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Le préservatif féminin a des difficultés à s’imposer

Impopulaire et mal compris, le préservatif féminin a du mal à trouver sa place au Kenya, privant ainsi les femmes d’un des rares moyens de prévention auxquels elles peuvent avoir recours pour se protéger contre le VIH, dans des sociétés largement dominées par les hommes.

« L’introduction du préservatif féminin au Kenya n’a pas réussi à freiner la propagation du VIH chez les femmes », a indiqué à IRIN/PlusNews le docteur Enoch Kibunguchy, ministre adjoint de la Santé. On estime que 740 000 femmes à travers le pays vivent avec le VIH et qu’elles sont les plus lourdement touchées par le fardeau de l’épidémie.

« Le préservatif féminin n’a pas été introduit d’une manière adéquate au Kenya. Les fabricants ont déversé ces préservatifs dans le pays sans se soucier d’informer correctement les gens sur son utilisation », a-t-il analysé. « Le gouvernement a bien tenté de lui donner une image plus attractive, mais c’était déjà trop tard ; le rejet de ce moyen de prévention s’était déjà fortement enraciné dans la société kényane ».

Plus de 200 000 préservatifs féminins ont été distribués en 2007, mais son utilisation ne dépassait pas les 10 000 pièces, alors que selon le professeur Alloys Orago du Programme national de lutte contre le VIH/SIDA, plus de 12 millions de préservatifs masculins sont utilisés chaque mois.

« Alors que l’utilisation du préservatif masculin a augmenté grâce à des prix très bas, le prix d’un préservatif féminin reste extrêmement élevé », a-t-il ajouté. Le préservatif féminin est vendu à trois dollars la pièce, ce qui est largement au dessus des moyens de la plupart des femmes.

Les spécificités culturelles sont aussi souvent un obstacle auquel se trouvent confrontées les femmes qui veulent avoir des rapports sexuels protégés.

« Même si les préservatifs [féminins] sont disponibles gratuitement dans les centres de soins publics, peu de femmes y ont recours », a souligné M. Kibunguchy. « La plupart des femmes n’utilisent pas le préservatif car il est difficile à porter, et d’autres le trouve gênant. Même parmi la classe socio-professionnelle la plus éduquée, le préservatif féminin en tant que moyen de contraception n’est pas très populaire ».

M. Kibunguchy a cependant affirmé que le gouvernement continuerait à encourager l’utilisation du préservatif féminin, estimant que pour qu’un retournement de situation ait lieu, il fallait que « le point du vue » sur le préservatif féminin change.

« Bien qu’un financement public soit crucial, l’utilisation du préservatif féminin n’augmentera pas tant qu’approvisionnement et information n’iront pas de paire », a-t-il estimé.

Un avis que partagent les militants de la lutte contre le VIH/SIDA, même si la plupart d’entre eux jugent que les efforts du gouvernement afin de familiariser les populations avec le préservatif féminin restent insuffisants.

Allan Ragi, directeur exécutif du Consortium kényan des organisations non gouvernementales contre le sida (KANCO), une organisation de coordination pour les associations de la société civile sur le VIH/SIDA, a demandé au gouvernement de remobiliser ses forces afin de rendre le préservatif féminin le plus largement accessible possible.

« Pour les femmes pauvres des milieux ruraux, ce préservatif féminin est vraiment important ; si le mari d’une femme rentre le soir complètement saoul et qu’il veut faire l’amour, si elle [porte] déjà le préservatif…[elle pourra être] protégée », a-t-il dit. « Mais l’accès à ces préservatifs a posé problème dès le début – où ces femmes peuvent-t-elles les trouver ? ».

De meilleures conditions de vente ainsi qu’une meilleure information sont nécessaires afin de s’assurer que toutes les femmes au Kenya puissent penser au préservatif féminin à la fois comme un moyen de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles et comme un moyen de contraception, a estimé M. Ragi.

« Les plannings familiaux et les cliniques prénatales sont un bon point d’ancrage afin d’assurer aux femmes une meilleure compréhension de l’utilisation du préservatif féminin », a-t-il suggéré.

jlk/kr/kn/he/sm/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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