Becky Mugisha* souffrait d’une toux sèche depuis trois mois lorsqu’elle a été admise dans l’un des services de traitement de la tuberculose les plus bondés de Kampala. Pourtant, elle avait reconnu ses propres symptômes bien avant son hospitalisation. C’était en effet la deuxième qu’elle se trouvait aux prises avec cette maladie.
La dernière fois que Mme Mugisha avait contracté la tuberculose, environ un an auparavant, elle avait été mise sous traitement pendant six mois. En tant que personne séropositive, elle était habituée à prendre chaque jour une multitude de comprimés, mais elle n’avait pas achevé son traitement car le dispensaire de Wakiso, où elle vit, à quelques kilomètres à peine à l’est de Kampala, la capitale, avait épuisé son stock de médicaments contre la tuberculose.
Le système immunitaire compromis de Mme Mugisha et ses antécédents médicaux la prédisposaient donc à contracter la tuberculose multi-résistante (MDR-TB), une souche de la maladie qui exige un traitement plus onéreux et plus long, et affecte 4,4 pour cent des patients tuberculeux ayant déjà suivi un traitement contre la tuberculose en Ouganda, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Aujourd’hui, Mme Mugisha est hospitalisée et soignée au service de traitement de la tuberculose de l’hôpital de Mulago, principal hôpital de référence de Kampala. Si bon nombre d’hôpitaux et de centres de santé situés hors de Kampala soignent la tuberculose, rares sont ceux qui peuvent faire face aux cas de MDR-TB, qui exigent souvent l’hospitalisation du patient pendant une période prolongée.
Selon le Rapport mondial 2008 sur la lutte contre la tuberculose, publié par l’OMS cette semaine, l’Ouganda se distingue tristement en ce qu’il affiche le taux de guérison de la tuberculose le plus faible au monde : seulement 32 pour cent. Le rapport note également qu’en 2004 et 2005, de tous les pays à la charge de tuberculose importante, l’Ouganda affichait le taux de non-observance le plus élevé [nombre de patients qui ne vont pas jusqu’au bout de leur traitement].
Si plus de la moitié de la population ougandaise est susceptible d’être porteuse d’une forme latente du virus, les personnes dont le système immunitaire a été compromis par le VIH ont 50 fois plus de risques de développer l’infection active. La tuberculose est l’infection opportuniste la plus courante chez les personnes séropositives et elle est responsable de près de la moitié des décès liés au sida dans le monde.
À l’hôpital de Mulago, environ la moitié des patients de l’unité de traitement contre la tuberculose sont séropositifs, a affirmé le docteur Alphonse Okwera, qui dirige le service. Bon nombre de patients ignorent leur statut sérologique avant de se présenter au service de traitement et de consentir au conseil et au dépistage volontaires du VIH.
Lorsqu’elle a compris qu’elle avait de nouveau contracté la tuberculose, Mme Mugisha, qui connaissait déjà son statut sérologique, a avant tout eu peur de la transmettre à son mari et à ses deux enfants, avec qui elle vit dans une petite chambre. La tuberculose, qui se transmet par les voies respiratoires, est une maladie extrêmement contagieuse, surtout en milieu exigu et mal aéré. C’est cette crainte d’infecter sa famille qui a incité Mme Mugisha à se rendre à l’hôpital.
Aujourd’hui, elle est trop souffrante pour confectionner les colliers de perles et autres objets artisanaux qui lui permettaient de subvenir aux besoins de sa famille. S’il est vrai que son absence se fera sentir pendant son séjour à Mulago, elle laisserait un plus grand vide dans sa famille de quatre si elle venait à succomber de la tuberculose, a-t-elle confié à IRIN/PlusNews.
*Un nom d’emprunt
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