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Pour les patients atteints de tuberculose à bacilles résistants, l’hôpital devient une prison

Suite aux événements qui se sont produits dans un hôpital d’Afrique du Sud où des patients atteints de tuberculose à bacilles résistants voulaient désespérément passer les vacances auprès de leur familles, des experts de la santé publique se sont interrogés afin de savoir si l’isolement était la façon la plus efficace et humaine de soigner ces malades.

Le 20 mars dernier, 25 patients atteints de tuberculose à bacilles multirésistants (MDR-TB) et huit autres souffrant de tuberculose ultra résistante (XDR-TB) ont déjoué la surveillance des gardes de l’hôpital antituberculeux Jose Pearson, à Port Elizabeth, dans la province du Cap-oriental. Le 24 mars, 21 patients ont regagné l’hôpital, la plupart d’entre eux y sont revenus volontairement alors que quatre autres y sont retournés à la suite d’une ordonnance d’un tribunal.

La MDR-TB est une souche qui résiste aux deux traitements antituberculeux les plus efficaces, la XDR-TB, quant à elle, est une souche qui résiste à ces deux traitements, ainsi qu’à au moins deux autres médicaments. Conformément à la législation d’Afrique du Sud, des soins ambulatoires sont dispensés aux malades atteints de tuberculose non résistante, qui doivent suivre six mois de traitement.

En revanche, les patients atteints de tuberculose à bacilles résistants sont hospitalisés jusqu’à ce qu’ils ne soient plus contagieux. En outre, les personnes souffrant de XDR-TB, la souche la plus difficile à traiter et posant le plus grand risque de santé publique, doivent demeurer hospitalisés jusqu’à deux années, isolés de leur famille et confrontés à l’éventualité de mourir avant d’être libérés.

Le taux de mortalité moyen chez les patients atteints de XDR-TB dépasse tout juste les 50 pour cent, mais il approche les 85 pour cent chez les malades séropositifs, selon le Conseil de recherche médicale d’Afrique du Sud.

D’après les descriptions faites par les patients, les services de contagieux où ils sont mis en quarantaine ressemblent à des prisons. Bien qu’un certain nombre d’hôpitaux aient installé des billards, des télévisions et du matériel de gymnastique afin d’aider les patients à combattre l’ennui et la dépression, ils ont également renforcé le système de sécurité en employant un plus grand nombre de gardes et en construisant des barrières plus élevées.

Malgré ces mesures, les patients s’enfuient régulièrement des hôpitaux et sont recherchés par les autorités sanitaires qui craignent que la maladie aérogène ne se propage au sein de familles et des communautés.

L’Afrique du Sud lutte contre la double épidémie de tuberculose et de VIH. En effet, en 2006, le pays affichait le taux de prévalence de la tuberculose ainsi que le taux de mortalité liés à la tuberculose les plus élevés au monde, selon le Rapport mondial 2008 sur la lutte contre la tuberculose publié ce mois-ci par l’Organisation mondiale de la santé OMS). Les personnes vivant avec le VIH courent 50 fois plus de risques de développer une tuberculeuse active que le reste de la population. Toutefois, en 2006, en Afrique du Sud, seul un tiers des patients atteints de tuberculose avait subi un test de dépistage du VIH.

Afin d’endiguer la propagation de la tuberculose à bacilles résistants, il est essentiel de s’assurer que les patients observent les six mois de traitement. D’après le rapport de l’OMS, le taux de guérison en Afrique du Sud est à peine supérieur à 58 pour cent, et est, après celui enregistré en Ouganda et en Russie, le taux le plus bas du monde. Ainsi, un tel pourcentage indique que de nombreux patients n’observent pas leur traitement.

Selon Arnaud Trebucq, qui fournit une aide technique à la division tuberculose de l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, une organisation créée afin d’aider les pays à faible revenu à lutter contre la tuberculose et les maladies respiratoires, l’augmentation du taux de guérison de la tuberculose en Afrique du Sud serait un moyen de lutte contre la MDR-TB et la XDR-TB beaucoup plus efficace que l’isolement des patients.

Les patients atteints de tuberculose à bacilles résistants représentent une menace importante pour leurs familles et leurs communautés lors de la période, souvent longue, durant laquelle la maladie n’a pas encore été diagnostiquée, a souligné M. Trebucq. « Si le patient réagit au traitement, il sera contagieux durant une courte période. Ainsi, contrôler l’infection en mettant les patients en quarantaine ne semble pas être la solution la plus efficace », a-t-il dit à IRIN/PlusNews.

Si les autorités sanitaires décident d’hospitaliser les patients atteints de MDR-TB et de XDR-TB, c’est principalement pour mieux superviser les traitements complexes et toxiques qu’elles prescrivent aux patients. « En règle générale, on prescrit beaucoup de médicaments différents aux patients, si on garde ces derniers à l’hôpital, on peut davantage s’assurer qu’ils prennent tous les médicaments, dans le cadre d’un traitement directement observé », a-t-il expliqué.

« Cependant, il faut discuter avec les patients de la durée de leur séjour à l’hôpital, il s’agit donc d’un accord », a-t-il précisé.

En outre, l’OMS ne recommande l’isolement forcé des patients porteurs de la tuberculose qu’en dernier ressort. « Il est de toute évidence important d’isoler les patients atteints de MDR-TB et XDR-TB, surtout lorsqu’ils sont contagieux », a estimé le docteur Paul Nunn du Département Halte à la tuberculose de l’OMS. « Mais la nécessité de les isoler par force est beaucoup moins évidente », a-t-il poursuivi.

Outre les questions liées aux droits de l’homme qui entourent l’isolement forcé, les derniers résultats d’un certain nombre d’études indiquent que les hôpitaux seraient des terrains propices à la propagation de la tuberculose à bacilles résistants. En effet, des recherches menées à Church of Scotland Hospital, à Tugela Ferry, dans la province du KwaZulu-Natal, où une flambée de XDR-TB a coûté la vie à 50 personnes en 2006, ont révélé que la plupart des cas de tuberculose à bacilles résistants étaient liés à des infections aérogènes, souvent contractées au sein d’un hôpital, et non à une mauvaise observance d’un traitement antituberculeux de la part des patients.

En outre, un rapport publié dans le New York Times, la semaine dernière, a indiqué, en reprenant les propos d’une infirmière, que même dans les hôpitaux antituberculeux comme celui de Jose Pearson, à Port Elizabeth, où les patients souffrant de XDR-TB demeurent dans des services différents de ceux des malades atteints de MDR-TB, ces derniers contractaient des XDR-TB à un « taux extrême ».

Le professeur Greg Hussey, directeur de l’Institut de maladies infectieuses et de médecine moléculaire à l’Université de Cape Town, a reconnu que les hôpitaux pouvaient être des « environnements dangereux », surtout pour les patients dont le système immunitaire est affaibli par le VIH. « Si l’on veut protéger les patients, il faudrait leur prodiguer des soins à domicile », a-t-il dit.
 
Le professeur Greg Hussey compte parmi ceux qui croient que compte tenu de l’ampleur de l’épidémie de tuberculose à bacilles résistants, l’Afrique du Sud doit adopter un autre démarche. En outre, il a rappelé à IRIN/PlusNews que les hôpitaux dépassaient déjà leur capacité et manquaient de ressources pour s’occuper des patients, hospitalisés pour de longues périodes, qui s’ennuyaient.

« Nous formulons des hypothèses en nous fondant sur ce que nous pensons être le mieux pour les patients. Cependant, si vous abordez les questions liées à la complaisance, vous devez avoir des patients qui ont confiance en ce que vous faites pour eux, et vous devez créer un environnement qui les incite à suivre leur traitement », a-t-il affirmé.

Pour Greg Hussey, le domicile et les communautés constituent les environnements les plus propices pour les patients qui se portent suffisamment bien et dont les symptômes ne nécessitent habituellement pas une hospitalisation.

ks/cd/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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