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Des droits, mais aussi des devoirs

Obligation d’informer et de s’informer, obligation de protéger : la seule manière d’endiguer l’épidémie de VIH/SIDA en Afrique est d’être conscient de ses devoirs autant que de ses droits, ont plaidé des personnes vivant avec le virus lors d’un atelier régional sur les droits des personnes séropositives.

Tout en soulignant l’importance de défendre et de faire reconnaître les droits des personnes vivant avec le virus, les participants à cet atelier organisé en mai à Brazzaville, au Congo, ont décidé de mettre autant l’accent sur leurs droits que sur leurs devoirs.

« J’ai des devoirs et des obligations vis-à-vis de ma famille et de tous ceux qui m’entourent. J’ai surtout le devoir de leur dire de quel mal je souffre pour que je sois acceptée comme telle », a dit à IRIN/PlusNews, Rafiatou Ouro Taga, activiste au sein du Centre initié pour la lutte contre le sida au Togo, en marge de cet atelier organisé en mai à Brazzaville, au Congo.

Pour Mme Ouro Taga, la maladie dont elle souffre n’est plus, et ne doit plus être, un sujet tabou, dans l’intérêt des générations futures. « C’est plutôt une maladie comme toutes les autres maladies, incurables ou [pas]. Il faut en parler, surtout aux enfants qui ont leur avenir à sauvegarder », a-t-elle plaidé.

Séropositive depuis plusieurs années, elle a révélé son statut sérologique à sa jeune fille adolescente.

« Ma fille me voyait avaler des comprimés chaque jour. Par devoir de maman, je lui ai dit pourquoi je prenais ces médicaments et à quoi ils servaient », a-t-elle raconté. « Il est temps de démystifier la maladie en éduquant les enfants et en les amenant à comprendre la réalité ».

L’atelier régional sur les droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA auquel a participé Mme Ouro Taga a réuni dans la capitale congolaise des activistes de la lutte contre l’épidémie, défenseurs des droits humains, magistrats et avocats venus de 11 pays d’Afrique de l’Ouest et du centre à l’initiative de l’organisation Azur développement du Congo et du Réseau Sida Afrique, qui regroupe 230 membres dans 17 pays d’Afrique francophone.

Dans la déclaration finale rédigée à l’issue de l’atelier, la société civile africaine engagée dans la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose a recommandé « aux [personnes vivant avec le VIH] une plus grande prise de conscience sur la question de leurs droits, mais aussi, de leurs devoirs vis-à-vis d’elles-mêmes et de la communauté ».

Le devoir d’informer a été cité parmi les toutes premières obligations des personnes séropositives.

« La femme infectée doit être comme le premier acteur de son foyer et de sa famille. Elle doit d’abord faire l’annonce de son statut pour être à l’aise et ensuite éduquer », a soutenu Lydie Akesse, vice-présidente de l’Association des femmes vivant avec le sida en Côte d’Ivoire.

Séropositive depuis 10 ans et mère de trois enfants, Mme Akesse a insisté sur les bénéfices de la reconnaissance publique de son statut. « Nous avons donné un visage humain au sida. Nous devons continuer à le faire », a-t-elle dit.

Informer et s'informer pour protéger

Le devoir des femmes séropositives voulant enfanter de s’informer sur l’épidémie et sur les risques liés à la maternité a aussi été souligné.

« Une femme [séropositive] doit savoir lire son bilan de santé avant de [décider] une grossesse. Elle ne doit pas mettre le médecin devant le fait accompli, mais plutôt demander son avis pour un monde sans sida », a estimé Esther Pabou Mbaki, responsable de la communication au Réseau national des associations des positifs du Congo.

Mme Pabou Mbaki a défendu le droit des femmes infectées à la procréation et reconnu la légitimité du désir de maternité, mais a également insisté sur le devoir d’informer son conjoint de son statut sérologique.

Sur le lieu du travail, les personnes vivant avec le VIH doivent pouvoir révéler leur statut à leur employeur, afin d’être prises en charge ou d’obtenir une réduction du temps de travail, lorsque l’état de santé du travailleur le requiert.

«Une personne vivant avec le VIH doit informer son employeur de son statut sérologique lorsque les nécessités l’exigent –besoin de réaménagement du poste ou du temps de travail », a dit Tanguy Nzue Obame, inspecteur du travail à Franceville au Gabon.

Ce devoir suppose néanmoins que les droits des personnes vivant avec le VIH sont préalablement garantis et protégés, et que le travailleur ne sera pas discriminé, voire licencié, du fait de son statut sérologique –le thème de l’assistance judiciaire a d’ailleurs été évoqué lors de l’atelier.

La question de la criminalisation de la transmission volontaire du VIH/SIDA, qui suscite des débats dans de nombreux pays, a également été largement discutée.

Les magistrats, avocats et acteurs de la lutte contre le sida ont noté l’existence de cas de personnes infectées qui transmettent la maladie de façon consciente et volontaire à leur entourage, et ont estimé qu’il fallait la considérer comme un crime et la sanctionner, par devoir de protéger l’autre.

Pour Moïse Sola, magistrat, enseignant à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville, la transmission volontaire du sida doit être punie, mais, a-t-il ajouté, à condition qu’en amont soit menée une politique de sensibilisation, de suivi des soins, d’éducation sexuelle qui mettrait le préservatif au centre des efforts de prévention, de la prise en charge psychologie et judiciaire des malades.

L’urgence de protéger par tous les moyens possibles, les générations futures, est revenu à plusieurs reprises lors de cet atelier. « Nous avons le devoir de soutenir toute action visant à protéger la jeunesse ; de l’éviter à courir un risque de contamination », a affirmé Aimée Sidonie Gribingui de l’Association des personnes vivant avec le VIH de la République centrafricaine.

lmm/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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