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L’ignorance sur le VIH/SIDA n’épargne personne

L’arrestation de huit ressortissants égyptiens contraints ensuite de subir un test de dépistage du VIH, ainsi que les actes de torture à l’encontre de deux d’entre eux dépistés positifs au VIH, ont provoqué une tempête de controverses, dans un pays où la population a des connaissances très limitées en matière de VIH/SIDA.

« Certaines personnes comprennent ce que vous dites lorsque vous parlez du sida, mais je dirais que la plupart des gens qui vivent ici ne connaissent pas la différence entre une personne avec le VIH et une personne avec le sida », a déclaré Wessam El-Beih, directeur pays du Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA.

« [Les habitants] diront que [le VIH/SIDA] n’existe pas en Egypte », a-t-il ajouté.

Fin 2007, huit hommes au Caire, la capitale, ont été arrêtés pour débauche après avoir prétendument accepté de l’argent contre des rapports sexuels. Ils ont été soumis à un test VIH sans leur consentement, et les deux personnes dont les résultats du test se sont révélés positifs ont été hospitalisées dans un établissement de la capitale pour y recevoir des traitements.

A leur arrivée à l’hôpital, ces dernières ont été enchaînées à leur lit, selon le groupe de défense des droits humains, Human Rights Watch.

« Un hôpital n’est pas une prison, c’est un espace ouvert et elles auraient pu s’enfuir. En conséquence, à leur arrivée, elles ont été enchaînées afin qu’elles ne puissent prendre la fuite », a expliqué Zein El-Taher, directeur du Programme national de lutte contre le sida (NAP en anglais).

« Nous avons demandé à ce qu’on leur enlève leurs menottes, et cela a été fait. Nous avons même dit que nous assumerions toutes les responsabilités [si elles s’échappaient]… J’ai exigé de telles mesures car je ne voulais pas que l’on pense qu’en Egypte, les personnes séropositives sont victimes de discrimination de la part [des autorités] », a-t-il confié.

Selon les chiffres avancés par l’ONUSIDA, quelque 13 000 personnes vivaient avec le virus en 2005 – soit un taux de prévalence inférieur à 0,1 pour cent dans un pays qui compte 80 millions d’habitants.

Ainsi, la plupart des Egyptiens pensent que le VIH/SIDA n’affecte pas leur vie, a dit Wessam El-Beih.

Même les médecins sont ignorants

De nombreux Egyptiens sont indifférents au problème du sida et un plus grand nombre encore en ignore les dangers. Bien que les élèves des écoles secondaires soient sensibilisés au VIH/SIDA dans le cadre de leurs études, Zein El-Taher a reconnu que ces cours étaient inadaptés.

La situation est encore plus grave dans les écoles de médecine. En effet, selon les résultats d’une étude menée par la Fédération internationale des associations d'étudiants en médecine, le niveau d’ignorance en matière de VIH/SIDA parmi les étudiants en médecine du pays est alarmant.

Iman Ewais, responsable national de la santé de la reproduction auprès de la Fédération, a indiqué que certains étudiants pensaient que prendre des bains plus régulièrement était un moyen de prévention contre le VIH et que nager dans une piscine avec une personne séropositive ou partager de la nourriture avec cette dernière sont des risques de contamination.

Les étudiants en médecine ne reçoivent que deux heures de formation sur le VIH au cours de leurs six années d’études. En outre, leur manque de connaissances rend compte des mythes et des fausses idées qui prévalent en Egypte, a-t-elle ajouté.

« Le médecin est censé être une personne très importante de la société. S’il n’a pas de connaissances [en matière de VIH], les étudiants n’en auront pas eux non plus », a regretté Mme Ewais, se souvenant qu’un professeur de microbiologie lui avait autrefois dit que le VIH se transmettait par la transpiration. « Imaginez un peu ce qu’un tel médecin enseigne à ses étudiants ».

''...Nous avons demandé à ce qu’on leur enlève leurs menottes, et cela a été fait. Nous avons même dit que nous assumerions toutes les responsabilités [si elles s’échappaient]… J’ai exigé de telles mesures car je ne voulais pas que l’on pense qu’en Egypte, les personnes séropositives sont victimes de discrimination de la part [des autorités]...''
Selon Wessam El-Beih, si les étudiants en médecine ont des conceptions erronées sur la manière dont le VIH se transmet, c’est parce que le VIH n’est pas une matière suffisamment enseignée dans les écoles de médecine. Par exemple, certains étudiants croient que le VIH peut se transmettre par des piqûres d’insectes.

Les résultats de l’enquête encouragent le NAP à élaborer un programme afin d’accroître la sensibilisation au VIH dans toutes les écoles de médecine du pays.

« Les études de médecine durent six ans et la formation sur le VIH/SIDA n’est enseignée que lors des deux dernières années. Cela signifie que les étudiants ne suivent aucune formation sur le virus ou n’acquièrent aucune connaissance dans ce domaine pendant quatre ans », a déploré Zein El-Taher. « Ce programme vise à enseigner cette matière dès le début des études ».

Pas de place pour la complaisance

Compte tenu du taux de prévalence officiel peu élevé, le gouvernement s’est jusqu’à présent uniquement concentré sur les populations à haut risque, telles que les professionnelles du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les enfants des rues et les consommateurs de drogues injectables.

Cependant, les agences des Nations Unies ont tiré la sonnette d’alarme et ont indiqué que le nombre de nouveaux cas de VIH était en progression en Egypte.

Wessam El-Beih a déclaré que les Egyptiens devaient cesser de stigmatiser les personnes infectées et d’ignorer le virus.

« La population a une faible conscience des risques liés au virus... En Egypte, 80 pour cent des femmes séropositives ont été contaminées par leur mari, dans le cadre de relations monogames. De plus en plus de femmes et d’enfants sont touchés par le virus », a-t-il rappelé.

Le NAP fournit gratuitement des médicaments antirétroviraux (ARV) aux malades qui en ont besoin. Il organise régulièrement des rencontres afin d’apporter du soutien aux Egyptiens porteurs du virus et propose des services de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant.

L’ONUSIDA, présent en Egypte depuis cinq ans, a mis en place une ligne d’écoute sur le VIH/SIDA. En 2004, l’agence a ouvert le premier des 20 centres de conseil et de dépistage volontaire du pays.

« Avant 2004, les Egyptiens ne subissaient un test de dépistage que s’ils devaient se rendre dans un pays du Golfe car on devait leur faire au préalable une analyse de sang, ou s’ils étaient donneurs de sang. Le dépistage volontaire n’existait pas », a expliqué Wessam El-Beih. « Aujourd’hui, les services étant plus nombreux, de plus en plus de personnes font le test de dépistage du VIH ».

sk/kn/he/oa/cd/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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