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Combattre en même temps la drogue et le sida-ONUDC

[Guinea] A worker on a WFP food distribution programme smokes a cigarette, June 2004. Pierre Holtz
Les usagers de drogue sont plus vulnérables au VIH que le reste de la population
La société civile en Afrique de l’Ouest doit inclure la lutte contre la drogue dans ses programmes de prévention du VIH/SIDA en raison du lien entre consommation de drogues et propagation de l’épidémie, selon l’office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). “Pour l’instant les associations de lutte contre le sida et contre la drogue travaillent en ordre dispersé alors que des études récentes prouvent l’existence de liens étroits entre la consommation de drogue et la propagation du virus du sida en Afrique de l’ouest”, a dit à PlusNews Mickel Edwerd, le coordinateur régional de projet à l’ONUDC à Dakar. “Notre but est de créer des synergies entre ces représentants de la société civile”, a-t-il expliqué mercredi. Edwerd s’exprimait lors d’un atelier de trois jours organisé du 25 au 27 avril par l’ONUDC dans la capitale sénégalaise à l’intention d’associations de lutte contre le sida et contre la drogue du Nigeria, du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Sénégal et du Burkina Faso. En raison de la crise post-électorale en cours au Togo, les délégués togolais étaient absents à l’atelier. Selon une enquête réalisée par l’ONUDC ces deux dernières années dans ces six pays de la sous-région, les usagers de drogue par voie intraveineuse (UDI) sont particulièrement exposés au VIH/SIDA. Mais tous les usagers de drogues sont exposés au risque d’infection au VIH, a estimé Edwerd, y compris celles, comme le cannabis, “qui altèrent la perception et donc favorisent les comportements sexuels à risque”. Le cannabis reste la drogue la plus largement utilisée en Afrique de l’Ouest. Le taux de prévalence du VIH chez les consommateurs de cannabis est en moyenne deux fois supérieur au taux national dans les six pays étudiés, a affirmé l’ONUDC. Des taux d’infection au VIH plus élevés chez les usagers de drogue Selon l’enquête, en dépit d’une sensibilisation au VIH plus importante parmi les usagers de drogues que pour le reste de la population, peu de consommateurs réguliers utilisent le préservatif lors des rapports sexuels. Le partage des seringues chez les UDI reste largement répandu. Au Nigeria, alors que le taux de prévalence du VIH/SIDA parmi la population était de 3,8 pour cent dans l’état de Kano (nord) et de 7,7 pour cent dans celui de Cross River State (sud-est) en 2003, il atteignait 14,4 pour cent chez les UDI dans ces mêmes Etats. En 2004 au Burkina Faso, selon la même étude, la moitié des consommateurs d’héroïne venus suivre un traitement médical étaient infectés au VIH. Au Ghana, le taux d’infection au VIH parmi les UDI hospitalisés s’élevait à plus de 80 pour cent en 2003. Parallèlement, le trafic de drogue en Afrique de l’ouest est en constante augmentation ces dernières années, a estimé l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), un organisme indépendant chargé de l’application des conventions des Nations Unies sur la drogue. Dans son rapport 2004, l’OICS note que des saisies record de cocaïne, en provenance d’Amérique du sud et destinée à l’Europe, effectuées en 2004 au Ghana, au Togo et au Cap Vert ont confirmé le développement du trafic de drogues par voie maritime dans le golfe de Guinée, citant par ailleurs le Nigeria comme une importante zone de transit. Toujours selon l’OICS, l’héroïne en provenance d’Asie du sud et destinée à l’Europe continue d’être introduite en Afrique de l’ouest, ce qui témoigne d’une consommation croissante de cette drogue dans les pays que la drogue traverse, notamment la Côte d’Ivoire et le Nigeria.
Le Sénégal tente de réduire la consommation de drogue sur son territoire, un lieu de passage de plus en plus utilisé par les trafiquants internationaux
“Nous ne pouvons pas encore établir avec précision quelles sont les routes exactes que prend la drogue en Afrique de l’ouest car nous manquons d’informations”, a regretté Edwerd. “Mais nous savons que lorsqu’une drogue transite par un pays, une certaine quantité y reste et des poches de distribution s’y établissent, pour payer les intermédiaires, les amis et créer une nouvelle clientèle”, a-t-il ajouté. Selon Edwerd, le Nigeria et le Togo, qui possèdent des ports importants, et plus récemment le Ghana, sont particulièrement exposés. Prostituées et prisonniers, des populations vulnérables “Nous avons constaté que les drogues étaient de plus en plus utilisées parmi les travailleurs du sexe et les chauffeurs routiers dans ces pays”, a dit Edwerd. Selon l’enquête de l’ONUDC, deux tiers des prostituées ghanéennes ont des clients qui consomment des drogues et les initient à leur usage. Parmi les travailleuses du sexe qui consomment ces drogues, 30 pour cent sont séropositives. Autre facteur d’inquiétude en Afrique de l’Ouest, selon l’ONUDC, l’augmentation de la consommation de drogues dans les prisons, parallèlement à la hausse du taux de prévalence du VIH/SIDA. L’organisation onusienne a lancé le mois dernier une étude pilote dans les prisons en Sierra Leone, pour évaluer le phénomène. “Nous nous sommes aperçus que de nombreux prisonniers commençaient à se droguer en prison et que ce problème pouvait être lié à la question des relations sexuelles entre hommes à l’intérieur de la prison”, a expliqué à PlusNews Ingrid Oomes, responsable de ce projet à l’ONUDC. “On ne sait pas exactement comment la drogue entre en milieu carcéral, mais on sait qu’elle sert parfois comme moyen de paiement pour les relations sexuelles, ou qu’elle facilite ces relations”, a dit Oomes. Ces liens entre consommation de drogues et propagation du virus du sida en Afrique de l’Ouest rendent nécessaire une meilleure coordination des acteurs de la lutte contre la drogue et contre l’épidémie, a estimé Edwerd lors de l’atelier. Dans un contexte d’épidémie de sida généralisée (taux de prévalence national supérieur à cinq pour cent), comme c’est le cas dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest, comme la Côte d’Ivoire et le Nigeria, les activistes de la lutte contre le sida doivent être encouragés à s’intéresser davantage au problème de consommation de drogues, a encore souligné Edwerd. “Nous avons des femmes séropositives et consommatrices de drogues dans notre association”, a dit Funmi Doherty, présidente de la branche nigériane de la Société pour les femmes et le sida en Afrique (SWAAN), l’une des participantes à l’atelier de Dakar. “Mais je n’avais pas réalisé jusqu’à aujourd’hui la nécessité de combattre ces deux phénomènes de front. Nous allons nous y consacrer dès mon retour au Nigeria”, a-t-elle affirmé.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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