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Le préservatif, un moyen de prévention contre le sida encore marginal

Condom kid. Lovelife
Youth continue to bare brunt of AIDS pandemic, despite existing prevention efforts
Les réticences de nombreux Tchadiens vis-à-vis du préservatif, encore trop peu utilisé, ont donné lieu à de vifs débats samedi lors d'une réunion organisée sur ce thème par les Eglises évangéliques dans la capitale de ce pays désertique. “Qu’avons-nous fait pour mériter un tel sort ? Hier, nos parents ont fait l’amour sans s’inquiéter. Aujourd’hui, il faut un préservatif pour un homme et un ‘fémédon’ pour une femme pour faire l’amour”, s’est ainsi plaint le jeune Marabay, qui assistait aux discussions. L’entente des églises évangéliques du Tchad, un regroupement de huit églises rassemblant chacune quelque 3 000 fidèles, s’est contentée de prêter le local aux organisations de lutte contre le VIH/SIDA et n’est pas intervenue dans le débat, selon des participants. De plus en plus de jeunes et de moins jeunes utilisent le préservatif au Tchad, un pays pauvre où le revenu moyen par habitant est de 21 dollars par mois. Mais pour des questions de prix (un paquet de trois préservatifs coûte moins de 10 cents) et d’habitudes, son usage reste néanmoins marginal, ont regretté des activistes de la lutte contre le virus. “Cette situation est à mettre sur le compte des rumeurs dues à une insuffisance d’informations sur le préservatif, qui est traité de tous les noms d’oiseaux”, a expliqué Achta Toné Gossingar, ancienne ministre de l’Action sociale et de la Famille et actuelle directrice d’Amasot, l’Association pour le marketing social au Tchad. “Par exemple, j’entends dire que le préservatif contient une substance qui donne la stérilité. C’est une abomination !”, s’est-elle exclamée. “Le préservatif est très utile pour la santé publique des Tchadiens, il sauve des vies humaines !” En dépit des campagnes de sensibilisation organisées par les acteurs de la lutte contre le sida, beaucoup ignorent encore l’importance du préservatif pour se protéger de la contamination au VIH, ainsi que l’a révélé une étude menée en 2004 dans le Mayo Kebbi, l’une des régions rurales du sud-ouest du Tchad. “Lorsqu’un homme possède un préservatif, il refuse de le montrer aux femmes parce que, du coup, celles-ci vont le taxer de ‘sidéen’”, a souligné le rapport, résultat d’une enquête menée par l’Association des jeunes filles du Mayo Kebbi, la région la plus peuplée du pays, près de la frontière avec le Cameroun. Ainsi, la stigmatisation liée au VIH reste très forte au Tchad, et ce malgré un taux de prévalence en constante augmentation. En 2003, 4,8 pour cent de la population adulte était infectée selon le programme conjoint des Nations unies sur le sida, Onusida. Une enquête nationale pour évaluer les comportements en matière de prévention Pour apprécier le taux de pénétration du préservatif dans la société tchadienne, et ainsi mieux combattre la pandémie, les autorités et les organisations non-gouvernementales locales ont dit être sur le point de lancer une vaste enquête nationale. Les premiers questionnaires ont déjà été lancés et les premiers enquêteurs formés, a annoncé le docteur Benjamin Djoudalbaye, chargé de la prise en charge médicale des personnes vivant avec le sida au centre public Al Nadjma de Ndjaména. Selon le Programme national de lutte contre le sida, 1 414 personnes bénéficiaient d’un traitement antirétroviral (ARV) en mars et ce nombre pourrait doubler d’ici 2006 compte tenu de l’engagement du ministère de la Santé publique de prendre en charge 3 000 patients à travers le pays. Un traitement ARV coûte aujourd’hui 5 000 francs CFA par mois, soit environ dix dollars, une fortune qui suffit à détourner de nombreuses personnes des centres de dépistage et des méthodes de prévention. Dans l’assistance, ce samedi, certains ont avoué ne pas apprécier les rapports sexuels protégés. “Une fois, j’ai utilisé le préservatif pour faire l’amour avec ma copine, mais je n’ai rien senti”, a raconté un jeune écolier. “J’étais obligé de l’enlever pour bien jouir.” Pour Achta Toné Gossingar, d’Amasot, “c’est surtout un problème psychologique”. “Le préservatif peut bien provoquer des atténuations de sensations, mais si on a en tête que son ou sa partenaire, alors on vivra les sensations jusqu’au bout.” “Après on peut dormir tranquillement sans avoir dans la tête la crainte d’avoir attrapé une infection ou une grossesse indésirable”, a-t-elle conclu. Les aventures sexuelles de jeunes tchadiens précoces n’étonnent pas plus Toné Gossingar que Béral Mbaikoubou, un artiste aveugle très connu, engagé dans la lutte contre le sida. “La fidélité et l’abstinence, qui demandent de faire un effort sur soi, ne sont pas compatibles avec notre société, aux valeurs sociales en déconfiture : vol, viol, prostitution, mensonge et pauvreté”, a-t-il expliqué à PlusNews. “De nos jours, la fidélité demeure un souvenir, or à l’époque de nos parents la chasteté était une valeur sociale. Les jeunes brisent toutes les valeurs qu’on accordait à la sexualité”, a poursuivi Mbaikoubou. “Aujourd’hui, le préservatif reste le bateau le plus sûr.”

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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