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La guerre civile : un obstacle à la généralisation des traitements contre le sida

[Cote d'lvoire] United Nations military post in central Cote d'Ivoire. IRIN
Quelques 4 000 personnes sont sous traitement antirétroviral (ARV) en Côte d’Ivoire, ce qui représente un très faible pourcentage de la population vivant avec le sida. Mais la reprise du conflit, début novembre, n’a fait qu’accentuer la désorganisation des services de santé déjà très défaillants dans le nord sous contrôle des forces rebelles, a indiqué Mamadou Diallo, coordinateur de l’Onusida pour la Côte d’Ivoire. "Les événements de novembre ont provoqué une interruption des soins de santé dans le nord,» a dit Diallo. «Il est de plus en plus difficile d’envoyer du personnel compétent dans cette région : il était impossible de s’y rendre pendant plusieurs semaines et les gens ont désormais très peur d’y aller." L’objectif officiel de mettre sous traitement ARV 63 000 personnes vivant avec le sida d’ici 2005 ne pourra pas être atteint, a reconnu Diallo. Toutefois, il a tenu à souligner que le nombre de personnes qui bénéficie des médicaments avait doublé depuis septembre 2002, date à laquelle une rébellion armée a tenté de renverser le régime du président Laurent Gbagbo. "Nous progressons lentement, mais sûrement," a t-il fait remarquer. "Mais si l’on tient compte du fait qu’il y aura peut-être près de 250 000 personnes qui auront besoin d’ARV, on réalise l’ampleur de la tâche qui nous attend." Diallo a précisé que ce chiffre de 250 000 est une évaluation approximative des personnes en besoin de traitement fondée sur le taux de prévalence de 9,5 pour cent communiqué par le ministère de la Santé. Actuellement, près de 2 000 femmes, 1 500 hommes adultes et 600 enfants âgés de 0 à 14 ans sont sous traitement ARV en Côte d’Ivoire. L’objectif des 63 000 personnes sous traitement avait été défini dans le cadre de l’initiative 'Trois par cinq' de l’Onusida. Cette initiative vise à offrir, d’ici fin 2005, des antirétroviraux à quelques trois millions de personnes infectées vivant dans des pays en voie de développement. Fort heureusement, la disponibilité des fonds ne pose pas de problème en Côte d’Ivoire, puisque d’importants financements ont été consentis par la communauté internationale pour fournir à la majorité des personnes malades des médicaments à des prix subventionnés. La lutte contre le sida n’est pas une priorité "Le problème n’est pas d’ordre financier," a dit Diallo. "L’argent est disponible." "Mais avant de mettre quelqu’un sous traitement ARV, il faut d’abord lui faire subir un test de dépistage, ce qui implique que vous devez le convaincre de se faire dépister, même s’il ne se sent pas malade. Vous devez aussi veiller à ce que la personne n’ait pas peur de venir se faire dépister, de crainte que sa démarche ne fasse l’objet de commentaire de la part du voisinage." Avec un processus de paix chancelant et une économie en pleine déliquescence, la lutte contre le sida n’est pas une priorité pour les Ivoiriens, a indiqué Diallo. "Dans une situation comme celle que nous vivons actuellement, les gens ont bien d’autres préoccupations," a t-il souligné. Le processus de paix en Côte d’Ivoire a connu un sérieux accroc le 4 novembre lorsque les forces armées ivoiriennes ont rompu le cessez-le-feu en vigueur depuis 18 mois en bombardant les positions des rebelles. Ces raids aériens ont fait des douzaines de morts dans le nord et privé les habitants d’eau et d’électricité pendant dix jours, ce qui a provoqué une rapide détérioration des conditions sanitaires dans la région. Pendant plusieurs semaines, il était impossible de se rendre au nord du pays puisque les troupes gouvernementales se préparaient, sur la ligne de front, à lancer une offensive terrestre. Les raids aériens ont cessé après la destruction des avions et des hélicoptères de forces armées ivoiriennes par les soldats français de la force Licorne. Depuis, tout déplacement entre le nord et le sud, sous contrôle gouvernemental, est impossible et le personnel médical n’est pas autorisé ou est terrorisé à l’idée de se rendre dans les zones sous contrôle des rebelles. En juin dernier, les autorités ivoiriennes avaient annoncé un programme visant à réduire considérablement le coût des traitements destinés aux personnes vivant avec le sida, grâce à un prêt de 14 millions de dollars des Etats-Unis. Les patients participant à ce programme ne paient que 5 000 francs CFA (9 dollars) pour trois mois. Depuis septembre, un dispensaire d’Abengourou, une ville situé à l’est de la Côte d’Ivoire, prescrit et fournit des ARV subventionnés à des personnes vivant dans la région et atteintes du sida. Ceci porte à 10 le nombre de dispensaires en Côte d’Ivoire capables d’offrir un traitement spécialisé contre le VIH/SIDA -- même si la plupart de ces dispensaires sont concentrés dans la capitale économique Abidjan. L’ouverture de deux autres centres de santé spécialisés dans le traitement du sida à San Pedro, la grande ville portuaire du sud-ouest, et à Aboisso, dans le sud-est, a été reportée en février, en raison de la récente crise, a indiqué Diallo. Mais selon lui, la priorité pour l’année prochaine est d’ouvrir à Bouaké et de Korhogo, des villes aux mains des forces rebelles, des centres de santé capables d’effectuer des tests de dépistage et de prescrire des traitements ARV aux malades. La plupart des établissements de santé dans le nord sont gérés par des organisations humanitaires qui travaillent uniquement sur des programmes d’urgence. Diallo a indiqué également que dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, autant du côté des armées ivoiriennes que des forces rebelles, la plupart des établissements de santé avaient été détruits pendant les sept premiers mois du conflit. Toutefois, presque tous les programmes de lutte contre le sida initiés dans la région sud contrôlée par le gouvernement se poursuivent normalement, a t-il précisé. Pour Diallo, le manque de personnel médical compétent est l’un des plus importants problèmes rencontrés par les organisations de lutte contre le sida. "La disponibilité du personnel pose un sérieux problème, surtout dans la région nord," a t-il expliqué. "Nous avons un besoin urgent de personnel. Les médecins et les infirmières doivent être formés à l’administration d’ARV et, quand ils sont formés, il est difficile de les convaincre de travailler dans ces zones.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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