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Le Kpote Kiosque en première ligne de la lutte contre le sida

[Cote d'Ivoire] At the Condom Cafe in Abidjan, customers leave with an AIDS goodie bag, complete with red ribbon, a leaflet about the disease and a free condom. IRIN
Au Condom Café d'Abidjan, les clients repartent avec une corbeille contenant un ruban rouge, un dépliant sur la maladie et un préservatif gratuit
Au Kpote Kiosque, à Abidjan, point de bonbon à la menthe avec l’addition : les clients reçoivent un petit sac avec un ruban rouge, un dépliant sur le VIH/SIDA et un préservatif gratuit. Au service des petits creux et des pratiques sexuelles saines, le café a pignon sur rue depuis trois ans à Adjamé, l’une des banlieues populaires de la capitale économique. Vu de l’extérieur, le maquis ressemble à tous ceux que l’on croise en ville. Son seul signe distinctif est le discret ruban rouge, peint sur le fronton. Une fois à l’intérieur, les choses deviennent beaucoup plus claires. Accrochés parmi les publicités de Coca-Cola et de bière Flag, des paquets de préservatifs vides se balancent dans la brise. Il y a des pénis en bois sur le comptoir et autour du bar est peint le slogan «Sans ta capote, garde ta culotte!». Le Kpote Kiosque ne sert pas seulement à distribuer des préservatifs gratuits. Une équipe expérimentée de jeunes serveurs et serveuses, certains étant eux-mêmes séropositifs, informent les clients sur l’épidémie de VIH/SIDA. C’est aussi un endroit informel où les jeunes peuvent venir prendre des informations sur le dépistage et le traitement. «Tu ne sens pas que c’est imposé. C’est une atmosphère très relax», confirme un client prénommé Hervé. Et même pour ceux qui pensent tout savoir sur l’épidémie, il reste encore une bonne raison de s’y rendre: aider à financer les projets locaux contre le sida. «Tout le monde y gagne. On mange bien et ils reçoivent de l’argent dont ils ont vraiment besoin», affirme entre deux bouchées Koua, un jeune homme de 27 ans. Le petit café, qui attire en moyenne 70 clients à chaque déjeuner, est un tel succès qu’il est sur le point d’être dupliqué dans trois autres pays d’Afrique de l’Ouest. Mais c’est en Côte d’Ivoire, qui a le taux de prévalence le plus élevé d’Afrique de l’Ouest, que le combat contre l’épidémie se doit d’être agressif. La dernière étude nationale estime le taux de prévalence à 9,5 pour cent, mais les professionnels de la santé craignent des taux d’infection beaucoup plus élevés après plus de deux ans de guerre civile. Lutter contre les préjugés au quotidien Démystifier l’épidémie, s’attaquer aux tabous et éduquer les populations aux modes de prévention sont des volets essentiels de la lutte contre le sida dans ce pays. Une visite au café à la fin du déjeuner le prouve. Étranger à la thématique du café, des ouvriers du bâtiment ont à peine terminé de vider leur assiette qu’ils froncent déjà les sourcils devant l’addition accompagnée des habituels préservatifs. «Les gens disent toujours ‘Utilise un préservatif et tu n’attraperas pas le sida’. Pourtant, les gens les utilisent et le problème empire. Je pense que ça a peut être quelque chose à voir avec les préservatifs», lance l’un des hommes au serveur. En plaisantant, le serveur explique que le préservatif protège contre le VIH mais que des problèmes peuvent toujours arriver si on l’utilise mal. Pour Olivier Kouassi, le gérant du café, le scenario est courant. «Les gens sont souvent surpris lorsque nous déposons le préservatif sur la table. Certains sont tellement embarrassés qu’ils essaient de le jeter par-terre. Mais, à la fin, ça finit par attiser leur curiosité et la conversation démarre.» «Et c’est un élément clé : il faut que les gens en parlent», ajoute t-il. L’étendue des dégâts causés par le sida en Côte d’Ivoire est quelque chose qui touche Kouassi personnellement. Il a perdu l’un de ses meilleurs amis en 2004. En janvier, il a emmené un autre cousin se faire tester.
En Côte d’Ivoire, le pays où le taux de prévalence est le plus élevé d’Afrique de l’Ouest, l’épidémie doit être combattue avec force.
Le Kpote Kiosque où il travaille est l’enfant prodige d’une organisation non-gouvernementale ivoirienne, Ruban Rouge. Compte tenu de son succès, un autre café devrait s’ouvrir à Niangon, l’un des quartiers de Yopougon, dans la banlieue d’Abidjan. Un modèle pour d’autre pays Et l’aventure l’entraîne plus loin encore puisque, d’ici le mois de mars, le Sénégal, le Niger et le Bénin accueilleront chacun leur Kpote Kiosque. L’association humanitaire Équilibres & Populations, basée à Paris et qui a aidé Ruban Rouge à ouvrir le premier café, avance les fonds et coordonne ce programme pilote dans la région jusqu’en 2006. Le budget de départ pour les quatre nouveaux cafés est évalué à 300 000 euros (393 000 dollars). Une partie de cette somme sera consacrée à l’évaluation du projet et à son impact réel sur la communauté, un suivi qui se fait de façon très sommaire au Kpote Kiosque. «Certaines personnes disent être venues dans notre clinique parce qu’ils en avaient entendu parler au café», explique Marius Boka, le président du groupe. « Mais nous n’avons pas de statistiques là-dessus.» Selon Aurélie Gal, la coordonnatrice du projet pour Équilibres & Populations, le projet régional ira plus loin et suivra la piste de ceux qui iront chercher des conseils ou un dépistage. Il cherchera également à connaître les sentiments du voisinage vis-à-vis des cafés. «En milieu urbain… les circonstances peuvent encourager les gens, surtout les jeunes, à adopter des comportements sexuels à risques», a dit Gal par téléphone depuis Paris. La moitié des nouvelles infections au VIH concerne les jeunes âgés de 15 à 24 ans selon JADE, un réseau régional de jeunes auquel appartiennent les groupes africains qui gèreront les nouveaux cafés. “Les associations locales de jeunes sont souvent le catalyseur d’initiatives innovantes en terme de prévention”, explique Gal. « Et parce que le Kpote Kiosque génère ses propres ressources, l’association pourra s’occuper d’autres projets à long terme sans avoir à dépendre des autres ». Le Kpote Kiosque à Adjamé non seulement gagne suffisamment d’argent pour payer le loyer, les factures et les salaires de ses employés, mais il dégage aussi un petit profit à la fin de chaque mois. Si, pour des Occidentaux, 70 000 francs CFA (140 dollars) peut sembler très peu, le président de Ruban Rouge estime que cet argent leur permet d’acheter les médicaments antirétroviraux (ARV) des personnes les plus démunies qui échouent à la clinique. Le coût de trois mois d’ARV en Côte d’Ivoire a fortement diminué l’année dernière, pour atteindre 5 000 francs CFA. Grâce au café, 40 personnes peuvent être soignées gratuitement chaque année. Si les cafés des grandes métropoles comme Dakar, Niamey et Cotonou remportent les mêmes succès que l’original, des plus petites villes au Sénégal, au Niger, au Bénin et en Côte d’Ivoire pourraient bientôt avoir, à leur porte, leur propre café. Et Equilibres & Populations admet que le Tchad, le Mali, la Guinée et le Togo pourraient offrir un terrain propice à une seconde vague d’expansion. De retour à Adjamé, Kouassi n’a qu’un conseil à donner. «Il faut avoir plein de préservatifs. Quelques fois, l’idée marche presque trop bien», lance t-il en éclatant de rire. «Nous leur en donnons un et ils veulent toute la boîte.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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