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Une étude de séroprévalence en projet pour réévaluer le taux d’infection au VIH

[Sierra Leone] A Liberian refugee in Gerihun camp: Nov 2004. IRIN
Porter ce tee-shirt en Sierra Leone est déjà une victoire contre la stigmatisation
Les autorités sierra léonaises envisagent de lancer une étude nationale de séroprévalence en 2005 afin d’évaluer le nombre exact de personnes infectées par le VIH/SIDA et d’orienter les programmes de lutte vers les populations les plus vulnérables, a déclaré un officiel sierra léonais. Le taux de prévalence au VIH en Sierra Leone est officiellement estimé à moins d'un pour cent mais ce chiffre est contesté par de nombreux acteurs de la lutte contre la pandémie qui estiment que jusqu’à cinq pour cent de la population de Freetown, la capitale, pourrait être infectée par le virus. «Nous allons réaliser, en mars ou avril, une étude nationale pour déterminer les taux de prévalence réels du sida dans le pays», a déclaré à PlusNews le docteur Brima Kargbo, chargé du programme national de lutte contre le sida (PNLS) à Freetown. Le taux de prévalence exact est difficile à évaluer dans ce pays d'Afrique de l'ouest ravagé par une décennie de guerre civile qui a fait plus de vingt mille morts, déplacé la moitié de la population et détruit les infrastructures sanitaires. Le gouvernement estime qu'au moins 45 000 personnes, sur un total de cinq millions d’habitants, seraient infectées par le virus en Sierra Leone. Le taux moyen de prévalence au VIH s'établit ainsi à 0,9 pour cent, 2,1 pour cent dans la capitale Freetown et 0,7 pour cent hors de Freetown. Ces chiffres, largement inférieurs au taux moyen de cinq pour cent qui prévaut en Afrique de l’ouest, se fondent sur une étude menée conjointement par le gouvernement et des officiels américains de la santé peu après la déclaration officielle de la fin de la guerre en janvier 2002, alors que certaines parties du territoire étaient encore inaccessibles. Effectuée sur un échantillon de 2 412 tests sanguins recueillis dans les centres urbains de Sierra Leone (Freetown, Bo et Kenema), l’étude avait dans un premier temps révélé un taux de prévalence de 4,9 pour cent. Mais ce taux a été ramené à 0,9 pour cent quelques mois plus tard, après que ces échantillons aient été de nouveau testés par un second laboratoire aux Etats-Unis. Selon le docteur Leopold Zekeng, coordinateur pour le programme conjoint des Nations Unies contre le sida (Onusida) en Sierra Leone et au Liberia, une nouvelle étude est désormais nécessaire. «Nous soutenons fermement la réalisation d'une étude qui nous permettra de récolter l'information nécessaire à l'évaluation effective de nos projets en cours», a-t-il dit à PlusNews. «Tous les ingrédients sont réunis pour une explosion de l’épidémie dans le pays : la pauvreté, les réfugiés, les déplacements de populations, le chômage des jeunes, le commerce du sexe, l’illettrisme et le faible usage des préservatifs», a-t-il prévenu. Des chiffres sous-évalués Les études récentes réalisées sur des femmes enceintes ou sur d’autres catégories de population mettent toutes en lumière un taux de prévalence largement supérieur au taux officiel, dans un pays où des milliers de femmes ont été violées par les milices pro-gouvernementales ou les rebelles du Front uni pour la révolution (RUF), et qui a connu un large déploiement de troupes étrangères d'interposition à travers le pays. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme cite ce qu’il appelle des «données plus fiables», fondées sur une étude menée en 2004 sur des femmes enceintes. Elle révèle que le taux de prévalence serait de 3,4 pour cent en moyenne et pourrait grimper jusqu’à cinq pour cent à Freetown. Dans une enquête pilote menée en 2003 à Freetown par le laboratoire indépendant sierra-léonais Ramsy sur 347 femmes, le taux de prévalence obtenu était de 4,6 pour cent, selon Issatu Wurie, qui travaille pour Ramsy. Catharina Coppens, chef de mission pour Médecins sans Frontières-Hollande, fait un constat similaire. L’organisation humanitaire apporte un appui technique aux hôpitaux des districts de Magburaka et Kambia, au nord-est de la Sierra Leone. «A Kambia, sur 700 personnes testées au cours des six derniers mois, le taux de prévalence est légèrement supérieur à cinq pour cent», a-t-elle affirmé. «Mais les personnes testées sont en majorité des femmes venues pour un suivi anténatal ou pour des tests volontaires, ce ne sont pas les personnes les plus à risque», a précisé Coppens. Le district de Kambia, frontalier avec la Guinée, a été très affecté par la guerre. De nombreuses infrastructures ont été détruites et une partie de la population est allée chercher refuge en Guinée, a-t-elle expliqué. Selon elle, à Magburaka, zone envahie par les rebelles mais dans laquelle les déplacements de population ont été moins intenses, le taux de prévalence du sida s’établit à trois pour cent. Pour le docteur Kargbo, cependant, les estimations qui se fondent sur des échantillons d’individus dans les cliniques ne sont pas représentatives de ce qu’il se passe dans le pays. «On ne détermine pas le taux de prévalence en s'appuyant sur le nombre de cas de VIH que nous observons dans nos centres de santé. Nous devons prendre en considération l'intervalle de confiance, le degré de précision, le standard d'erreur, l'échantillon», a dit Kargbo. Selon le professeur Kargbo, la Sierra Leone pourrait bientôt recevoir 8,5 millions de dollars du Fonds mondial. De son côté, la Banque mondiale a financé en 2002 un projet de lutte contre le sida à hauteur de 15 millions de dollars. Elle soutient toujours plusieurs programmes axés sur les soins à apporter aux personnes infectées par le VIH/SIDA, a ajouté Kargbo. «En 2002, lorsque le projet de la Banque mondiale a été lancé, les infrastructures étaient détruites et la priorité a été accordée, dans un premier temps, à la reconstruction et à la prévention de la maladie», a dit Kargbo. «Cette fois, l’accent pourrait être mis sur le traitement des personnes qui vivent avec le sida.» Selon lui, près de cent patients reçoivent un traitement antirétroviral (ARV) à Freetown, un nombre en augmentation depuis le lancement par le gouvernement en janvier d'un programme de distribution gratuite d’ARV pour 300 personnes vivant avec le sida. D’un coût de 180 000 dollars, ce premier programme d’un an est géré par une organisation non-gouvernementale locale, la Sierra Leone Treatment Action Group (SILTAG). Son président, le professeur Robert R. Willoughby, est lui aussi sceptique sur le taux officiel retenu par le gouvernement. «Compte tenu des cas que je reçois dans ma clinique, le taux de prévalence en Sierra Leone se situe entre trois et quatre pour cent», a-t-il affirmé.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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