Pour la première depuis plusieurs années, les élèves des écoles primaires ont débuté une nouvelle année scolaire, le 6 octobre, au Togo, sans payer de frais d’inscription. Le gouvernement a supprimé ces frais de scolarité grâce à un investissement de plus de 80 millions de dollars dans le système éducatif.
Si les parents se réjouissent de ces économies, les administrateurs, surpris par l’annonce inattendue de cette mesure, s’inquiètent de savoir comment ils pourront assurer la poursuite des activités scolaires que ces frais leur permettaient de financer.
Quant aux parents, ils économiseront 3,70 dollars et 5,10 dollars, respectivement, pour chaque fille et chaque garçon élèves du primaire, dans un pays où les revenus mensuels moyens s’élèvent à environ 33 dollars, selon la Banque mondiale.
Pour Yao Vincent Nouchet, directeur d’une école primaire de Kangnicope, à trois kilomètres de Lomé, la capitale, et secrétaire général du Syndicat national des enseignants du primaire, cette nouvelle politique risque d’être problématique pour les écoles.
« En principe, nous n’avons rien contre la suppression des frais. C’est bien pour les parents, mais nous n’y étions pas préparés. Nous comptons sur un pourcentage de ces frais pour approvisionner nos classes, pour financer nos activités culturelles et nos programmes d’assainissement, et pour payer les assistants », a-t-il dit.
L’annonce, par le ministère de la Communication, de la suppression des frais de scolarité, le 1er octobre, inquiète M. Nouchet, qui craint également un afflux imprévu de nouveaux élèves.
« Nous craignons que les parents qui ont inscrit leurs enfants dans des écoles privées ne passent désormais aux établissements publics, alors que nous avons déjà fixé notre budget en fonction d’un certain nombre d’élèves. Mais au moins, cette politique pourra augmenter le taux d’inscription des filles ».
Si 78 pour cent des enfants du Togo sont inscrits à l’école primaire, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) au Togo, le taux d’inscription des filles est toujours resté bien inférieur à celui des garçons, atteignant tout au plus 35 pour cent.
Mais pour Pape Sow, ancien directeur de la planification et de la réforme au ministère sénégalais de l’Education, même la gratuité de la scolarité ne suffira sans doute pas à augmenter le nombre de filles dans les classes.
« Au Sénégal, nous n’avons atteint la parité dans les classes du primaire qu’après avoir travaillé pendant près de 10 ans à améliorer l’accès des filles à l’école. Mais cette parité se perd au cursus secondaire. Les filles quittent les bancs de l’école pour travailler comme domestiques, par exemple. Nous ne pouvons pas contrôler la demande en éducation », a-t-il dit.
Selon M. Sow, certains parents sénégalais préfèrent simplement les écoles coraniques aux écoles publiques, indépendamment des frais. En outre, a-t-il ajouté, si le premier défi consiste à scolariser les élèves, faire en sorte qu’ils restent à l’école est également une lutte constante.
Pour le moment, les enseignants togolais tentent d’accueillir une vague de nouveaux élèves exemptés de frais. Kossiwavi Dotsou, directrice de l’école primaire d’Ahanoucope, à Lomé, a indiqué à IRIN qu’elle n’avait pas eu assez de manuels scolaires ni d’enseignants le jour de la rentrée.
« Nous avons déjà une pénurie d’enseignants, que j’avais fait remarquer avant les vacances scolaires, au cours d’une précédente évaluation. J’espère que ce problème sera résolu rapidement […] Nous allons faire en sorte que cela fonctionne ».
Les autorités togolaises n’ont quant à elles pas indiqué en détail comment le gouvernement comptait modifier les activités scolaires de façon à compenser le déficit.
L’UNICEF a fait savoir qu’il aiderait à mener une étude visant à évaluer la mise en œuvre de la première politique globale, adoptée dans le pays sur la gratuité scolaire dans les établissements primaires.
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