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Des relations sexuelles à risque à l’ombre des « petites maisons »

Les Zimbabwéens commencent à parler ouvertement des « petites maisons » - lieux de relations sexuelles illégales à long terme – et de leurs répercussions sur la transmission du VIH, tant et si bien qu’un feuilleton télévisé diffusé quotidiennement et une chanson de rap à la mode parlent de ce phénomène.

« La petite maison est la maison de la paix, où je peux me reposer mentalement et physiquement tout en étant traité comme un roi », a expliqué en toute franchise un homme. « Mes responsabilités consistent à payer le loyer et à acheter de la nourriture. Lorsque je lui achète quelque chose, la dame est très reconnaissante, alors que dans la grande maison, ma femme et mes enfants considèrent cela comme un droit et ne voient pas le besoin de me remercier pour ce que je fais pour eux. Sur le plan sexuel, dans la petite maison, je peux faire des choses que je ne fais pas nécessairement dans la grande maison ».

Les rapports sexuels extraconjugaux ne sont pas un phénomène nouveau, mais les chercheurs commencent à se pencher sur la manière dont les relations sexuelles occasionnelles sont progressivement remplacées par des relations semi formelles, où le sexe à moindre risque est rarement pratiqué.

Deux facteurs semblent alimenter le phénomène de la « petite maison » : le marasme économique, qui a laissé les femmes financièrement vulnérables et dépendantes, et la sensibilisation au sida, qui a réduit l’appétit des hommes pour des relations sexuelles occasionnelles.

« Poussés par le désir d’avoir plusieurs partenaires sexuelles, les hommes pensent que les petites maisons sont un moyen plus sûr de continuer d’avoir des partenaires multiples sans devenir monogames ou fidèles, ce qui est généralement vu comme des idéaux occidentaux qui ne sont pas applicables aux réalités africaines », a expliqué récemment dans un document de travail Lois Chingandu, directrice exécutive du Service d'informations pour la lutte contre le sida en Afrique du sud (SAfAIDS, en anglais).

Les hommes interrogés se sentent rassurés par la fidélité de leurs nouvelles partenaires et considèrent en conséquence l’utilisation du préservatif comme une insulte. Mais en réalité, Lois Chingandu a découvert que ces relations étaient à haut risque.

« Les Zimbabwéens doivent s’opposer ouvertement aux petites maisons et les condamner, car elles sont une forme de relations sexuelles à haut risque, multiples et concomitantes. L’actuelle politique de l’autruche menée par la plupart des familles alimente silencieusement l’épidémie de VIH/SIDA. Cette politique doit cesser afin de sauver des vies et réduire le nombre de nouvelles infections », a-t-elle souligné.

Le phénomène des petites maisons touche toutes les catégories de femmes, de la jeune fille sans emploi, aux divorcées en passant par les mères seules plus âgées qui cherchent de la compagnie et des rapports sexuels. En outre, ces femmes sont souvent motivées par le soutien économique que peut leur apporter un homme (loyer, nourriture, frais de transports et frais scolaires) et il arrive parfois qu’elles aient besoin de plus d’un homme pour payer toutes les factures.

« Un seul homme ne suffit parfois pas à satisfaire tous mes besoins, par conséquent, les responsabilités sont partagées. De temps en temps, nous avons des rapports sexuels occasionnels afin de générer des revenus supplémentaires », a confié une dame dans un groupe de discussion.

Paraître « digne de confiance »

Les femmes ont conscience des risques qu’elles courent quand elles ont des rapports sexuels non protégés, mais « elles insistent sur l’importance de paraître digne de confiance… ‘si tu négocies avec insistance l’utilisation du préservatif, les hommes te quittent car ils croient que tu fréquentes d’autres hommes. Plus tu as l’air digne de confiance, plus tu peux leur demander des choses’. »

'' La petite maison est la maison de la paix, où je peux me reposer mentalement et physiquement tout en étant traité comme un roi. Mes responsabilités consistent à payer le loyer et à acheter de la nourriture. Lorsque je lui achète quelque chose, la dame est très reconnaissante, alors que dans la grande maison, ma femme et mes enfants considèrent cela comme un droit et ne voient pas le besoin de me remercier pour ce que je fais pour eux. Sur le plan sexuel, dans la petite maison, je peux faire des choses que je ne fais pas nécessairement dans la grande maison. ''
Anita Sanjala était âgée de 21 ans et travaillait comme femme de ménage quand elle est tombée enceinte de son employeur. Aujourd’hui, sept ans plus tard, elle est toujours sa concubine.

« Il vient de temps en temps voir comment nous nous en sortons », a déclaré Anita qui loue pour elle et son fils, un chalet composé de deux pièces, situé dans le quartier chic de Windsor Park, à Gweru, une ville de la province des Midlands.

Bien qu’elle reconnaisse que son ancien employeur fréquente certainement d’autres femmes, cela ne semble pas la gêner.

« Tant qu’il subvient à mes besoins et à ceux de mon fils et que je profite de ma liberté en vivant loin de lui et de sa femme, je me moque [de ce qu’il peut faire] », a-t-elle dit.

Au cours des dernières années, le taux de prévalence du VIH a chuté au Zimbabwe pour s’établir à 18 pour cent. Cependant, le phénomène des petites maisons, et en particulier les rapports sexuels non protégés et l’inégalité entre les sexes qui accompagnent ce type de relations, menacent les progrès réalisés dans la lutte contre l’épidémie et rendent les femmes mariées particulièrement vulnérables au virus.

« Les femmes mariées continuent à être les plus exposées au virus, car elles ont des difficultés à négocier l’utilisation du préservatif lorsqu’elles suspectent leurs partenaires d’avoir des relations extraconjugales », a rapporté Caroline Nyamayemombe du Fonds des Nations Unies pour la population.

La plupart des femmes « prétendent ne pas savoir », même si elles suspectent leur mari d’être infidèle, a précisé Lois Chingandu.

« Très peu de familles incitent les femmes à être responsables de leur propre vie et à divorcer. Lorsqu’une femme demande le divorce, la peur du tabou est telle qu’elle supplante même la peur de mourir du sida », a-t-elle poursuivi.

« En tant que femme mariée, qui est fidèle à son mari et qui prie pour que son mari lui soit fidèle, je pense que les petites maisons devraient être poursuivies en justice car elles font courir des risques non seulement à elles mêmes, mais également à nous, les grandes maisons, et aux enfants de ces unions », a commenté une femme sur un forum en ligne, en réponse au document de travail de Lois Chingandu.

Pour Mme Chingandu, « les programmes de genre doivent responsabiliser davantage toutes les femmes afin que ces dernières revendiquent leurs droits à des relations sexuelles à moindre risque et qu’elles puissent faire face aux éventuelles conséquences. Les communautés doivent encourager les [membres] qui veulent divorcer ou mettre un terme à ces relations à risque élevé ».

rm/oa/he/cd/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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