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L’opposition des leaders musulmans au préservatif complique sa distribution

Dans le nord du Kenya, la position prise par des dirigeants religieux musulmans contre le préservatif fait que les personnes qui utilisent ce moyen de prévention sont rares et que les commerçants refusent d’en vendre, ce qui selon les militants de la lutte contre le VIH/SIDA, représente une menace pour le combat contre cette pandémie.

« Je ne vendrai jamais de préservatifs dans mon magasin ; c’est comme si j’encourageais l’adultère, ou que je travaillais dans un bordel », a dit à IRIN/PlusNews Sharrif Mohamed, un commerçant de la ville d’Isiolo, dans la Province orientale du Kenya.

La plupart des commerçants de la partie nord-est du pays - principalement musulmane - ont refusé de vendre des préservatifs, qui ne sont généralement disponibles que dans les centres de santé publics.

Zamzam, une mère qui élève toute seule trois enfants à Garissa, une ville de la Province Nord-orientale, qualifie les préservatifs de « chose pour les prostituées », affirmant que « j’utilise mon cerveau et mon intelligence quand je veux coucher avec un homme, et je peux aussi dire qui est infecté [par le VIH] ; seules les prostituées en ont besoin, et je n’en suis pas une ! ».

A travers toute cette région où le niveau d’alphabétisation est le plus bas du pays, il est fréquent de se trouver confronter à ce genre d’attitude.

« Le VIH/SIDA est une malédiction et une punition divine à l’encontre de personnes qui ont eu des conduites immorales et ont offensé Allah [Dieu] », a affirmé à IRIN/PlusNews Maalim Hussein Mohamud, enseignant dans une madrassa - une école coranique - à Mandera, prés de la frontière somalienne. « Ils doivent se repentir, observer les commandements divins et ne pas utiliser de préservatifs ».

M. Mohamud a affirmé que la seule solution pour se prévenir contre l’infection au VIH était de se conformer aux commandements religieux, de s’abstenir d’avoir des rapports sexuels ‘illégaux’ et d’éviter de porter des préservatifs.

« Notre position est très claire : nous n’encouragerons jamais le port du préservatif ; les musulmans doivent éviter certains conduites qui mettent leurs vies en danger. Pour ne pas s’exposer [au VIH], les jeunes doivent prier cinq fois par jour, intensément, et doivent fuir le regard des femmes ; les relations extraconjugales doivent être évitées et les femmes doivent se vêtir décemment », a-t-il insisté.

Noor Sheikh, qui travaille dans la Province Nord-orientale pour le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA et les infections sexuellement transmissibles, a affirmé que l’opposition catégorique au port du préservatif s’avérait être un obstacle aux efforts de prévention du VIH.

« Notre région a le taux d’utilisation de préservatif le plus bas du pays », a-t-il dit. « Bien sûr, cette opposition est un facteur déterminant dans la plupart des nouveaux cas d’infection ».

Certains militants se sont plaint que le gouvernement n’ait pas assez informé et éduqué les populations locales à propos du préservatif, et plus spécialement les populations rurales ; ils ont aussi noté que ces populations avaient difficilement accès à des préservatifs.

« Beaucoup de jeunes sont informés sur la nécessité de porter des préservatifs, mais lorsqu’ils en ont besoin, dans les régions les plus reculées du pays, il n’y en a pas », a souligné Margaret Leshore, du Sambaru Women’s Empowerment Programme, une organisation non gouvernementale qui milite pour le droit des femmes.

Le port du préservatif est un des moyens de prévention privilégié par la politique gouvernementale, et des préservatifs gratuits sont disponibles dans la plupart des centres de santé du pays.

Même si la partie nord du Kenya bénéficie d’un des taux de séroprévalence les plus bas du pays, une faible prise de conscience de la pandémie ainsi que ce refus d’utiliser des préservatifs préoccupent de plus en plus les militants de la lutte contre le VIH.

na/kr/he/sm/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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