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Des femmes parlent aux femmes

[Cote d'Ivoire] Nahounou Kennedy, a member of the Femmes Actives de Cote d'Ivoire self-help group for HIV-positive women, who found the courage to always use her real name and look as pretty as possible. IRIN
Nahounou Kennedy, a member of the Femmes Actives de Cote d'Ivoire self-help group for HIV-positive women, who found the courage to always use her real name
Elles ont toutes une histoire émouvante à raconter… Et elles ne s'en privent pas. L’association des femmes actives de Côte d’Ivoire regroupe des femmes infectées par le VIH et leur offre un espace où le débat franc et ouvert est considéré comme l’un des meilleurs moyens de faire face au virus. Aminata Kaboré, une jeune femme habillée en tenue traditionnelle, raconte son expérience. "Je n’ai pas honte de raconter ce que mon mari m’a fait", dit-elle. "En fait, en choisissant d’en parler, je sauve peut-être la vie d’autres femmes." Il y a deux ans, Aminata, de confession musulmane, épouse un homme qui souhaitait remplacer sa deuxième femme récemment décédée. La première épouse accepte le mariage mais, quelques mois plus tard, la troisième épouse s’enfuit du domicile conjugal. Lorsqu’Aminata se rend compte qu’elle est enceinte, elle se rend à l’hôpital de Koumassi, l'un des quartiers populaires de la capitale économique Abidjan. Peu de temps après, les infirmières lui annoncent sa séropositivité. Aminata ne comprend pas tout de suite ce dont il s’agit. Comment est-ce possible ? s’interroge t-elle. Ce n’est que plus tard qu’Aminata apprend que la troisième épouse est gravement malade, un peu comme la deuxième épouse avant son décès. Prudente, Aminata révèle sa séropositivité à son époux. Il ramasse ses quelques affaires et la congédie du domicile conjugual. "J’ai appris depuis qu’il est tombé gravement malade", explique Aminata. "A 48 ans, il devrait être en pleine forme. Mais bien qu’il soit devenu hémiplégique, ça ne m’étonnerait pas qu’il continue de contaminer d’autres femmes." Le fils d’Aminata est né séropositif. Pendant sa grossesse, le personnel médical lui a conseillé de contacter l’association des femmes actives de Côte d’Ivoire, un réseau de soutien et de conseil. L’association a été créée en 2001 et compte environ 200 membres, toutes vivent à Abidjan. Son but : apporter un soutien psychologique aux femmes enceintes qui viennent de découvrir leur séropositivité, afin de les conseiller sur la manière d’en parler à leur partenaire et de prévenir la transmission du virus à leur enfant. Un groupe d’inconditionnelles, composé d’environ 20 femmes, se retrouvent chaque semaine dans les jardins de la cour de l’hôpital de Koumassi. Elles sortent les chaises en plastique du petit local qui leur a été affecté et discutent de tout : des toutes dernières recommandations nutritionnelles aux visites à rendre aux membres trop malades pour se déplacer. L’association dispose de moyens modestes. Aucun de ses membres n’est riche, certaines sont même très pauvres. Mais le simple partage d’expérience avec d’autres femmes infectées n’a pas de prix, fait remarquer Nahounou Kennedy qui travaille avec enthousiasme comme consultante auprès des femmes actives de Côte d’Ivoire. "La première fois que je suis venue, je me suis inscrite sous une fausse identité. Mais lorsque j’ai rencontré la vice-présidente, je n’en croyais pas mes yeux. Elle était si belle que je ne pouvais pas imaginer qu’elle était vraiment infectée par le VIH", raconte Nahounou. "Cette expérience m’a profondément marquée. Je me suis rendue compte que le fait d’être séropositive ne signifiait pas qu’il faillait se laisser aller. J’ai donc décidé d’essayer de paraître la plus belle possible." A partir ce moment-là, Nahounou a aussi choisi de révéler sa vraie identité. L’association des femmes actives fait partie des nombreux groupes de solidarité impliqués dans la lutte contre le VIH/SIDA en Côte d’Ivoire, un pays où le taux de prévalence au VIH est le plus élevé d’Afrique de l’ouest. Selon le ministère de la Santé, 9,6 pour cent des adultes sexuellement actifs sont infectés. Mais pour une si petite association, les résultats sont spectaculaires. Elle a pu obtenir des financements et des médicaments antirétroviraux d’organisations telles que CARE et RETROCI, un programme de recherche financé par les Etats-Unis et basé à Abidjan qui s’occupe de la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. "En 2003, nous avons reçu des traitements antirétroviraux gratuits pour 87 femmes. Nous en traitons bien plus aujourd’hui", a indiqué la charismatique présidente de l’association, Bertine Semilou.
Bertine Semilou est la présidente des Femmes actives de Côte d’Ivoire
"Nous essayons d’établir un partenariat avec un mouvement de femmes en Belgique et nous souhaiterions en établir d’autres. Mais cela ne sera pas facile tant que nous n’aurons pas notre propre connexion au réseau Internet. Nous manquons cruellement d’argent." Parler et écouter Heureusement, ajoute t-elle dans un sourire, apporter un soutien psychologique ne coûte pas grand chose. Il s’agit simplement de parler et d’écouter. Du laboratoire de l’hôpital situé à côté des locaux de l’association, des douzaines de femmes sont orientées directement vers Bertine. Son franc-parler quand elle aborde la séropositivité lui a valu une invitation à la télévision nationale pour parler de son expérience. "Aux femmes à qui l’on vient de révéler leur séropositivité, nous disons qu’elles ne sont pas seules", explique Bertine. "Nous essayons de les consoler et nous les raccompagnons à la maison. Nous voyons souvent des gens qui refusent d’accepter la nouvelle et commencent à douter de la véracité du test sanguin. Nous continuons à leur parler, à les écouter et à leur donner des conseils." Autre grand succès de l’action de Bertine dans la lutte contre le pandémie en Afrique de l’ouest : les femmes osent désormais parler de leur séropositivité. "Je suis très fière que 170 femmes de notre association aient révélé à leur partenaire qu’elles sont infectées par le VIH/SIDA.» Dans une région où les hommes réagissent souvent violemment à la séropositivité de leur femme ou de leur fiancée, au point de la renvoyer sans ménagement, la plupart des femmes hésite à avouer leur statut. Cette jeune femme, d’une beauté sculpturale et qui dit s’appeler Monique, a essayé de mettre ces conseils en pratique. "Il est important de savoir à quel type d’homme vous avez affaire", dit-elle. "J’ai pleuré pendant des semaines sans jamais lui dire pourquoi. Je n’arrêtais pas de pleurer. Il était très ému et j’ai constaté qu’il avait beaucoup de peine pour moi." En même temps, Monique teste la sensibilité de son époux face au VIH/SIDA. "J’en parlais de temps en temps sans lui donner de détails, histoire de voir si cela l’effrayait. Je lui ai par exemple demandé s’il pensait que c’était une maladie diabolique." L’association des femmes actives conseille à ses membres d’aborder le sujet avec leur époux lorsque ce dernier a terminé un bon repas et qu’il est confortablement installé dans le canapé. Selon Bertine, il peut être plus réceptif lorsqu’il est détendu et repu. Monique a suivi ses conseils -- et éclaté une fois de plus en sanglots. Et ça a marché. "Mon mari a eu beaucoup de peine pour moi, il m’a montré qu’il était un homme responsable sur qui je pouvais compter pour prendre soin de moi."

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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