a radicalement changé quand en 2000, plus de trois ans après avoir appris qu’elle était séropositive et commencé à prendre des antirétroviraux (ARV), ces médicaments qui prolongent l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH, Lydie s’est réveillée un matin, paralysée des quatre membres. Cette paralysie appelée neuropathie, une affection du système nerveux, est un effet secondaire à long terme du médicament qu’elle prenait pourtant sans problèmes depuis trois ans. Alitée, Lydie est obligée d’abandonner son poste d’assistante de direction. Pour rester au chevet de sa femme, Polt, associé dans une entreprise de tuyauterie d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, décide également de démissionner. «Je devais la laver, la coucher, lui donner à manger», s’est-il souvenu. «Je n’avais plus le temps d’aller travailler». D’autre part, son salaire de 300 000 francs CFA (550 dollars) par mois ne lui permet plus de subvenir aux besoins de la famille tout en payant les soins que nécessite l’état de son épouse. «Je devais faire une séance de massage par semaine pour recouvrer l’usage de mes membres», a expliqué Lydie. «La séance coûtait 50 dollars, sans compter les produits de massage à acheter, et cette rééducation en kinésithérapie a duré un an». Polt Akesse décide donc de créer sa propre société «pour gagner plus d’argent et faire face à toutes les dépenses». Une initiative qui, depuis, s’est avérée fructueuse, «au-delà de mes espérances», a-t-il avoué. Son entreprise de tuyauterie, destinée au départ à fournir le marché local, s’apprête aujourd’hui à exporter ses services dans les pays de la région. Un époux attentif Pendant l’année qui suit sa rééducation, Lydie doit marcher avec des béquilles, suscitant l’inquiétude de sa belle-famille. Mais Polt, qui est toujours séronégatif, ne répond pas à leurs multiples questions, estimant que cette situation ne regarde que son épouse et lui. «Je n’ai rien dit ni à ma famille, ni à mes amis», a-t-il dit. «Mêmes les employés de mon entreprise ne savent pas, pourtant il y en a qui sont séropositifs et à qui j’apporte mon soutien». «Quand [ses proches] posaient trop de questions, il leur disait de venir me demander», a raconté Lydie. «Ils soupçonnent que j’ai le VIH, mais personne n’est jamais venu me poser la question». Lorsqu’il s’agit de parler de son couple, cette mère de trois enfants ne tarit pas d’éloge sur son mari et lui attribue en grande partie sa volonté de remporter son combat sur la maladie. «Mon mari veille toujours à ce que je prenne régulièrement mes [ARV]», a-t-elle dit. «Quand il doit sortir avant mon réveil, il demande à la femme de ménage de me le rappeler». Lorsque Lydie a appris sa séropositivité en 1997, à 27 ans, il lui a fallu trois mois pour trouver le courage de l’annoncer à son mari, une révélation qu’elle reconnaît avoir mise en scène. Un matin, s’est souvenu Polt, le patron de sa femme l’a appelé en lui demandant de venir d’urgence, Lydie étant en larmes. «Je croyais qu’elle venait de perdre un parent», a-t-il dit. Mais lorsqu’ils arrivent à leur domicile et que Lydie révèle à son mari qu’elle est séropositive, ce dernier n’hésite que quelques instants. «Il m’a jetée sur le lit et m’a fait copieusement l’amour sans préservatif», a raconté Lydie. «C’était ma manière à moi de lui dire que rien n’avait changé et que je l’aimais encore, que nous nous étions mariés pour le meilleur comme pour le pire», a simplement dit Polt. Aujourd’hui encore, il arrive au couple d’avoir des rapports sexuels non protégés, faisant courir le risque à Polt d’être infecté au VIH. «Parfois je me dis que je dois faire l’amour à ma femme et je n’utilise pas de préservatif», a t-il expliqué. «C’est quand je n’ai aucun état d’âme et que je me sens bien dans ma peau». C’est ainsi qu’ils ont conçu leur deuxième enfant, un garçon aujourd’hui âgé de près de deux ans, qui, grâce au programme de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, est séronégatif. Leur fille aînée, âgée de neuf ans, est également séronégative. Lydie veut croire que le fait que son mari soit toujours séronégatif en dépit de leur prise de risque est en partie lié aux longs préliminaires avant l’acte sexuel, qui contribuent, selon elle, à limiter les risques de lésions cutanées. «Si on fait l’amour en douceur, il n’y a pas de déchirures», a-t-elle affirmé. La famille unie pour lutter contre le VIH Si Lydie a mis trois mois pour informer son mari de son statut sérologique, en revanche il lui a fallu près de huit ans pour l’avouer à Aristide, son fils aîné, né d’une première union. «C’était il y a six mois», s’est souvenu l’adolescent aujourd’hui âgé de 17 ans. «Un jour [ma mère] était très fâchée contre moi, alors elle me l’a dit». Excédée par les mauvais résultats scolaires et le peu d’efforts fournis par le jeune homme, qui ne vit pas avec sa mère mais à qui elle paie des études dans une école privée d’Abidjan, Lydie craque. «[Ma mère] m’a dit : ‘j’ai le sida et je me bats pour rester en vie, mais toi avec tout l’argent que je te donne, tu ne penses qu’à t’amuser!’», a-t-il raconté. «Ca m’a fait un choc et j’ai pleuré pendant longtemps. Je croyais que seules les prostituées pouvaient avoir le sida». Aristide ne se doutait de rien, pourtant il se rendait régulièrement aux réunions d’adolescents organisées chaque mois par Amepouh, ‘Nous vaincrons’ en langue guéré, l’une des plus anciennes associations de femmes vivant avec le VIH/SIDA en Côte d’Ivoire, dont Lydie est aujourd’hui la vice-présidente. «Je me disais que ma mère s’intéressait au VIH mais je ne pensais pas qu’elle était elle-même infectée», a-t-il dit. Depuis, Aristide dit avoir changé, et ses résultats scolaires sont beaucoup plus satisfaisants. «Je suis devenu très conscient, et je sais que je ne peux plus me permettre de perdre mon temps». Son seul regret, c’est qu’on lui ait caché la situation aussi longtemps. «J’aurais pu être aux petits soins pour maman mais comme je ne savais pas ce qu’elle avait, j’était tout le temps dehors au moment où elle souffrait», a dit le jeune homme avec un air triste. Maintenant qu’il sait, Aristide, qui ne s’est jamais fait dépister au VIH, dit faire très attention à ne pas être infecté, comme le lui conseille sans cesse sa mère. Il se dit convaincu que sa mère remportera son combat contre le sida. «J’ai confiance en elle, je sais que c’est une battante», a-t-il dit. «Elle dit que ce n’est pas le VIH qui la tuera, et je la crois».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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