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Des femmes séropositives créent une coopérative agricole

[Swaziland] Neighbourhood Care Points (NCPs) to meet the needs of an expanding population of orphaned and vulnerable children. IRIN
Un centre d’accueil de proximité pour la prise en charge d’un nombre de plus en plus important d’orphelins et d’enfants vulnérables
Créée par un groupe de femmes Swazis séropositives, l’association Swazis Positive Living (SWAPOL) est pionnière dans le combat contre la précarité des personnes vivant avec le VIH/SIDA en mettant en place des projets agricoles indépendants pour ne plus dépendre que de l’aide internationale. "Les fonds des bailleurs sont souvent suivis d’une kyrielle de conditions. Il est préférable de réaliser ces projets sans y avoir recours", indique Joyce Nxumalo, une jeune volontaire de 22 ans, arborant le ruban rouge des activistes de la lutte contre le sida. Devant le petit champ clôturé appartenant à l’association, Joyce Nxumalo et Sipiwe Hlope, son employeur et membre fondateur de l’association, observent les premières pousses de la saison dans le potager. Hlope a toujours été une femme déterminée. Elle a su surmonter les difficultés de son couple et la discrimination dont elle a été victime en tant que femme séropositive. Mais avec ses collègues, elles ont décidé de créer leur propre groupe de soutien lorsqu’elles se sont rendues compte que les problèmes des femmes n'étaient pas pris en compte par la principale organisation d’aide aux personnes qui vivent avec le sida. "Nous sommes des femmes indépendantes. Nous apprécions énormément les dons des bailleurs, mais nous voulons avant tout être indépendantes et ne pas dépendre de la charité des autres", indique Hlope. Les résultats de la production agricole de l’année dernière sont lourds d’enseignements. "Parce que nous nous attaquions au VIH/SIDA dans un pays où la pandémie pose un problème majeur et que nous étions bien organisées, nous avons bénéficié d’un financement. Mais il est bien plus difficile de créer des projets viables dans le domaine de l’agriculture", précise Hlope. Une partie des revenus de l’association provient de sa coopérative agricole. L’année dernière, l’association a reçu une subvention de 102 751 dollars américains (dont la moitié a été fournie par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), 38 511 dollars de la fondation Stephen Lewis, 17 000 dollars d’une association danoise et 6 148 dollars d’un journaliste danois. Ces fonds ont servi à financer des programmes de formation destinés aux prestataires de soin, à l’aide médicale aux enfants vivant avec le virus, à l’assistance aux enfants maltraités et aux veuves, aux soins à domicile et aux centres d’accueil de proximité pour orphelins et enfants vulnérables. En 2004, la SWAPOL a mis sur pied 110 comités de protection de l’enfance dans les communautés rurales et assuré la formation et le placement de conseillers communautaires pour aider les orphelins du sida, les veuves et les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Face au nombre de plus en plus élevé de décès liés au sida, l’action de ces conseillers était devenue urgente. Thelma Dlamini, l’instigatrice de la coopérative agricole, est décédée en juillet dernier. Elle est le deuxième membre fondateur de l’association à mourir du sida. Dans les vingt communautés où la SWAPOL a installé une unité de soins à domicile, le taux de mortalité chez les personnes vivant avec le sida oscille entre deux et 60 pour cent. L’action de la coopérative commerciale a évolué bien au-delà des objectifs de la SWAPOL dont la mission est de gérer un réseau de femmes qui partage des informations sur la prise en charge médicale et psychologique des personnes vivant avec le VIH/SIDA. L’association a décidé d’impliquer les communautés et de s’attaquer par exemple aux problèmes des soins à domicile et de l’assistance à apporter au nombre croissant d’orphelins et d’enfants vulnérables abandonnés suite aux décès des parents victimes du sida. Mais une telle prise en charge nécessite des moyens financiers. Une ambition : se prendre en charge "Nous avons décidé de collecter des fonds à partir de nos activités agricoles. Aucun membre de l’association ne sait gérer une entreprise, mais nous avons tous été élevés dans des fermes. Le Swaziland étant un pays agricole, chaque enfant sait cultiver du maïs", a fait remarquer Hlope. L’association a trouvé un champ vierge dans le Swazi Nation Land, puis a décidé de l’exploiter. "Ce champ appartenait à un district 'inkhundla' (le Swaziland est divisé en 55 districts inkhundla ayant chacun plusieurs chefferies). Tous les chefs du district devaient donner leur accord pour que nous puissions exploiter ce terrain. Nous les avons donc rencontrés ensemble, puis individuellement, mais ils ne comprenaient pas ce qu’une association de femmes pouvait bien faire avec un champ", se souvient-elle. La SWAPOL a trouvé une très bonne alliée en la personne de Nconyi Dlamini, la chef par intérim qui assure les fonctions de son neveu encore trop jeune pour diriger le district. "En tant que femme elle comprenait notre point de vue. Nous l’avons rencontrée et elle a expliqué aux autres chefs de district que nous essayons de leur venir en aide. Elle-même s’occupait déjà d’orphelins. Les autres chefs, tous des hommes, étaient aussi confrontés au problème des orphelins dans leur district respectif. Dans le projet que nous lui avons soumis, Nconyi Dlamini y voyait aussi un moyen de donner du travail à certains jeunes désœuvrés et de porter assistance aux personnes vivant avec le VIH/SIDA", indique Hlope. Il y a deux ans, lorsque la SWAPOL a créé ses premiers centres d’assistance aux personnes vivant avec le VIH/SIDA et formé le premier groupe d’agents communautaires, certains bénévoles avaient déjà commencé à cultiver le terrain de 11 ha situé à Mahlangatsha, à 40 km au sud-est de la capitale Mbababe. Pour la première récolte, une formule a été choisie pour répartir la recette de la récolte. "Nous avons décidé de vendre toute la récolte et de pas payer de salaires, puisque toutes les personnes ayant travaillé dans le champ étaient des bénévoles. La moitié de la recette a été réinjectée dans le champ pour l’achat d’engrais et d’outils agricoles. Les membres de l’association se sont partagés 25 pour cent et les 25 pour cent restants sont allés à l’aide aux personnes vivant avec le VIH/SIDA", a indiqué Ellen Hlatswako qui, tout comme Nonhlanhla Dlamini, est membre fondateur de l’association. Ils supervisent ensemble les opérations à Mahlangatsha. "L’année dernière, nous avons eu une surprise désagréable. Nous n’avons aucun contrôle sur le marché et les prix du maïs avaient chuté considérablement. Le sac d’engrais (sud-africain) se vendait à 16,95 dollars, mais le sac de maïs à 12,94 ", s’est plaint Dlamini. La récolte 2003-2004 a permis de récolter 300 sacs de maïs. Cinquante sacs ont été stockés, pour parer aux situations d’urgence, cinq sacs ont été distribués aux centres d’accueil de proximité où les orphelins et les enfants déshérités peuvent recevoir des repas chauds et une éducation de base. Dix autres sacs ont été donnés aux foyers pour l’enfance gérés par des adolescents dont les parents sont décédés du sida. Le reste de la récolte a été vendu à 3 883 dollars et les chefs Swazis ont été très impressionnés de la capacité des femmes à réaliser deux récoltes consécutives. La SWAPOL recherche actuellement un autre champ dans la ville de Hlatikhulu pour pouvoir financer les besoins des orphelins et des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans la région. "En matière d’agriculture, il faut savoir s’adapter. Nous avons planté du maïs, l’alimentation de base des Swazis, et tout le monde s’est mis à la culture du maïs. Mais pour la saison 2004-2005, nous avons planté des légumes, des arachides, des pommes de terre, des patates douces et des haricots. Ce sont des cultures riches en protéines. Nous continuerons à cultiver du maïs, non plus pour la vente, mais pour l’alimentation des enfants", a expliqué Hlatswako. Le groupe a aussi su s’adapter aux fluctuations du marché de l’agriculture. Les femmes ont abandonné la culture du maïs au bon moment, puisque les prix des produits Swazis sont fixés en rands sud-africains et qu’actuellement, en raison de la forte valeur de la devise, le prix de vente du maïs local a été divisé par trois pour rester compétitif par rapport au maïs importé. A l’aide d’un arrosoir de fabrication locale, Joyce Nxumalo arrose les nouvelles pousses du potager de Mahlangatsha. Il y met beaucoup de soins et semble considérer son travail quotidien comme une réelle bénédiction. "Je suis séropositive, mais je reste très positive face aux vicissitudes de la vie. Ce travail m’occupe et il est bon d’être utile aux autres plutôt que de s’apitoyer sur son sort."

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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