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Les dignitaires religieux séropositifs brisent le silence

Il n’est pas facile, pour qui que ce soit, d’avouer sa séropositivité, mais en tant que pasteur de l’Eglise Nankandulo de la délivrance, située à Kamuli, à une centaine de kilomètres de Kampala, la capitale, David Balubenze s’est trouvé confronté à des difficultés particulières.

M. Balubenze connaissait son statut depuis un an lorsqu’il l’a révélé aux aînés de ses fidèles, et il a attendu plusieurs années de plus avant d’en informer sa congrégation. « Je craignais, en le leur disant, qu’ils n’abandonnent l’église », a confié le pasteur Balubenze à IRIN/PlusNews.

Le déclic s’est fait en 2004, après une réunion du Réseau africain des chefs religieux vivant avec le VIH/SIDA ou personnellement touchés par la maladie (ANERELA) qui se tenait à Mukono, en Ouganda.

C’est à Mukono, en effet, que le pasteur Balubenze a rencontré Canon Gideon Byamugisha, fondateur d’ANERELA, devenu, en 1992, le premier chef religieux africain à annoncer publiquement sa séropositivité.

M. Byamugisha a lancé ANERELA en 2003, dans le but de créer un réseau de soutien aux chefs religieux séropositifs, qui leur permettrait d’aborder leur statut et d’informer leurs congrégations sur le virus. Fin 2006, ANERELA comptait plus de 2 000 membres dans 39 pays d’Afrique.

La branche ougandaise d’ANERELA, le Réseau ougandais des chefs religieux vivant avec le VIH/SIDA ou personnellement touchés par la maladie (UNERELA), compte environ 245 membres, dont au moins 40 chefs religieux qui vivent ouvertement avec le VIH/SIDA.

Selon Gabriel Amori, coordinateur national d’UNERELA et diacre, la révélation révolutionnaire du pasteur Byamugisha a changé la façon dont les Ougandais perçoivent le sida.

« Avant, le VIH était considéré comme une maladie causée par le péché », a-t-il indiqué. « Le fait que Canon Gideon ait eu l’audace d’avouer qu’il était atteint du virus montrait que le VIH/SIDA était une maladie comme les autres ».

Grâce à UNERELA, le pasteur Balubenze en a appris davantage sur l’épidémiologie de la maladie, et sur la façon d’aborder le VIH/SIDA avec les membres de sa congrégation et ses collègues.

Avant d’annoncer son statut, en 2005, il avait posé à sa congrégation une série de questions visant à mettre en exergue leur propre prédisposition à contracter le virus. « Nous sommes tous exposés [au risque de contracter le VIH] », a-t-il estimé.

Par la suite, bon nombre de ses fidèles étaient venus lui demander conseil, a indiqué M. Balubenze. Certains lui avaient demandé où et comment s’effectuaient les dépistages, d’autres étaient venus s’informer des effets secondaires des médicaments antirétroviraux (ARV), sous-entendant ainsi qu’eux aussi étaient atteints du VIH.

La religion et la sensibilisation au VIH

Environ 85 pour cent des Africains appartiennent à une communauté religieuse, quelle qu’elle soit ; les lieux de culte sont donc le lieu idéal pour sensibiliser les populations au VIH/SIDA.

« Le christianisme touche davantage de personnes que les soins de santé »
« Le christianisme touche davantage de personnes que les soins de santé », selon Stephen Waititi, ancien diacre et directeur médical du Centre Milmay de traitement contre le VIH/SIDA, situé à Kampala.

« En formant les chefs religieux, on forme la nation entière », a expliqué M. Balubenze. « Leurs paroles sont définitives et tout ce que disent les chefs religieux à leurs congrégations est perçu comme une vérité ».

Si les chefs religieux vivant avec le VIH/SIDA en Ouganda sont encore victimes de discrimination, selon M. Amori, leur situation s’est améliorée. « Il est arrivé, par la passé, que des chefs religieux s’éteignent en silence, à cause de la stigmatisation », a-t-il révélé.

M. Byamugisha s’est par ailleurs souvenu que certains membres de sa congrégation avaient refusé de recevoir l’eucharistie de ses mains après l’annonce de sa séropositivité.

Certains chefs religieux membres d’UNERELA abordent ouvertement leur statut sérologique avec les membres de leurs familles et leurs proches, mais n’en ont pas encore informé leurs congrégations.

Parce qu’UNERELA reconnaît qu’il faut du temps aux personnes séropositives pour accepter leur statut, l’organisation permet à ses nouveaux membres d’adhérer en tant que chefs religieux touchés par le VIH/SIDA, sans que ceux-ci ne soient obligés de dévoiler leur statut.

Aujourd’hui, le pasteur Balubenze essaie néanmoins autant que possible de faire connaître son statut ; il veille même à ce que ses ARV lui soient livrés à son domicile, dans un véhicule portant clairement l’emblème de l’AIDS Support Organisation (TASO), une organisation non-gouvernementale (ONG) locale qui dispense des services dans le domaine du VIH/SIDA.

Le pasteur Balubenze aimerait que davantage de chefs religieux vivent ouvertement avec le virus. « Avec suffisamment de sensibilisation et de médicaments », a-t-il indiqué, « un jour, nous pourrons dire "Autrefois, au temps du VIH/SIDA…" ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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