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La décision de l’Inde compromet l’offre d’ARV génériques

[Nigeria] Mary Ashie left, and Mohammed Farouk both people living with HIV/AIDS holds up placards as they protest outside the AIDS Alliance Nigeria office in Lagos. George Osodi/IRIN
Pressure is mounting on the government to provide free treatment
Au lendemain de l’adoption par le Parlement indien d’un amendement de la loi sur les brevets interdisant la copie de médicaments, les activistes et les personnes vivant avec le VIH/SIDA en Afrique de l’ouest, sous le choc, craignent de ne plus avoir accès à des traitements bon marché. “Je suis encore sous le coup de cette défaite, je suis consterné”, a dit à PlusNews Augustin Dokla, président de RAS+, le réseau des personnes vivant avec le VIH au Togo. “Nous nous sommes pourtant mobilisés partout dans le monde pour expliquer aux députés indiens que cette loi équivalait à condamner à mort de nombreux séropositifs des pays pauvres. Mais ils ne nous ont pas écoutés”, a-t-il dit. Depuis des semaines, des organisations de lutte contre le sida, relayées par des activistes européens et indiens, se mobilisent à travers le continent, tentant de faire plier les parlementaires pour qu’ils ne modifient pas une loi vieille de 35 ans : elle permettait jusqu’à présent à la quatrième industrie pharmaceutique du monde de produire et de commercialiser des copies de médicaments brevetés. Pourtant, les deux chambres du Parlement ont adopté mercredi cet amendement qui permet à l’Inde de se conformer aux dispositions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en matière de propriété intellectuelle. «Nous avions applaudi quand l’Inde a commencé à produire ces génériques», s’est souvenu Paul Sagna, le secrétaire exécutif de Sida service, une organisation non-gouvernementale de lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal. «Aujourd’hui nous revenons plusieurs années en arrière. Les députés indiens n’ont pas pris en compte les souffrances endurées par les personnes qui vivent avec le VIH, ils viennent de briser leur espoir de voir leur vie se prolonger», a dit Sagna à PlusNews. Selon l’organisation Médecins sans frontières, plus de la moitié des 700 000 personnes bénéficiant de traitements antirétroviraux (ARV) dans les pays en développement reçoivent des médicaments génériques fabriqués en Inde. Les copies de médicaments inventés avant 1995, date de création de l’OMC, ne sont pas concernées par cette nouvelle loi. Les copies mises en circulation entre 1995 et 2005 et déjà en vente devraient rester sur le marché mais pourront être soumises au paiement de droits de propriété. Quant aux médicaments dits de nouvelle génération, c’est-à-dire produits après 2005, l’amendement affirme qu’ils seront couverts par un brevet d’exclusivité pendant 20 ans. Selon MSF, les génériques vendus en Afrique de l’ouest, notamment au Nigeria, au Bénin, au Ghana et au Togo, proviendraient en grande partie des laboratoires indiens. "A court terme, le pire scénario qui consistait à retirer du marché les médicaments génériques déjà commercialisés a été évité”, a déclaré Daniel Berman de MSF, cité par l’Agence France Presse. “Ces molécules vont rester disponibles et si des brevets sont émis, leurs fabricants devront payer des royalties", a-t-il dit. Un répit précaire pour les pays africains Ces génériques sont essentiellement des traitements dits ‘de première ligne’ ou ‘de première génération’, ont dit des activistes qui ont souligné qu’en Afrique, où la prise en charge des personnes infectées est relativement récente, la majorité des patients reçoit pour l’instant ce type d’ARV. Mais ce répit est précaire, ont-ils estimé. “Les effets secondaires produits par ces médicaments, ainsi que les résistances développées face aux traitements, imposent à certains patients de passer à des médicaments de deuxième, voire bientôt de troisième ligne”, a dit à PlusNews le docteur Pascal Revault, basé à Paris et conseiller pour le programme français Esther destiné à renforcer la coopération hospitalière nord-sud et l’accès aux soins. Le coût élevé des médicaments brevetés risque de limiter le nombre de patients pris en charge dans les pays pauvres, a averti MSF, dont la grande majorité des 25 000 patients sous traitements ARV vit en Afrique et bénéficie de génériques indiens. Selon MSF, grâce à l’arrivée des génériques le prix des ARV de première ligne a été divisé par 50 en cinq ans pour passer de 10 000 dollars par an et par patient en l’an 2000 à 200 dollars aujourd’hui. “Avec cette nouvelle loi indienne, on n’aura plus accès aux traitements”, s’est alarmé Dokla au Togo. “Le risque, c’est aussi de décourager les gens de venir se faire dépister puisque de toute façon ils ne pourront pas être soignés”. “Au-delà de la décision du Parlement indien, cela signifie qu’on est en train d’accepter l’idée selon laquelle les nouveaux médicaments ne seraient pas faits pour les pauvres”, a déploré Annick Hamel, responsable de la campagne d’accès aux médicaments essentiels de MSF. “La décision de l’Inde prouve une fois de plus que nous devons apprendre à compter sur nos propres forces”, a analysé Nsikak Ekre, président d’Alliance sida au Nigeria, le troisième pays au monde le plus atteint par la pandémie et fortement dépendant de l’offre de génériques indiens. Ranbaxy Nigeria, filiale de la multinationale indienne Ranbaxy, a ainsi été la première à fabriquer localement des antirétroviraux pour les enfants atteints du sida. “Le gouvernement nigérian devrait accélérer les procédures pour permettre à notre pays de produire ses médicaments génériques”, a dit Ekre. Cela soulève à nouveau la question du rôle des institutions internationales, comme les Nations Unies, a estimé Pascal Revault du programme Esther. “Si des règles différentes étaient imposées au niveau de l’OMC, on pourrait considérablement augmenter la fabrication de génériques de qualité”. A l’inverse, des règles trop strictes pourraient favoriser le développement d’une industrie parallèle de fausses ou de mauvaises copies de médicaments, a prévenu Revault. «Cette loi tombe au moment où nous avons le plus besoin de génériques, où tous les partenaires s’emploient à mettre plus de patients sous traitement ARV», a regretté Alphonse Gbaguidi, coordinateur du programme national de lutte contre le VIH au Bénin. “Mais on ne va pas baisser les bras”, a assuré Augustin Dokla. “On va se réunir, on va voir ce qu’on peut faire et quelle stratégie adopter. Si on laisse passer cette loi sans rien dire, d’autres pays, fabricants potentiels de génériques, vont suivre. La lutte continue”. “C’est maintenant que le combat va réellement commencer”, a renchéri, dans un communiqué, un collectif d’avocats indiens.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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