« Partenaires multiples et simultanés » est l’une des nouvelles expressions à la mode dans le jargon VIH/SIDA. Cette expression fait référence aux comportements qui consistent à avoir plusieurs partenaires sexuels à la fois, et qui, selon les spécialistes, sont l’un des facteurs clés de la propagation de l’épidémie en Afrique australe.
D’après les résultats d’une étude conduite en 2005 auprès de la population sud-africaine, 25 pour cent des femmes et 40 pour cent des hommes âgés entre 15 et 24 ans ont des rapports sexuels avec différents partenaires.
Le Soul City Institute for Health and Development Communication, un institut de communication sur la santé, a mené une enquête afin de tenter de comprendre les raisons sous-jacentes de tels comportements et de définir la manière dont les Sud-Africains considèrent vraiment ces relations.
A l’occasion de la 4ème conférence des associations de santé publique d’Afrique du Sud organisée au Cap début juin, le professeur Sue Goldstein, chercheur au Soul City, a présenté les résultats d’un travail accompli auprès de groupes de discussion regroupant des hommes et de femmes de toute l’Afrique du Sud.
« Les partenaires multiples et simultanés semblent être la norme dans de nombreuses communautés sud-africaines », a-t-elle déclaré.
Les comportements et les croyances qui appuient cette norme sont « étrangement semblables » dans les régions rurales et urbaines et ils rappellent ceux mis au jour par des études similaires menées dans d’autres pays de la région.
Un partenaire principal et un partenaire secondaire
Les hommes et les femmes font tous deux référence à une relation principale, à long terme, fondée sur l’amour, et à des relations secondaires qui satisfont d’autres besoins. Pour les femmes, ces besoins sont souvent d’ordre financier, et parfois sexuel.
« Vous savez quand vous vous ennuyez au lit avec un homme et vous savez quand vous vous amusez », a confié une femme ayant participé à un groupe de discussion dans la province rurale du KwaZulu-Natal. « Vous continuez à voir [le premier] car il peut vous apporter autre chose, mais vous savez qu’il ne vous convient pas d’un point de vue sexuel. »
Les hommes reconnaissent laisser leurs yeux se balader et être attirés par des femmes plus jeunes et plus « fraîches », qui sont moins susceptibles de défier leur autorité. Ils ont tendance à faire confiance à la fidélité de leur partenaire principale et ils n’utilisent pas de préservatifs avec elle, bien qu’ils aient parfois des rapports sexuels non protégés avec d’autres femmes.
Les femmes considèrent souvent l’infidélité de leur partenaire comme une conséquence « naturelle et inévitable » des désirs sexuels incontrôlables des hommes. En outre, pour justifier l’infidélité des hommes, les femmes invoquent des attentes culturelles, selon lesquelles ces derniers doivent avoir plusieurs partenaires.
Par ailleurs, certaines femmes préfèrent ignorer l’infidélité de leur partenaire afin de ne pas briser leur famille, alors que d’autres décident d’être à leur tour infidèles.
« Je fais mes choses de mon côté, j’appelle mon ‘makhwapheni’ [‘personne cachée’ en langue locale – un compagnon] et je m’amuse. Ainsi, je ne m’inquiète pas des sorties tardives [de mon époux] », a expliqué une habitante de Free State.
De nombreux hommes ont confié que l’alcool alimentait leurs désirs sexuels. Par conséquent, ceux-ci sont moins susceptibles d’avoir des rapports sexuels protégés. Ils ont aussi mentionné la pression des pairs comme étant une autre raison principale de leur infidélité.
« Si je n’ai pas de rapports sexuels, mes amis se moqueront de moi. Je veux donc leur démontrer le contraire en ayant plus d’une partenaire sexuelle à la fois », a dit un habitant de la province rurale du Limpopo, dans le nord du pays.
Le rôle important de la sexualité
Les hommes comme les femmes ont décrit la sexualité comme un élément vital de leurs relations et de leur vie en général. Certains ont même indiqué qu’il s’agissait d’un élément essentiel à leur bonne santé. Malgré tout, ils ont tous deux de grandes difficultés à parler de sexualité avec leurs partenaires.
La plupart des participants aux groupes de discussion ont de solides connaissances et une bonne compréhension du VIH/SIDA, mais malgré cela, ils adoptent une attitude fataliste à l’égard d’une éventuelle contamination.
« Même si tu n’attrapes pas le sida, tu mourras quand même d’autre chose; nous allons tous mourir un jour », a déclaré une adolescente de Free State.
Sue Goldstein a conclu que les pratiques sexuelles à risque étaient non pas liées au niveau de connaissances, mais au niveau de contrôle de la sexualité.
« Même si vous ne trompez pas votre mari, vous ne pouvez garantir d’être protégée du VIH/SIDA, car vous ne savez pas ce que fait votre mari. Il peut être contaminé lors de ses sorties. Tout ce que vous pouvez faire est de prier et vous en remettre à Dieu qui vous protègera, car il est le médecin de tous les malades », a estimé une des participantes.
Le Soul City souhaite intégrer ces résultats dans une nouvelle campagne quinquennale de prévention contre le VIH.
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