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La stigmatisation ne faiblit pas malgré la mise à disposition des traitements

Map of Ghana
Bien que de plus de plus de personnes vivant avec le sida reçoivent des antirétroviraux au Ghana, des milliers d’entre elles continuent de dissimuler leur statut, de crainte d’être rejetées par leur entourage, selon des travailleurs humanitaires. Depuis 2004, les autorités ghanéennes subventionnent largement l’achat des traitements qui prolongent l’espérance de vie des personnes séropositives, grâce à un financement de 15 millions de dollars américains accordé en 2004 par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette année, six millions de dollars supplémentaires ont été puisés dans les caisses de l’Etat pour pérenniser des subventions qui permettent à quelque 2 600 Ghanéens de recevoir des antirétroviraux (ARV). «Désormais les patients ont facilement accès aux traitements, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Certains patients, qui étaient sur le point de mourir, sont aujourd’hui en bonne santé et sont en mesure de vaquer à leurs occupations quotidiennes», a déclaré à PlusNews Eric Pwadura, de la Commission ghanéenne de lutte contre le sida (Ghana AIDS Commission – GAC). Jamais un si grand nombre de patients n’avait eu accès aux ARV au Ghana. Pourtant, les personnes vivant avec le VIH/SIDA éprouvent encore des difficultés à trouver du travail, un logement, mais aussi à conserver de bonnes relations avec leurs amis ou leur famille, selon Kakra Ankobiah, directeur de programmes à la Fondation de lutte contre le sida en Afrique de l’Ouest (West African AIDS Foundation – WAAF). La WAAF dirige un centre de traitement et de soins pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA. La fondation a également mis en place des programmes de proximité à Accra, la capitale ghanéenne. «Les ARV permettent à un plus grand nombre de patients de rester en vie… mais personne ne veut leur donner un travail. Les propriétaires et les autres locataires expulsent ou marginalisent ceux qui révèlent leur sérologie. Notre société n’a pas encore résolu ce type de problèmes», a déclaré M. Ankobiah. Selon les estimations de la GAC, environ 90 pour cent des Ghanéens savent ce qu’est le VIH/SIDA. Pourtant, les responsables de la santé publique admettent que la stigmatisation des personnes vivant avec le virus reste le principal défi à relever. «L’épidémie de stigmatisation, de discrimination, d’accusations et de déni collectif fait obstacle à toute intervention préventive visant à éradiquer l’épidémie de VIH», a déclaré à PlusNews Sakyi Awuku Amoa, le président de la GAC. Selon M. Awuku Amoa, les précédentes campagnes d’information sont en partie responsables de ce phénomène : elles étaient trop axées sur le lien alarmant qui existe entre le sida et la mort. Mais en permettant aux personnes vivant avec le VIH/SIDA de se procurer un traitement, on fait en sorte qu’elles puissent conserver leur emploi et ne pas dépendre de leur famille. A en croire les patients et les professionnels de la santé, cela contribue largement à la lutte contre la stigmatisation. «Tout dépend des moyens financiers dont nous disposons pour subvenir à nos besoins et à ceux de notre famille, pour avoir notre propre logement sans craindre d’être expulsés», a expliqué Haruna, un enseignant séropositif de 38 ans. Haruna n’aurait jamais eu les moyens de se procurer des médicaments sans les subventions de l’Etat, qui lui permettent d’obtenir des antirétroviraux pour la modique somme de 50 000 cédis par mois, soit 5,5 dollars américains. Le prix réel de son traitement se chiffre entre 800 et 850 dollars, une somme bien trop élevée pour l’enseignant, qui perçoit un salaire mensuel de 100 dollars. «C’est en permettant aux personnes vivant avec le sida de s’assumer qu’on pourra s’attendre à ce que la plupart acquière assez de confiance en elles pour pouvoir dévoiler leur sérologie au grand jour», a poursuivi Haruna. Malgré les progrès réalisés… mieux vaut se taire A Roman Ridge, une banlieue boisée de la capitale, les responsables de l’établissement de la WAAF pensent qu’une majorité de leurs patients ont été rejetés par leurs familles, qui n’ont pas les moyens de s’occuper d’eux. «L’établissement ne dispose que de 20 lits et lorsque tous les lits sont occupés, on peut estimer qu’environ 70 pour cent des patients admis ont été abandonnés chez nous par leurs proches. Les familles reviennent ensuite, après le décès du patient, pour récupérer et enterrer le corps», a déclaré M. Ankobiah. «Mais la situation s’améliore petit à petit. Les familles commencent à mieux accepter l’état de leurs proches», a expliqué M. Ankobiah, dont la clinique fournit des traitements gratuits après le règlement des frais d’inscription, qui s’élèvent à 30 000 cédis, soit 3,3 dollars américains. Néanmoins, pour Déla, une enseignante de 38 ans qui vit avec le sida et bénéficie elle aussi du traitement subventionné, il serait impensable de dévoiler son statut. Selon la jeune femme, qui dirige sa propre crèche, parler de la maladie nuirait à ses affaires. «Je ne pense pas que ce soit le moment pour moi de dévoiler mon statut. Cela pourrait avoir des répercussions négatives», a-t-elle expliqué. Il y a un an et demi, lorsque Déla a découvert qu’elle était séropositive, sa propre soeur a incité leurs voisins à retirer leurs enfants de l’école, affirmant que Déla avait le sida. Mais grâce aux ARV, qui lui ont permis de rester active, les gens se sont tus. «La rumeur allait bon train notamment lorsque j’ai commencé le traitement antirétroviral parce qu’au début, je perdais du poids. Mais maintenant, tout cela ne me dérange plus. Je sais que j’ai attrapé le virus et je dois vivre avec. Heureusement, j’ai toujours été mince et, comme je fais ce que j’ai à faire comme n’importe qui d’autre, les rumeurs ont fini par se dissiper », a déclaré Déla à PlusNews. Selon Déla, Afua, une vendeuse de produits alimentaires âgée de 42 ans qui vivait dans la banlieue d’à côté, n’a pas eu autant de chance. Elle est morte il y a trois ans, juste avant le lancement du programme de subvention. «Lorsque les gens ont réalisé qu’elle avait attrapé le virus, ils ont cessé d’acheter chez elle et elle a dû vivre aux frais de sa vieille mère», a raconté Déla. «Avant sa mort, alors qu’elle devenait de plus en plus faible, ses parents l’avaient consignée dans une pièce séparée. Ils lui avaient donné son propre verre et sa propre assiette et lui interdisaient de s’approcher de la chambre principale».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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