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Les patients séropositifs alarmés par les ruptures de stock d'ARV

Des personnes vivant avec le VIH au Togo et sous traitement antirétroviral (ARV) ont manifesté le 21 novembre à Lomé, la capitale, pour attirer l’attention sur les ruptures de stock d’ARV que connaît actuellement le pays et qui les privent de ces médicaments contre le sida depuis quatre semaines.

Environ 500 personnes, parmi lesquelles des personnes vivant avec le virus, des médecins et responsables associatifs, ainsi que des personnes anonymes sensibles au désespoir des patients séropositifs, ont participé à cette action, munis de pancartes et de banderoles « Nous sommes pris en otage » ou « sans génériques, mort assurée ».

Le but de cette manifestation était d’alerter les autorités et l’opinion publique sur les difficultés auxquelles sont confrontés les malades dont la vie dépend de ces médicaments, et de réclamer des solutions pour mettre un terme à cette incertitude qui dure depuis plusieurs mois mais s’est aggravée ces dernières semaines.

« Depuis janvier, le Togo connaît des ruptures incessantes d’[approvisionnement en] ARV, nous avons connu cinq phases de ruptures, dues au fait que la CAMEG [Centrale d’achat de médicaments essentiels et génériques] n’a plus d’ARV », a expliqué à IRIN/PlusNews Augustin Dokla, président du Réseau des associations de personnes vivant avec le VIH au Togo, RAS+, qui regroupe une dizaine d’organisations.

« Nous avons eu des promesses des autorités [togolaises] mais elles sont restées sans suite, nous avons donc été obligés d’organiser ce sit-in devant le Parlement », a-t-il ajouté.

Une fois commencée, une thérapie antirétrovirale ne peut être interrompue, sous peine de mettre la vie du patient en danger ou de lui faire développer des résistances aux médicaments, qui l’obligent ensuite à avoir recours à des médicaments plus récents, donc plus chers.

« Les médecins en prescrivant les ARV recommandent que ces prises soient respectées et qu’aucune prise ne [soit] omise, alors si l’on doit cesser les prises pour plus de quatre semaines, vous comprenez que nous avons des raisons de nous inquiéter », a dit M. Dokla.

Les autorités togolaises ont reconnu ce problème de pénurie d’ARV, qui concerne particulièrement le médicament générique Triomune, une combinaison de plusieurs molécules utilisée pour le traitement de la majorité des quelque 6 000 patients actuellement sous ARV au Togo.

Face au désarroi des personnes vivant avec le VIH, des représentants du ministère togolais de la Santé ont assuré les manifestants qu’une commande devrait arriver « dans les prochains jours ».

Délais et manque de fonds

Pour la CAMEG au Togo, la pénurie des dernières semaines est due entre autres à un retard de livraison d’une commande de la part du fabricant indien de ce médicament générique.

« On avait passé la commande en juin, [le fournisseur] nous avait promis de nous livrer en août, mais on n’a toujours rien reçu », a dit à IRIN/PlusNews le docteur Maméssilé Assih, directrice de la CAMEG.

Au-delà de la rupture de stock qui touche les personnes vivant avec le VIH ces dernières semaines, Mme Assih a pointé du doigt l’absence de financements durables, qui permettraient à l’organisme d’éviter ce genre de ruptures.

« L’argent n’est pas disponible pour acheter à temps les médicaments », a-t-elle regretté.

Car les ruptures d’ARV sont récurrentes au Togo, notamment depuis le début de l’année 2007, date à laquelle le stock de médicaments acheté grâce à une subvention du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a été épuisé, conséquence de la décision de cet organisme, plus gros bailleur de fonds de la lutte contre l’épidémie au Togo, de geler sa subvention en raison d’« irrégularités » relevées dans sa gestion.

Plusieurs acteurs de la lutte contre le sida ont expliqué que la suspension de cette subvention empêchait la mise sous traitement de nouveaux patients séropositifs –ils seraient 13 000 à en avoir besoin au Togo, selon les chiffres officiels-, mais en revanche, elle n’aurait pas dû affecter les personnes qui bénéficiaient déjà d’ARV, le Fonds mondial s’étant engagé à assurer la continuité de la thérapie pour ces quelque 3 000 patients.

Pour cela, les responsables de la gestion du financement et de la lutte contre le sida au Togo devaient soumettre une requête auprès de l’organisme international basé à Genève, en Suisse : or cette formalité a tardé à être effectuée, un certain nombre d’incohérences dans le dossier retardant ensuite encore davantage le déblocage de ce financement, ont expliqué plusieurs intervenants dans la lutte.

La commande que la CAMEG doit recevoir ces jours-ci a finalement été rendue possible grâce au déblocage de ces fonds, ont-ils précisé.

« Système D »

En attendant que la situation soit régularisée, les acteurs de la lutte contre l’épidémie ont donc dû recourir au « système D » ou à des solutions provisoires pour fournir malgré tout des traitements aux patients.

Ainsi, le gouvernement togolais a débloqué en début d’année un fond d’urgence de 161 millions de francs CFA (365 000 dollars) pour acheter ces médicaments, ce qui a donné aux patients un répit de trois mois. Le groupement d’intérêt public français GIP-Esther a également soutenu le Togo, en fournissant l’équivalent de deux mois de médicaments.

La CAMEG a de son côté sollicité l’aide d’autres centrales d’achat de pays voisins, tels que le Bénin et le Burkina Faso, qui ont « dépanné » le Togo en ARV et ainsi permis d’éviter de trop longues interruptions de traitement.

Mais cette gestion quasiment au jour le jour ne peut constituer une solution viable pour les personnes infectées, qui ont plaidé pour un système garantissant la pérennité des traitements, alors que le Togo vient d’essuyer un nouvel échec auprès du Fonds mondial, ce dernier n’ayant pas approuvé la demande de subvention présentée par le pays dans le cadre du 7ème appel à proposition, examiné en novembre.

« Nous souhaitons qu’une solution durable soit trouvée pour l’approvisionnement en ARV », a plaidé M. Dokla. « Nous proposons que l’achat des ARV soit inscrit dans le budget 2008 [de l’Etat], ainsi nous aurons des fonds pour en acheter au moment voulu ».

En mai, lors de la première réunion du CNLS présidée par le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, ce dernier avait annoncé que l’Etat consacrerait désormais deux milliards de francs CFA (4,5 millions de dollars) chaque année à la lutte contre l’épidémie. Le Parlement doit adopter le budget de l’Etat dans quelques jours.

jeg/ail 


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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