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Le rappel des préservatifs porte un coup dur au programme de prévention

Alors que la vie de millions de Sud-Africains pourraient être menacées et que 20 millions de préservatifs distribués par le gouvernement ont été rappelés, le ministère sud-africain de la Santé prend des mesures d’urgence afin de limiter les dégâts suite au scandale de corruption mettant en cause un organisme gouvernemental chargé du contrôle de la qualité et de la rédaction de normes.

Les préservatifs ont été rappelés le 23 août dernier, après que les médias ont allégué que Sphiwe Fikizolo, responsable des essais auprès du Bureau sud-africain des normes (SABS en anglais), avait accepté de délivrer des certificats de qualité à des préservatifs défectueux en échange de pot-de-vin. Le rôle de Sphiwe Fikizolo consiste notamment à s’assurer que l’ensemble des préservatifs fabriqués répondent aux normes de l’Organisation mondiale de la Santé.

[Lire la réaction du public]

Jeffery Hurwitz, directeur général de Latex Surgical Products (Pty) Limited (LSP), la société qui a fabriqué les préservatifs, Sajeev Joseph, un employé, et Sphiwe Fikizolo ont été accusés de fraude et de corruption.

Malgré le rappel de tous les préservatifs, Sibani Mngadi, le porte-parole du ministère de la Santé, a maintenu que seuls les préservatifs de la marque Choice et dont le numéro de série est 4308/ZLX étaient défectueux, mais que 90 pour cent des préservatifs distribués par le gouvernement étaient de bonne qualité. Sur les 20 millions de préservatifs rappelés, environ sept millions seraient concernés par les allégations de corruption.

Sibani Mngadi a précisé que le ministère de la Santé distribuait gratuitement 400 millions de préservatifs chaque année, fabriqués par sept entreprises différentes et que LSP produisait neuf pour cent du total.

Erno Botes, porte-parole du SABS, a annoncé que le Bureau avait commencé à effectuer un audit complet auprès de tous les fabricants de préservatifs du pays, en réponse aux allégations. Tous les résultats disponibles des tests effectués au cours des douze derniers mois sur les préservatifs fabriqués par LSP ont été également passés en revue, a-t-il poursuivi.

« Quand le scandale a éclaté, nous avons réétudié les dossiers, nous disposons encore des résultats des tests effectués sur les différents lots de préservatifs », a indiqué Erno Botes. « Normalement, la mise sur le marché de ces préservatifs n’aurait pas dû être autorisée ».

L’audit porte sur les résultats des tests effectués sur 91 lots de préservatifs, mais Mike McNerney, directeur général de la division alimentation et santé du SABS, a reconnu que le Bureau n’avait été en mesure de mettre la main que sur les résultats concernant quatorze lots et que cela était très inhabituel.

Il a souligné qu’il était important de bien comprendre ce qu’on entendait par lot non conforme.

« Si un lot échoue aux tests, cela signifie que le risque d’échec augmente, mais cela ne veut pas dire pour autant que tous les préservatifs [du lot] ne sont pas conformes. Mais l’important, c’est que ces préservatifs n’ont pas réussi le test et qu’ils n’auraient jamais dû se retrouver sur le marché », a-t-il dit.

Mike McNerney a dit que les résultats des tests effectués en laboratoire, qui placent généralement les préservatifs dans des contraintes dépassant celles qu’ils connaissent lors de leur utilisation usuelle, laissaient présager le pire.

Résultats de l’audit mené par le SABS sur les résultats des tests effectués sur les préservatifs fabriqués par LSP 
Les préservatifs de 22 des 91 lots ne sont pas conformes aux normes de l’OMS.
Les préservatifs de 12 lots présentent des trous.
Les préservatifs de 9 lots sont susceptibles d’éclater ou de se déchirer
Les préservatifs de 1 lot sont susceptibles de laisser s’écouler le lubrifiant, causant des détériorations.
Lire le rapport complet du SABS en anglais

« Nous ne pouvons pas établir avec précision les risques que cela représente pour la population, nous ne pouvons que nous détacher des résultats des tests de laboratoire », a-t-il noté.

A partir du 28 août, le gouvernement a mis en quarantaine 4,5 millions de préservatifs de la marque Choice et a poursuivi sa campagne de sensibilisation auprès du public – sa principale intervention depuis le rappel des préservatifs.

« Nous essayons de réduire les risques, ce qui signifie que nous tentons d’informer le plus de personnes possible du rappel des préservatifs », a expliqué Sibani Mngadi. « Nous encourageons les gens qui ne comprennent pas bien les conséquences que cela peut avoir sur eux à appeler la ligne d’écoute gratuite SIDA ».

Le rappel des préservatifs porte un coup dur à la longue campagne de sensibilisation que mène le ministère de la Santé pour le port du préservatif.

« Les campagnes de lutte viennent d’essuyer un sérieux revers. Nous avons travaillé dur afin de promouvoir cette marque. Autrefois, les préservatifs distribués par le gouvernement étaient présentés dans des emballages gris avec un ruban rouge dessinés dessus. Nous avons retravaillé l’image des préservatifs, nous avons lancé Choice et la distribution annuelle s’est accrue », a-t-il dit.

Depuis le rappel des préservatifs, les communautés doutent de la fiabilité des préservatifs distribués gratuitement par le gouvernement, a déploré M. Mngadi.
« Nous tentons d’élaborer la meilleure stratégie possible afin de limiter les dégâts causés à la réputation de la marque et à la confiance que le public accordait à ce produit », a-t-il indiqué.

« Je pense que les personnes à l’origine de ce scandale ont fortement nui à la lutte contre le sida. Cependant, il est important que les gens se souviennent que nous parlons d’actes commis par une poignée d’individus, et non par un système de santé », a souligné David Nowitz, directeur commercial de la Society for Family Health (SFH), qui a appuyé pendant plusieurs années le gouvernement sud-africain dans ses efforts de valorisation et de distribution des préservatifs Choice.

Selon le docteur Warren Parker, directeur du Centre for AIDS Development, Research and Evaluation (CADRE), cette série d’événements pourrait donner l’occasion au gouvernement de repenser la stratégie de prévention en Afrique du Sud.

« Il est regrettable que les intérêts économiques égoïstes des personnes qui mettent en place le programme mettent en péril la vie de la population », a-t-il déploré. « Le rappel des préservatifs sape le travail accompli par une campagne fructueuse, qui bénéficie d’une logistique solide et qui est de plus en plus sollicitée avec le temps ».
 
Le docteur Warren Parker exhorte le gouvernement à avoir le courage d’affronter le problème et à se servir du rappel des préservatifs pour repenser sa stratégie de prévention.

« [Le rappel] souligne l’importance de mettre en place des programmes de prévention multidimensionnel. Il est encore nécessaire que la population réduise son nombre de partenaires sexuels. Dans ce sens, le rappel pourrait servir à recentrer les efforts de prévention ».

llg/he/cd/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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