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L'aide alimentaire aux orphelins menacée par la hausse des prix

Elizabeth Kineelwe, cuisinière dans un centre d’accueil qui distribue des repas et apporte du soutien aux orphelins et aux familles démunies de Soweto, le plus grand township de Johannesbourg, se retrouve sur la ligne de front d’une bataille nationale.

En effet, elle est confrontée à une augmentation des denrées alimentaires, tant et si bien que ces derniers jours, elle a essentiellement préparé de la soupe aux choux.

« Autrefois, je faisais rôtir du poulet pour les enfants, mais maintenant, ce n’est plus possible », a-t-elle déploré.

« Hier, j’ai dépensé 6,19 rands [soit 0,81 dollar] pour acheter du chou. Il y a six mois, cela coûtait deux ou trois rands », a-t-elle poursuivi.

Contrairement au prix des denrées de base, comme le pain, le riz et le maïs, qui ne cesse de grimper, les fonds que reçoit l’organisation Nanga Vhutshilo [Choisir la vie, en langue venda] Positive Living, de la part du ministère du Développement social, n’augmentent pas.

« Nous recevons toujours la même somme d’argent, mais nous la dépensons plus vite », a dit Sibongile Mazibuko, fondatrice et directrice du centre. « En conséquence, nous devons aller de l’avant et amasser des fonds. Mais cela est très difficile, car même les entreprises que nous démarchons ont moins d’argent à consacrer [aux oeuvres] sociales ».

D’autres organisations communautaires de lutte contre le VIH/SIDA, qu’elles soient basées à Soweto ou ailleurs en Afrique du Sud, sont confrontées à des défis semblables.

Elizabeth Rapuleng, qui gère un centre d’accueil pour enfants, a confié à IRIN/PlusNews que la boulangerie locale avait cessé de lui donner gracieusement du pain.

« Nous avons tenté de réduire le nombre d’enfants auxquels nous distribuons de la nourriture, mais les enfants continuent de venir au centre. Nous devons donc juste faire en sorte de nourrir plus de bouches avec les mêmes quantités de nourriture », a-t-elle dit.

La crise alimentaire mondiale, une crise locale

Alors que la croissance démographique et les changements d’habitudes alimentaires dans les pays en développement ont créé une demande accrue en denrées alimentaires, des conditions météorologiques imprévisibles associées à une flambée du prix des engrais et à l’augmentation de terres agricoles réservées à l’industrie des biocarburants ont entraîné une chute de la production.

Les conséquences de la pénurie alimentaire se font ressentir aux quatre coins du monde. Toutefois, sur les 36 pays confrontés à une « une crise de sécurité alimentaire », selon les termes de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, 21 se trouvent en Afrique subsaharienne.

« Tout le monde est touché par la flambée des prix des denrées alimentaires », a déclaré Peter Smerdon, porte-parole du Programme alimentaire mondial. « Mais ce sont les plus pauvres des pauvres qui en souffriront le plus ».

Selon le professeur Alan Whiteside, directeur de la division de la recherche sur le VIH/SIDA et l’économie de la santé à l’Université du Kwazulu-Natal, l’épidémie compromet les capacités des foyers à produire et à acheter de la nourriture lorsque les foyers voient des adultes productifs emportés par la maladie.

« Les individus sautent des repas, mangent de la nourriture de moins bonne qualité. Il s’agit d’une catastrophe qui vient s’ajouter à un problème chronique », a expliqué M. Whiteside.

Pour les nombreuses familles sud-africaines qui ont déjà perdu des membres productifs des suites de l’épidémie de VIH/SIDA, l’augmentation du prix des denrées alimentaires et des transports est particulièrement difficile à supporter cette année.

Bien que les 312 enfants accueillis par Nanga Vhutshilo Positive Living ne soient pas tous séropositifs, tous sont affectés par le VIH d’une certaine manière, a indiqué Sibongile Mazibuko.

En effet, ces jeunes vivent souvent avec leur grand-mère ou avec leurs frères et soeurs plus âgés et dépendent du centre, qui leur offre quotidiennement des repas et leur distribue des colis alimentaires qu’ils rapportent chez eux une fois par mois.

De plus en plus de difficultés à se nourrir

Sarah Motau, une jeune fille de 17 ans qui vit avec sa tante et ses cousins depuis le décès de sa mère il y a trois ans, s’arrête tous les jours au centre, après l’école.

« Sans cet endroit, je serais peut-être devenue une enfant des rues », a-t-elle dit, entre deux bouchées de ragoût de légumes.

La tante de Sarah fait vivre une famille de huit personnes grâce à une pension alimentaire de 220 rands [29 dollars] par mois et quelques emplois occasionnels.

« Nous dépendons vraiment des colis alimentaires du centre », a insisté Sarah. « Sans eux, nous serions pauvres ».

D’après Mme Mazibuko, le ministère du Développement social pourrait cesser de financer les colis alimentaires à la fin du mois de mai pour ne subventionner que la nourriture distribuée aux enfants qui se rendent au centre.

« Nous ne menons pas de programme visant à lutter contre la pauvreté, mais nous menons un programme destiné aux orphelins et enfants vulnérables. Cependant, les enfants viennent avec leur famille », a-t-elle expliqué à IRIN/PlusNews.

Lundi 13 mai, le gouvernement a annoncé le lancement d’un programme appelé « Aide sociale de détresse », dans le cadre duquel des colis alimentaires et des coupons seront distribués aux familles les plus nécessiteuses, pendant une période de trois à six mois.

Cette aide sera ainsi versée aux familles ayant perdu des membres productifs, ainsi qu’aux foyers dont le chef de famille ne peut travailler pour des raisons de santé.

Mme Mazibuko craint que de nombreux foyers soutenus par son organisation n’aient pas les papiers nécessaires pour bénéficier de cette aide.

« Il serait préférable que le ministère du Développement social fasse appel à des organisations comme la nôtre pour l’aider », a-t-elle estimé.

Personne n’échappe au marasme économique

Les travailleurs sociaux dont dépendent les organisations communautaires de lutte contre le VIH/SIDA sont rarement mieux lotis que les personnes qu’ils assistent.

Nanga Vhutshilo a expliqué ressentir les conséquences du départ de nombreux travailleurs, y compris bénévoles, qui n’avaient plus les moyens de se rendre jusqu’au centre, à cause de l’augmentation du prix des transports publics.

« Personne n’échappe au marasme économique », a déclaré Sibongile Mazibuko. « Beaucoup de gens très compétents ont dû cesser de travailler, car je ne pouvais augmenter leur salaire ».

Mpho Mtsiko, une jeune femme de 28 ans qui travaille auprès de Nanga Vhutshilo, fait vivre neuf membres de sa famille avec une bourse mensuelle de 1 000 rands [130 dollars], qu’elle reçoit du gouvernement en échange de son emploi au centre.

Sa mère a perdu son emploi à l’usine depuis 1994 et n’a jamais retravaillé depuis. Son frère est lui aussi sans emploi.

« Si je ne m’occupe pas d’eux, qui le fera ? », s’est-elle interrogée.

Pour suivre son cours sur le travail social, Mpho Mtsiko doit prendre le minibus, dont le tarif ne cesse d’augmenter, tant et si bien qu’elle dépense près de 20 pour cent de sa bourse dans les frais de transport. Les 80 pour cent restant sont consacrés à l’achat de vivres.

En outre, sa mère doit s’occuper d’une petite nièce de six ans séropositive.

« Sa santé est prioritaire », a expliqué Mpho Mtsiko. « Nous essayons de lui donner une alimentation équilibrée, mais cela est difficile compte tenu des prix des denrées alimentaires. »

Dans le petit jardin situé derrière le centre, un bénévole arrose quelques plants d’épinards.

« Au moins, nous avons un jardin qui nous permet d’avoir quelques légumes, mais à l’approche de l’hiver, c’est un problème », a conclu Sibongile Mazibuko.

ks/he/cd/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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