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Il n’y a plus d'amour interdit

Il y a un an, l’avenir de Camille Liu* se présentait bien. Au Mozambique, où il travaillait comme électricien, il avait rencontré une femme avec laquelle il se sentait « parfaitement assorti ». Ils étaient tombés amoureux, avaient décidé de rentrer vivre dans le pays d’origine de Camille, l’île Maurice, de se marier et d’avoir des enfants.

Mais lorsqu’Anna Magurra* est arrivée dans cette île tropicale de l’Océan indien, prête à accepter la demande en mariage de son fiancé, il lui a fallu effectuer les démarches administratives requises par la loi pour autoriser leur union –l’une d’entre elles était un test de dépistage du VIH.

Les résultats d’Anna sont tombés : elle était séropositive. « J’étais choqué, effondré, incroyablement triste et terrifié », a raconté Camille.

Quelques jours plus tard, les autorités mauriciennes leur ont signifié qu’ils ne seraient pas autorisés à se marier et qu’Anna devait quitter le pays dans un délai de quelques jours.

La législation mauricienne stipule que tous les étrangers qui veulent épouser des ressortissants mauriciens doivent faire le test de dépistage du VIH. En cas de résultat positif, ils sont rapatriés dans leur pays d’origine.

Début 2008, cependant, le gouvernement a amendé la loi, et le couple peut désormais légalement se passer la bague au doigt.

Se battre pour pouvoir se marier

Assis dans un café de la capitale, Port Louis, Camille, un Sino-mauricien d’une trentaine d’années, a l’air heureux et détendu, à quelques jours de son mariage.

« Après le choc, je me suis ressaisi », a-t-il raconté à IRIN/PlusNews. « Je lui [Anna] ai promis que je me battrais et que je ferais tout pour l’épouser et pour l’aider à rester avec moi à Maurice ».

Camille a contacté Dhiren Moher, un activiste de la lutte contre le sida, et l’une des rares personnes à avoir publiquement révélé son statut sérologique dans le pays. M. Moher a alors lancé une campagne de sensibilisation pour amener le gouvernement mauricien à modifier sa politique discriminatoire.

Mais la lutte n’est pas terminée. L’île Maurice est toujours dotée de lois qui interdisent aux étrangers séropositifs d’obtenir un droit de travail, et M. Moher tente maintenant d’obtenir des autorités qu’elles révisent cette législation.

Le mariage de Camille et Anna sera célébré dans l’intimité, au cours d’une cérémonie à laquelle assisteront leurs proches parents, qui ont soutenu le couple dans son combat.

Le choix de la discrétion

Leur voisinage n’est pas informé de leur situation, et Camille et Anna savent que la stigmatisation est une lutte qu’ils n’ont pas encore gagné dans ce pays où très peu de gens ont ouvertement affiché leur séropositivité.

« Nous voulons garder le secret pour que notre vie soit un tout petit peu plus facile », a expliqué Camille.

Le taux de prévalence du VIH à l’île Maurice est estimé à 1,8 pour cent, mais le pays est confronté à un problème de drogue de plus en plus critique, qui augmente les risques d’infection.

Selon les estimations, 92 pour cent des nouvelles infections au VIH à Maurice sont liées à la consommation de drogues injectables, comparé à 14 pour cent en 2002.

« Des lois telles que celle qui interdit le mariage avec des étrangers séropositifs n’aident pas du tout à résoudre le problème du sida », a estimé Nicolas Ritter, un activiste de l’organisation locale de lutte contre l’épidémie PILS (Prévention, intervention, lutte contre le sida).

« Cette loi est discriminatoire et prive les gens de leurs droits les plus élémentaires », a dit à IRIN/PlusNews cet homme, l’un des tout premiers à avoir publiquement révélé sa séropositivité à l’île Maurice.

*Des noms d’emprunt

nr/kn/oa/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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