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« Nous n’étions pas stupides, seulement accros à l’héroïne »

Albert Van Der Walt, 21 ans, originaire de Witbank, dans la grande province rurale sud-africaine de Mpumalanga, dans le nord-est du pays, confrontée à un problème grandissant de drogue, est un ancien consommateur d’héroïne. Délivré de son addiction depuis près de trois ans, il a raconté à IRIN/PlusNews comment l’héroïne avait rapidement pris le dessus sur sa vie.

« Un ami et moi-même sommes partis en vacances au Cap [une ville du sud du pays] et c’est là que tout a commencé, dans cette grande ville. C’était le nouvel an –un moment intense, agité, où tout le monde s’amuse- et nous avons rencontré cet homme qui nous a initié [à la drogue].

Nous n’avons pas hésité parce que nous étions le genre de personnes à aimer faire des expériences, à qui rien ne faisait peur. Notre première injection –c’était stupéfiant, vraiment incroyable- était à l’héroïne et c’était la meilleure qu’on pouvait trouver.

Je suis rentré chez moi et je n’y ai pas pensé, je n’en ai parlé à personne, mais là, j’ai rencontré de vieux amis qui avaient trouvé [de l’héroïne] ici [à Witbank] et ça a provoqué un déclic : puisqu’on pouvait en trouver sur place, j’ai plongé.

C’était de la folie, j’en prenais trois fois par jour, j’étais accro aux drogues. L’héroïne a définitivement été mon choix parmi les drogues –c’était la plus chaleureuse, elle me faisait me sentir bien, heureux. Mais quand je n’en avais pas, j’avais de grosses sautes d’humeur.

J’ai abandonné mon travail à cause de l’héroïne, je ne voulais plus travailler, je voulais juste planer et avoir des frissons.

Une injection coûte 50 rands [sept dollars] donc c’était une mission quotidienne [de trouver l’argent] et c’est devenu notre vie, mais croyez-moi, on y arrivait. J’ai vendu tout ce que j’avais, deux fois, les téléphones portables –c’était le plus facile [à voler], les gens ont tendance à relâcher leur attention quand il s’agit de téléphones portables. On rencontrait de nouveaux amis toujours plus riches, on a même pensé à voler des voitures, alors qu’on nous a élevés à ne pas voler.

On peut trouver des aiguilles [seringues] partout. Au Cap, on les volait dans les rayons des supermarchés. Ici [à Witbank], il faut aller dans une pharmacie, mais elles ne sont pas chères et elles sont faciles à trouver.

On a essayé de ne jamais partager nos aiguilles, mais quand le manque vient et que tu n’as pas d’aiguille et que tu ne veux pas fumer [l’héroïne] parce que tu sais que c’est du gâchis, que vas-tu faire ?

Mais on en parlait d’abord, on disait ‘‘écoute, mec, est-ce que tu as le sida ? Avec combien de personnes as-tu couché ?’’. C’est une question de confiance, et on ne le faisait jamais avec quelqu’un qu’on ne connaissait pas. Nous n’étions pas stupides, seulement accros à l’héroïne.

Je ne m’intéressais pas aux femmes quand j’étais sous héroïne, et je ne pense pas que qui que ce soit dans la même situation s’y intéresse. L’héroïne est ta femme, l’héroïne est l’amour parce qu’elle te donne ce que tu veux. Cela te rend introverti, ça te maintient à l’écart, ce qui explique pourquoi on ne croise pas les gens accros à la drogue.

Quand mes parents ont découvert [que je me droguais], ils m’ont forcé à rester à la maison pendant trois jours, c’était le pire parce que j’étais habitué à être libre et tout d’un coup, je me retrouvais dans une cellule dans ma propre maison parce que mes parents savaient que sinon, j’irais acheter [de la drogue].

Puis je suis allé dans un centre de désintoxication privé à Kempton park [dans la banlieue de Johannesbourg], très bien, mais le service de sécurité était laxiste. J’étais censé rester quatre semaines, mais j’ai rechuté au bout de trois semaines. Un autre gamin [patient du centre] a escaladé le mur et a rapporté beaucoup de drogues. Evidemment, je n’ai pas dit non. Je devais partir, c’est tout, mais c’est là que j’ai vu le visage de ma mère et je me suis senti tellement mal que je n’ai jamais recommencé.

C’était il y a deux ans et neuf mois. Ca [la drogue] a ruiné ma vie deux fois, je ne la laisserai pas le faire une troisième fois. Aujourd’hui, je travaille dans un magasin de musique et je joue de la guitare. Je ne vois plus aucun de mes vieux amis, je ne vais même plus dans les discothèques, je préfère rester à la maison et boire une bière avec mes frères ».

ks/oa/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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