La construction d’un nouveau centre de soins de santé dans le quartier le plus surpeuplé du centre-ville de Johannesbourg a pour objectif de réhabiliter une population gravement touchée par le VIH/SIDA, la pauvreté et la criminalité.
Hillbrow était autrefois le quartier le plus à la mode et le plus cosmopolite de tout Johannesbourg ; mais aujourd’hui, il est considéré comme l’un des quartiers les plus surpeuplés de tout le continent.
De nombreux immigrés et migrants venus des autres régions du pays ou du continent se pressent à Hillbrow, considérant l’anonymat et l’économie souterraine qui y règnent comme une première opportunité pour trouver un emploi ou un logement. Plus de la moitié de ses habitants seraient des réfugiés, légaux ou illégaux. Un médecin travaillant dans à Hillbrow a dit du quartier qu’il était « le centre du désespoir de toutes les personnes à la recherche du rêve africain à Johannesbourg ».
Le résultat : une forte communauté de migrants, fragmentée, frappée par la misère et parlant différentes langues, vit dans un quartier plus réputé pour ses travailleuses du sexe, la drogue et son fort taux de criminalité. Les problèmes sociaux et les maladies provoqués par la pauvreté et la surpopulation – notamment les maladies sexuellement transmissibles ainsi que la tuberculose – sont récurrents et d’après le personnel sanitaire, prés de 30 pour cent de la population adulte serait séropositive.
De grands projets pour la santé
Après sept ans de négociations, un projet de joint-venture de plusieurs millions de dollars impliquant des organisations non-gouvernementales (ONG), des structures gouvernementales, des communautés locales et des instances universitaires, transforme progressivement un espace désaffecté du quartier en un prestigieux centre de soins de santé, le Hillbrow Health Precinct (HHP).
La première phase de ce projet de réhabilitation a été lancée officiellement à la fin du mois de septembre 2007, avec l’ouverture d’un centre de remise en forme qui offre également des soins de santé, mais aussi avec l’installation de nombreuses ONG fournissant un large éventail de services connexes, tels qu’une assistance psycho-sociale, un soutien nutritionnel, et une aide à la création d’activités génératrices de revenus pour les jeunes.
Le département Reproductive Health and HIV Research Unit (RHRU) de l’Université de Witwatersrand, qui coordonne le projet, va aussi apporter une contribution financière. L’Hôpital Hillbrow actuel, ainsi que la clinique Esselen Street seront rénovés et intégrés dans le HHP.
Selon le directeur exécutif du RHRU, le professeur Helen REES, ce qui rend le HHP si spécifique c’est qu’il intègre à la fois un volet développement et un volet santé, alliant ainsi un programme de réhabilitation de centre de zone urbaine à un programme ambitieux de réduction de la pauvreté, de soins de santé primaires et de lutte contre le VIH/SIDA.
« Les services de santé sont généralement considérés comme des prestations offertes gratuitement à la population ; à ce titre, ils sont neutres. Le HHP a ceci d’exceptionnel qu’il est un programme de développement de services médicaux classiques, avec des implications directes sur la réduction de la pauvreté et la réhabilitation du centre-ville », a-t-elle indiqué à IRIN/PlusNews.
« Le centre du désespoir de toutes les personnes à la recherche du rêve africain à Johannesbourg » |
M. Naidoo a présenté le HHP comme étant « un hypermarché des services du VIH » touchant des populations bien au-delà de son voisinage immédiat ; environ 25 pour cent des personnes utilisant les services de soins de santé de Hillbrow ne vivent pas dans ce quartier, et ce pourcentage devrait augmenter tout comme les programmes de prévention.
Trouver tous ces services dans un même espace sûr incitera les personnes à revenir pour des consultations de routine et à suivre les traitements.
Les immigrés de Hillbrow représentent un réel problème pour les services de santé. En effet, il leur est particulièrement difficile d’accéder aux soins de santé parce que parfois ils ne parlent pas la langue nationale ou parce qu’ils ont peur de se faire renvoyer de chez eux quand ils sont en situation irrégulière.
François Venter, un autre médecin du RHUH qui participe au projet HPP, a indiqué que de nombreux migrants, notamment ceux originaires des pays d’Afrique du nord, ne sont pas aussi sensibilisés au problème du VIH/SIDA que le sont les Sud-africains, ce qui les rend particulièrement vulnérables lorsqu’ils arrivent dans un endroit aussi exposé que Hillbrow.
Les migrants sud-africains, quant à eux, posent une autre problématique : pendant la période des fêtes de Noël, par exemple, le nombre de patients qui ne suivent plus leurs traitement ARV augmente, soit parce qu’ils oublient de prendre leur médicaments, soit parce qu’ils ne veulent pas les prendre lorsqu’ils sont en famille, craignant que l’on découvre leur séropositivité et de peur d’être stigmatisés.
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