MBABANE
De vives polémiques ont éclaté la semaine dernière dans une école primaire du Swaziland lorsque certains parents ont tenté d’inscrire leurs enfants en les faisant passer pour des orphelins, afin de bénéficier de l’aide scolaire du gouvernement.
Ces tensions ont mis en exergue la frustration de la population vis à vis des efforts que déploie le gouvernement du Swaziland pour venir en aide au nombre de plus en plus important d’enfants vulnérables.
“Les enfants dont les parents ont payé les frais de scolarité ont trouvé injuste qu’on les oblige à s’acquitter de ces frais alors que le gouvernement les paie pour les orphelins. Ils se sont plaint en se demandant «pourquoi ces enfants devraient bénéficier de largesses parce que leurs parents ont le SIDA et sont décédés ?», a confié à PlusNews un enseignant de l’école primaire de Khuphuka, près de Mbabane.
Selon l’enseignant, sur les 761 écoliers inscrits à l’école, seuls 86 ont payé leurs frais de scolarité le premier jour de la rentrée des classes. Les autres enfants ont été renvoyés à la maison.
Les policiers ont dû disperser une foule de parents mécontents qui se disaient victimes de discrimination parce que leurs enfants n’étaient pas orphelins.
Au Swaziland, l’éducation n'est ni gratuite ni universelle, le fonctionnement des écoles reposant sur les frais de scolarité que paient les parents et qui leur coûtent entre 40 et 160 dollars par an et par enfant. Mais les frais de scolarité des orphelins et des enfants vulnérables sont payés sur un fonds spécial du gouvernement, les agences humanitaires des Nations Unies se chargeant de fournir une assistance supplémentaire à travers des programmes ciblés.
Un enfant vulnérable est un garçon ou une fille exposé à une pauvreté extrême, à la menace de violences physiques et sexuelles ou à la faim et à la négligence.
La semaine dernière, la ministre de l’Education, Constance Simelane, a demandé aux communautés de recenser les enfants orphelins et vulnérables de leur région.
«Nous demandons votre assistance pour pouvoir identifier tous les enfants nécessiteux vivant au sein de vos communautés. Nous enverrons du personnel choisi au sein des communautés, donc bien mieux renseignés pour identifier et enregistrer tous les enfants nécessiteux vivant dans leur région", a-t-elle dit.
Le nombre d’enfants orphelins et vulnérables identifié par le comité de l’école de Khuphuka représente le dixième des effectifs scolaires. Les parents d’élève, rejetés par le comité au motif que leur situation familiale était jugée assez satisfaisante, faisaient partie de ceux qui revendiquaient le droit à l’indemnité scolaire du gouvernement.
Les fonctionnaires du ministère de l’Education n’ont fait aucun commenté à ce sujet.
«Le Swaziland est un pays pauvre et il est difficile pour les parents de s’acquitter des frais de scolarité de leurs enfants, en particulier dans les zones rurales où vit la majorité des personnes. Ils ne comprennent pas que les orphelins du sida soient pris en charge. J’entends dire que certains orphelins sont brimés à l’école», affirme Pholile Dlamini, activiste de la lutte contre le sida et conseillère auprès la municipalité de Manzini, la capitale commerciale.
La plupart des swazis pratique une agriculture de subsistance. Ils cultivent le maïs et doivent compter sur le produit de la vente de leurs excédents pour payer les frais de scolarité de leurs enfants. Mais la baisse des récoltes due à la sécheresse et l’impact du sida ont considérablement réduit le revenus des paysans.
«Mais il y a plus grave. Le Swaziland étant un Etat providence dépendant pour une bonne part de l’aide internationale, les Swazis ont l’habitude d’être pris en charge. Ils ne comprennent pas pourquoi ils devraient payer les frais de scolarité de leurs enfants si l’Etat se charge de payer ceux d’autres enfants. C’est une mentalité d’assistés», a commenté un enseignant de la localité de Manzini.
Avec une population d'un million d’habitants, le Swaziland compte actuellement 70 000 orphelins du sida de moins de 15 ans. Le ministère de l’Education, en collaboration avec certaines organisations humanitaires, tente de déterminer le nombre total d’orphelins et d’enfants vulnérables.
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