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Le VIH/SIDA, la dernière des priorités dans l'est

[Liberia] There are no counselling or treatment services for residents living with HIV/AIDS in Zwedru, which lies in the heavily-forested north-east of Liberia. Here the priority is getting basic health care up and running again.
IRIN
Un pourcentage important de la population ignore l'existence du VIH, notamment dans les zones rurales
Lorsque les médecins de cette petite ville de l'est du Liberia découvrent qu’un donneur de sang est séropositif, ils se taisent. Il n’y rien d’autre à faire : aucun service de traitement ou de conseil n’existe pour les personnes qui vivent avec le VIH. Quatorze ans de guerre civile ont totalement détruit la majorité des infrastructures du Liberia. La priorité des agences humanitaires internationales et du gouvernement est donc de reconstruire les installations médicales les plus élémentaires. Le VIH/SIDA se trouve inévitablement relégué en fin de liste. «Environ deux donneurs de sang sur dix sont séropositifs. C’est très frustrant de ne pas pouvoir le divulguer aux personnes concernées», explique Karolina Claesson, l’infirmière en chef de Médecins sans frontières-Belgique (MSF) qui dirige l’hôpital de Zwedru. «Mais nous ne pouvons rien faire parce qu’il n’y a pas de service de conseil et de traitement», a-t-elle ajouté. «Si je leur disais, je me sentirais mieux, oui. Mais eux ne pourraient rien faire dans de telles conditions : ils ne pourraient probablement pas en parler à cause de la stigmatisation et ils ne se mettraient pas non plus à utiliser des préservatifs, par crainte d’attirer l’attention». Zwedru n’est pas un cas isolé au Liberia. Selon le Programme national de contrôle du sida (NACP), il n’existe qu’un seul centre de traitement et de conseil hors de la capitale, à Gbargna, une ville du centre du pays. «Il y a un besoin urgent de répondre au besoin de soutien et de soins des séropositifs des régions rurales», a dit à PlusNews Lwopu Bruce, numéro deux du NACP basé à Monrovia. «C’est une préoccupation majeure». Personne ne connaît l’ampleur exacte de l’épidémie de VIH au Liberia. Selon les dernières estimations d’Onusida, le taux de prévalence au sein de la population adulte serait de 5,9 pour cent. Mais ce chiffre date de 2003 : à l’époque, la guerre touchait à sa fin, et de violents combats rendaient encore inaccessibles une grande partie du pays. Zwedru a été jadis le bastion du Mouvement pour la démocratie au Liberia (Model), un des deux groupes rebelles qui ont combattu dans ce pays de forêt. La ville est située à environ 30 km de la frontière, perméable, avec la Côte d’Ivoire -- qui a l’un des taux de prévalence au VIH les plus élevés d’Afrique de l’Ouest. «Je crois que le taux de prévalence est plutôt élevé ; la frontière de la Côte d’Ivoire est tout près, c’est l’après-guerre, de nombreux réfugiés et migrants franchissent les frontières et beaucoup d’ex-combattants sont présents dans la région», a expliqué Claesson. «Le taux de prévalence à Zwedru est probablement de 10 pour cent environ», a-t-elle ajouté. Selon elle, MSF envisage de mettre en place des services destinés aux personnes vivant avec le VIH/SIDA mais, compte tenu des dommages occasionnés par la guerre, la priorité est allée au traitement de maladies plus répandues comme le paludisme et la tuberculose. Même les responsables du NACP l’avouent. «Le paludisme est la principale cause de mortalité dans le pays», a affirmé Bruce du NACP. «Sur les 24 millions de dollars accordés au Liberia par le Fonds mondial [de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme], la moitié a été allouée à la lutte contre le paludisme et le reste devra être partagé entre le VIH/SIDA et la tuberculose». Pénurie de personnel médical À Zwedru, le scénario est le même. «Notre plus gros problème est le paludisme», a dit Claesson. «MSF travaille avec les hôpitaux parce qu’il y a un besoin de soins de base. C’est un pays qui vit l’après-guerre, aucun soin médical approprié n’existait avant notre arrivée à Zwedru. Il n’y a presque aucun médecin ni infirmière ici, toutes les personnes qualifiées vivent à Monrovia». La paix est revenue depuis bientôt deux ans mais l’électricité et l’eau courante sont rares, même à Monrovia, la capitale. Dès lors, les habitants des zones rurales ne se font aucune illusion sur le temps qu’ils devront attendre avant d’obtenir les services de santé dont ils ont besoin. «Nous espérons que lorsque les services de santé élémentaires fonctionneront de nouveau, nous pourrons renforcer les programmes de lutte contre le VIH/SIDA», a dit Bruce du NACP.
Le seul panneau d’affichage contre le sida a avoir survécu dans cette partie du Liberia
Mais le chemin sera long. Ainsi, si MSF quittait Zwedru aucun soin de santé ne pourrait être assuré et les 2 500 patients qui viennent se faire soigner gratuitement chaque mois à l’hôpital seraient laissés pour compte. «D’un point de vue financier, le gouvernement n’est pas en mesure de gérer l’hôpital. Il n’aurait pas l’argent nécessaire pour acheter les médicaments ou payer les salaires», a affirmé Claesson. Tant que les infrastructures ne seront pas réparées et que l’on n’aura pas les fonds nécessaires pour le dépistage, le soutien et le traitement des patients, la priorité demeure la prévention. Mais, là encore, les ressources sont limitées. À Zwedru, deux panneaux d’affichage portent des slogans et des images incitant la population à utiliser le préservatif. Mais celui de la place du marché s’est décroché et repose face contre sol. Quelques conversations avec des habitants dans le centre-ville en partie détruit par la guerre révèlent la tâche ardue des activistes. «Quelle est cette idée de s’en tenir à un seul partenaire ? Nous allons partout, nous ne restons pas à un seul endroit, nous bougeons !» raconte un homme de 45 ans qui dit s’appeler Jalue. «J’utilise parfois le préservatif, mais des fois on aime un contact direct». Les travailleurs humanitaires admettent qu’ils ont du pain sur la planche, même en matière d’éducation. «MSF distribue gratuitement des préservatifs, mais seuls cinq des gens pour cent environ les prennent. Et nous ne savons pas combien d’entre eux les utilisent», a dit Claesson. Une autre question demeure : jusqu’à quel point peut-on sensibiliser les populations quand aucune aide ou soutien n’existe ? «On peut commencer à leur parler d’IST et de préservatif, mais sans donner trop de détails sur le VIH car il n’y aura pas d’après», déplore Claesson. «C’est une question difficile !»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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