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Le cout économique du sida ne peut que s'accroitre

Malgré le peu de fiabilité des statistiques concernant la propagation du VIH/SIDA et son impact sur l’économie sud-africaine, des analystes appellent les autorités et les entreprises à prendre des mesures urgentes pour combattre le virus. On estime que la pandémie du VIH/SIDA réduit chaque année de 0,3 à 0,4 pour cent le taux de croissance de l’économie sud-africaine. Mais les prévisions font apparaître d’importants écarts liés aux différents modèles mathématiques utilisés par les experts financiers pour déterminer l’impact de la maladie sur l’économie du pays. Les résultats révélés par le cabinet Apt Associates sont néanmoins alarmants. Selon les analystes, le sida entraînera une baisse de 17 pour cent du Produit intérieur brut (PIB) d’ici à 2010, soit un manque à gagner pour l’économie du pays de 22 milliards de dollars. Moins pessimistes, les experts financiers de la banque ABSA, prévoient une baisse de 9,7 pour cent du PIB d’ici 2015, tandis que l’établissement financier ING Barings n’envisage qu’une baisse de 2,8 pour cent. "Il est difficile de quantifier l’impact du VIH/SIDA sur l’économie sud-africaine, mais nous avons la certitude qu’il y en aura un," a indiqué Gavin George, chercheur au département de l’économie de la santé et de la recherche sur le sida de l’université du KwaZulu-Natal, à Durban. Paradoxalement, l’épidémie du VIH n’a pas eu d’impact significatif sur les indicateurs macro-économiques en Afrique-subsaharienne en raison de la grande disponibilité de main d’œuvre qui permet d’absorber les pertes humaines sans que cela entraîne une baisse de production. Mais le capital humain n’est pas inépuisable. A en croire la Banque mondiale, quel que soit le niveau des taux envisagés, haut ou bas, les conséquences en termes de perte cumulée du PIB par habitant seront très importantes. Cela signifie qu’un pays comme l’Afrique du sud pourrait voir son économie décliner sur plusieurs générations s’il ne prend pas dès aujourd’hui des mesures urgentes pour lutter contre l’épidémie de sida. Le rapport de la Banque mondiale pour 2003 remarquait que «sans l’épidémie de sida, l’Afrique du sud aurait eu un taux de croissance certes modeste mais aurait connu une augmentation fulgurante du revenu par habitant». Dans un pays où 20 pour cent des personnes infectées sont âgées de 15 à 49 ans, l’Afrique du sud risque de perdre la moitié de son revenu par habitant dans les toutes prochaines générations ou dans les 90 années à venir, a conclu le rapport. Les effets néfastes du VIH/SIDA sur les économies sont ressentis à longs termes. En effet, la maladie prive des enfants d’une bonne éducation lorsqu’un ou les deux parents décèdent, et ébranle les bases de la croissance économique. "On retrouve les mêmes effets multiplicateurs chez l’individu : d’abord au niveau des ménages, ensuite au niveau des entreprises et des communautés, puis au niveau du système d’aide social," a indiqué le chercheur George. En décimant principalement les populations de jeunes adultes, le sida réduit le volume de l’assiette fiscale de l’Etat. Résultat : les finances publiques et les recettes fiscales sont moins importantes, limitant la capacité du gouvernement à financer les dépenses sociales élémentaires pour préserver le capital humain. Outre la santé et l’éducation, l’Etat doit également s’acquitter de certaines contraintes, comme les aides accordées aux orphelins du sida. Et pour équilibrer ces dépenses, il doit lever de nouveaux impôts. Au-delà de l’impact macroéconomique, la pandémie de sida a des implications financières très sérieuses pour le monde des affaires et menace directement la rentabilité et la compétitivité de l’entreprise : les taux d’absentéisme des personnes infectées sont importants, les funérailles nombreuses et le poids des familles à charge pèse sur l’employé. De leur côté, les entreprises supportent une augmentation des dépenses de soins de santé et de retraite, une perte d’une main d’œuvre qualifiée entraînant une désorganisation de la production, un besoin en formation plus important et des coûts de recrutement et de renouvellement de main d’œuvre plus élevés. Le résultat est une baisse des performances de l’entreprise et une augmentation de la rémunération des personnes peu qualifiées. Selon le Old Mutual Healthcare, par exemple, les dépenses de santé supplémentaires liées à la pandémie du VIH/SIDA pourraient s’élever à 3,8 milliards de dollars par an d’ici à 2009. Pour le Bureau sud africain de la recherche économique (BER), compte tenu du nombre de décès liés à la pandémie, les dépenses de consommation vont baisser, obligeant les entreprises à augmenter les prix pour compenser le niveau des coûts de production. D’ici 2010, l’espérance de vie de la population ne dépassera pas 43 ans, contre 60 ans si le sida n’existait pas. Selon certains analystes, la population active diminuera dans la foulée pour atteindre 23,5 pour cent d’ici 2015. Puisque qu’en Afrique du sud le virus est toujours au premier stade de son développement, il semble difficile de percevoir toutes les maladies et les décès qu’il pourrait occasionner à un stade plus avancé, ce qui impose aux entreprises de prendre des mesures urgentes pour combattre la pandémie. "De nombreuses entreprises souffrent déjà des conséquences du VIH/SIDA," a fait remarquer George. Le niveau de propagation de la maladie varie en fonction des secteurs d’activité. Le secteur minier, par exemple, est le plus touché par la pandémie et la main d’œuvre de ce secteur présente un taux de prévalence de 25 pour cent, suivi de près par le secteur de la fabrication, avec 19 pour cent. La construction, la vente en gros ou au détail sont des secteurs à faible risque, dont les taux de prévalence restent dans la moyenne. Selon le BER, le critère géographique est important : dans les provinces du KwaZulu-Natal et du Gauteng, où le taux de prévalence est élevé, près de 40 percent des entreprises indiquent que le sida a déjà eu un impact négatif sur leurs bénéfices. Dans l’ouest et l’est du Cap, le taux de prévalence est respectivement de 25 et 27 pour cent. L’impact négatif du sida sur le commerce peut aussi décourager les investisseurs, en particulier s’ils sont étrangers. "Le VIH pèse trop lourd sur les charges de l’entreprise," a indiqué George. Etant donné que les investisseurs étrangers ne veulent investir qu’en prenant le minimum de risque possible,"ils pourraient être amenés à quitter le pays," a t-il ajouté. Pourtant, les entreprises sud-africaines ont mis du temps à réagir. Seul un quart d’entre elles, les grandes sociétés en particulier, a mis en place des politiques sociales. Les petites et moyennes entreprises manquent souvent de ressources humaines et financières pour mettre en place un véritable programme de lutte contre le sida. Selon George, toutes ces entreprises doivent mettre leurs ressources en commun et présenter une stratégie globale, sous l’impulsion des autorités sud-africaines. Ainsi, le gouvernement peut offrir des allègements fiscaux aux entreprises qui proposent des traitements gratuits à ses employés afin de rendre la mise en œuvre de programmes de lutte contre le sida au sein de l’entreprise plus incitative. Le constructeur automobile Daimler Chrysler a été l’une des premières entreprises en Afrique du sud à avoir appliqué un programme global de lutte VIH. Le constructeur offre une formation sur le VIH/SIDA, des conseils et des tests de dépistage, ainsi que des traitements antirétroviraux pour l’employé et sa famille, soignée gratuitement. Daimler Chrysler pilote également des projets de lutte contre le sida dans les communautés où elle recrute sa main d’œuvre. Pour certains analystes, ces programmes sont des exemples à suivre pour élaborer une réponse globale à la pandémie. Comme l’a indiqué à IRIN le docteur Clifford Panter, coordinateur du programme VIH/SIDA chez Daimler Chrysler, le constructeur a senti la nécessité de mettre en place un programme d’entreprise dès le début des années 1990, à une époque où la maladie a commencé à «devenir pour le pays un obstacle à une politique économique durable»et un «réel problème de santé» pour ses employés. Il y a quelques années, Daimler Chrysler a réalisé que le coût de ses programmes de soins médicaux était très élevé et que le nombre de déclarations d’invalidité enregistré était important. Pour Panter, toutefois, le sida n’a pas encore eu d’impact réel sur la productivité ou sur le taux de renouvellement du personnel de l’entreprise. Selon lui, le plus gros risque est lié au fait que la société dépend de petits fournisseurs locaux qui n’ont, eux, aucun programme global de lutte et dont les approvisionnements étaient retardés ou de piètre qualité du fait de l’impact de la pandémie sur leur main d’œuvre.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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