« Le partage d’aiguilles et de seringues est très courant en Egypte. Ceci est très inquiétant parce que, bien que un pour cent seulement des IDU soient séropositifs, le pourcentage élevé de partage de seringues peut vouloir dire que nous sommes assis sur une bombe à retardement », a dit à IRIN Ehab Kharrat, conseiller principal pour le programme régional VIH/SIDA des Etats arabes (HARPAS) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Plusieurs études menées auprès de groupes témoins ont montré que 45 à 50 pour cent des utilisateurs de drogues en Egypte partageaient leurs seringues, a-t-il noté.
« Lorsque les IDU se procurent leur drogue, beaucoup d’entre eux n’attendent pas d’avoir une seringue ou une aiguille propre, ils utilisent la première qui leur tombe sous la main », a dit à IRIN Midhat Al-Arabi, responsable du programme pour les utilisateurs de drogues au Freedom drug rehabilitation centre, une organisation non gouvernementale locale.
« Ils [les utilisateurs de drogues] pensent que [se procurer] d’abord l’outil [la seringue] est un mauvais présage », a dit à IRIN, par téléphone depuis la capitale égyptienne, Le Caire, Mohammed (patronyme occulté à sa demande), 29 ans, qui a cessé de s’injecter de la drogue il y a huit mois. « J’achetais la drogue en premier, et je me l’injectais avec la première seringue que je trouvais ».
« Cette conviction augmente le risque de partage de seringues et donc de transmission du VIH et autres maladies [transmissibles par le sang] », a dit M. Midhat Al-Arabi.
Mohammed a expliqué qu’il avait appris qu’il était infecté au VIH au début de l’année 2009, quelques mois après avoir arrêté de se droguer. « Je suis quasiment sûr que je l’ai [contracté] via le partage de seringues. Je n’avais pas eu de relations sexuelles ou subi de transfusion sanguine ».
Photo: Ben Hubbard/IRIN |
Les toxicomanes issus de milieux défavorisés et ceux vivant dans les quartiers pauvres ne sont pas faciles à atteindre (photo d’archives) |
Une étude sur la dépendance aux drogues en Egypte menée en 2007 par le National Centre for social and criminal research a montré qu’entre 600 000 et 800 000 personnes souffraient de « troubles de dépendance à une substance » - environ 0,8 pour cent des 76 millions d’habitants du pays, selon M. Kharrat.
« Mais ce qui est prometteur, c’est qu’en ce moment nous avons trois ou quatre projets externes [sur le terrain] pour les IDU en Egypte et ces projets sont efficaces. Il y a aussi des centres de réinsertion [pour les toxicomanes] qui commencent à avoir un impact et qui, nous l’espérons, empêcheront l’épidémie de VIH de se propager parmi les IDU », a dit M. Kharrat, ajoutant que le taux de réussite du sevrage des drogues était de 40 à 60 pour cent.
M. Al-Arabi a dit que les programmes de réduction des risques commençaient à être acceptés en Egypte. « Nous avons un programme [à travers lequel] nous allons vers les toxicomanes pour les sensibiliser sur les pratiques dangereuses. Nous leur fournissons aussi des seringues propres qu’ils récupèrent au centre », a-t-il expliqué.
Prisons et quartiers pauvres
Le principal obstacle reste d’atteindre les utilisateurs de drogues en prison et dans les centres de détention, a dit M. Kharrat. « Il existe des preuves d’un trafic de seringues et de drogues dans les prisons et les centres de détention, mais il n’y a pas de programmes de prévention efficaces ».
IRIN a essayé de contacter l’institution en charge des prisons en Egypte mais personne n’était disponible pour répondre.
Les toxicomanes pauvres et ceux qui vivent dans les bidonvilles sont aussi difficiles à atteindre, selon M. Kharrat. « Les programmes externes pour les utilisateurs de drogues dépendent beaucoup de l’éducation par les pairs. Actuellement, de nombreux anciens consommateurs viennent de la classe moyenne, il est plus facile pour eux de toucher les personnes issues de la même classe [sociale] ».
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