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Les visites à domicile favorisent le dépistage du VIH

[Central African Republic (CAR)] Busy street in Bangui, capital of the Central African Republic. IRIN
Les antirétroviraux ne sont disponibles que dans la capitale Bangui, et notamment chez les ‘Amis d’Afrique’
Les visites effectuées au domicile des personnes vivant avec le VIH pour leur prodiguer soins et soutien incitent parents et voisins à aller se faire dépister au VIH, a constaté une organisation centrafricaine. «On constate une forte mobilisation de l’entourage de la personne à qui l’on rend visite à domicile pour aller se faire dépister au VIH», a dit à PlusNews le docteur Richard Mamadou Betchem, le coordinateur de l’organisation ‘Amis d’Afrique’. M. Betchem était l’un des participants à la troisième conférence de l’Alliance africaine pour la recherche sur les aspects sociaux du VIH/SIDA (SAHARA, en anglais), qui s’est tenue du 10 au 14 octobre dans la capitale sénégalaise. «Non seulement on parle avec les proches du patient, on leur apporte un soutien psychologique et nutritionnel, mais ils voient aussi que leur parent est soulagé et qu’il se porte mieux, ça les encourage à faire la démarche [du dépistage du VIH]», a-t-il expliqué. Un constat qui ne se limite pas à la famille du malade, car lorsque les habitants du quartier constatent l’amélioration de l’état de santé de leur voisin, «ils viennent d’eux-mêmes demander des informations sur le virus ou nous signaler qu’ils ont aussi un malade chez eux», a dit M. Betchem. Encouragés par l’aide alimentaire et les conseils de l’équipe médicale, ils se rendent ensuite plus facilement dans les centres de dépistage du VIH, a-t-il ajouté. Grâce à l’appui de ses partenaires, Amis d’Afrique a distribué 4,5 tonnes de nourriture en 2004, selon M. Betchem. Il y a huit ans, lorsque l’organisation a initié ce projet de visite à domicile des personnes infectées au VIH, trop faibles et trop pauvres pour se rendre à l’hôpital, rares étaient celles qui osaient demander ses services, s’est souvenu ce médecin. Les malades préféraient rassembler leurs dernières forces et leurs dernières économies pour se rendre à l’hôpital plutôt que de faire appel à ce service, parfois par peur que l’inscription «Projet de lutte VIH/SIDA» peinte sur les ambulances n’attire les regards de leur communauté. Mais avec la propagation alarmante de l’épidémie dans ce petit pays de moins de quatre millions d’habitants, déchiré par plusieurs années de conflits civils, l’organisation est aujourd’hui submergée par les demandes. En 2004, ses équipes n’ont pu répondre aux 1 390 appels et n’ont pu effectuer que 658 visites fois sur le terrain ; 169 personnes ont été évacuées vers des centres hospitaliers. Des situations de grande détresse Selon les autorités centrafricaines, le taux d’infection au VIH s’élèverait aujourd’hui à 15 pour cent de la population adulte, et au-delà de 16 pour cent dans la capitale Bangui. Les Nations unies estimaient ce taux de prévalence à 13,5 pour cent fin 2003, ce qui fait de la Centrafrique le pays d’Afrique centrale le plus touché par l’épidémie. Trois fois par semaine, une équipe des ‘Amis d’Afrique’ composée d’un médecin, d’un psychologue et d’un nutritionniste part faire sa tournée dans les quartiers populaires de la capitale. Les situations que ces professionnels de la santé découvrent illustrent la détresse de la majorité des personnes vivant avec le VIH en Centrafrique, l’un des pays les plus pauvres de la planète. Des patients, dont certains ayant atteint la phase terminale de la maladie, vivent dans de petites huttes sans eau ni électricité, sans nourriture, tellement faibles qu’ils ne peuvent plus se lever. Quelquefois, ils sont totalement livrés à leur sort. «Je me souviens d’un homme dont personne ne s’occupait, il n’avait plus la force de se tenir debout et ne s’était pas lavé depuis un mois», a raconté M. Betchem. «Nous avons aussi découvert un homme que sa femme avait quitté à l’annonce de sa séropositivité en lui laissant plusieurs jeunes enfants, les enfants n’allaient plus à l’école, ils avaient faim», a-t-il raconté. Les équipes médicales sont aussi confrontées au problème de l’automédication de patients qui, se sachant infectés, veulent éviter de se rendre dans un centre de santé, aggravant ainsi leur état de santé en prenant des médicaments inadaptés. Dans la mesure du possible, chaque malade reçoit quatre visites par mois, jusqu’à ce qu’il soit sur pied et puisse se rendre au centre pour suivre ses soins, et ainsi laisser sa place à une autre personne, a expliqué le coordinateur de l’organisation. Une majorité de femmes Plus de trois quarts des personnes visitées sont des femmes. Parmi elles, 69 pour cent ont entre 18 et 30 ans, ce qui confirme les tendances constatées par le Centre national de référence des infections sexuellement transmissibles en 2002. Selon cette étude, pour chaque garçon de 15 à 24 ans infecté au VIH, cinq filles sont également infectées au VIH dans la même tranche d’âge. Certaines de ces femmes ont été infectées au VIH après avoir été violées pendant les combats des dernières années. Les ‘Amis d’Afrique’ accueillaient et soutenaient trois de ces victimes, jusqu’à ce que l’une d’entre elles décède il y a quelques jours, a dit M. Betchem. Ces années émaillées de coups d’Etat et d’affrontements entre factions armées, au cours desquels l’organisation s’est faite voler ses véhicules, piller son centre de d’accueil et séquestrer certains de ses membres, ont failli conduire à la suspension des financements extérieurs -- des privés et des institutionnels japonais. Mais le nombre grandissant de demandes de la part des personnes en souffrance a fini par convaincre les bailleurs de fond de continuer à soutenir l’organisation. Face à la propagation alarmante du virus dans le pays, la Centrafrique a obtenu en 2003 un financement de 25 millions de dollars sur cinq ans du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Sur les quelque 700 patients, tous à Bangui, qui reçoivent aujourd’hui des antirétroviraux (ARV) grâce à ce financement, 75 sont suivis par le centre de traitements et de dépistage des ‘Amis d’Afrique’, installé dans le quartier populaire de Boy-rabe dans la capitale. La demande de traitements est cependant loin d’être satisfaite, a dit M. Betchem. En plus des patients du Fonds mondial, qui bénéficient des ARV gratuitement ou pour 2 000 francs CFA (environ quatre dollars) par mois, 50 personnes reçoivent des ARV au centre, qu’elles achètent près de 30 000 francs CFA (50 dollars) par mois. Or, sur 12 000 patients recensés par ce centre, qui bénéficie d’un financement de la fondation américaine Melinda et Bill Gates, 1 300 sont éligibles à un traitement ARV. Confrontée, dans le cadre de ses visites à domicile à des situations humanitaires dramatiques, l’organisation, après de longues hésitations, a décidé exceptionnellement de prendre en charge 10 personnes à qui elle fournit gratuitement des ARV, qui prolongent et améliorent leur espérance de vie. «C’est une décision difficile, car il faut pouvoir être certain d’assurer la pérennité du traitement, on ne peut pas commencer à financer et s’arrêter», a expliqué M. Betchem. Une fois commencé, un traitement antirétroviral ne peut être interrompu au risque que le patient développe des résistances qui rendront les médicaments inefficaces. «Nous offrons donc cette opportunité à des personnes qui ont un ‘potentiel’, c’est-à-dire qui, une fois remis sur pied, auront la capacité de retravailler et de se prendre en charge financièrement au cas où l’organisation ne pourrait plus… pour être sûr que le traitement ne sera pas interrompu», a-t-il conclu.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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