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L'absence de services de santé empêche les PDIP séropositifs de quitter les camps

Devant la diminution, l’année dernière, des attaques menées par les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur dans le nord de l’Ouganda, le gouvernement a déclaré qu’il commencerait à fermer les camps qui abritent plus d’un million de personnes, déplacées au cours des 21 années de conflit. Mais malgré le calme qui règne désormais dans le pays, seul un petit nombre de personnes sont retournées chez elles.

Dans la région d’Acholi, la plus touchée par la guerre, les quelque 21 000 personnes qui ont quitté les camps se sont principalement installées dans des colonies satellites situées entre les camps principaux et leurs terres d’origine, craignant que les affrontements ne reprennent, et que des mines terrestres aient été posées dans leurs villages. Ces personnes savent également qu’elles seront loin des services dispensés dans les camps.

« Je veux rentrer chez moi, mais je ne peux pas », a indiqué à IRIN/PlusNews Maureen Auma*, une mère séropositive, qui élève seule ses trois enfants. « Je tombe malade si souvent et le centre de santé serait trop loin pour m’y rendre à pied lorsque je suis faible ».

Mme Auma ne suit pas encore de traitement antirétroviral (ARV), mais prend du Septrin, un antibiotique, qu’elle se procure au centre de santé qui dessert le camp de Palabek-Kal pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP). Si elle suivait un traitement antirétroviral, qui permet de prolonger la vie des patients, elle devrait parcourir les 40 kilomètres qui séparent Palabek-Kal de l’hôpital public principal de la ville de Kitgum, pour se procurer ses médicaments ; et le trajet serait encore plus long si elle vivait chez elle.

Dans le nord de l’Ouganda, les services de traitement du VIH sont généralement limités aux hôpitaux et aux grands centres de santé, mais le gouvernement dit vouloir décentraliser ces services afin de faciliter la vie des PDIP qui retournent chez eux.

« Dans l’idéal, nous souhaiterions que certains services comme les programmes de PTME [prévention de la transmission de la mère à l’enfant] et de distribution des ARV soient gérés par les petits centres de santé, qui sont plus proches des populations. Malheureusement, c’est une démarche très coûteuse, et les bailleurs ne se sont pas montrés très disposés à s’associer à nous dans ce domaine », a déclaré Thomas Ojok, correspondant sur le VIH dans le district de Kitgum.

« Nous ne voulons pas que les gens restent dans les camps, mais nous voulons [surtout] qu’ils continuent à prendre leurs médicaments, alors s’ils pensent qu’ils peuvent rentrer chez eux et continuer à suivre leurs traitements, ils devraient rentrer [...] sinon, ils doivent rester sur place jusqu’à ce qu’ils puissent avoir accès aux services situés plus près de chez eux ».

Préparation à des rapatriements massifs

Les Nations Unies et les organisations non-gouvernementales (ONG) se préparent également à recevoir les PDIP qui rentrent chez eux. « Nous prévoyons d’élargir [les programmes de] TAR pédiatrique [thérapie antirétrovirale] par le biais de la PTME mais, même aujourd’hui, alors que les gens sont encore dans les camps, nous avons des difficultés à assurer leur suivi », a expliqué Rufina Oloa, responsable de projet VIH au Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à Kitgum.

« Alors, nous avons désormais commencé à effectuer des suivis davantage axés sur la communauté : nous faisons notamment appel à des bénévoles de la communauté à bicyclette plutôt qu’à de grandes ONG, qui ne parviennent pas vraiment à se rendre auprès de toute la population ».

L’Association des volontaires pour le service international (AVSI), une ONG italienne principale prestataire de services de PTME dans la région, travaille en collaboration avec le gouvernement en vue de construire des centres de santé équipés pour dispenser des services anténataux et de PTME.

Outre leur incertitude concernant les soins de santé dispensés dans leurs villages d’origine, les PDIP séropositifs craignent également de renoncer au soutien que leur apporte le contact avec d’autres personnes ayant le même problème.

« Chaque semaine, je rencontre un groupe et nous discutons de nos difficultés et échangeons des idées », a relaté Mme Auma. « Nous pouvons nous adresser aux ONG en tant que groupe et obtenir de l’aide, mais toute seule, je ne sais pas ce qui se passera ».

Les organisations qui soutiennent ces groupes encouragent les populations à retourner dans leurs régions rurales. Ketty Opoka, la fondatrice de Meeting Point, une ONG locale qui fournit un soutien communautaire et des soins aux populations, reconnaît que le département de la santé du district doit renforcer ses services ; toutefois, selon elle, cela ne devrait pas empêcher les populations de retourner dans leurs villages.

« Nous avons ouvert de nouveaux bureaux à Palabek-Kal, et sommes en train d’en ouvrir d’autres au nouveau camp satellite situé non loin de là – Ogili – où les gens peuvent se rencontrer comme ils le font dans la ville de Kitgum et obtenir le soutien dont ils ont besoin », a-t-elle expliqué.

« Les populations devraient commencer à se bouger et à cultiver leurs terres au lieu d’attendre les distributions sans rien faire. Nous les encourageons également à former de nouveaux groupes lorsqu’ils rentreront chez eux ; comme ça, l’information sur le VIH sera aussi diffusée au sein même des communautés d’origine », a-t-elle poursuivi.

Les travailleurs humanitaires de la région s’accordent à dire que les PDIP doivent pouvoir bénéficier d’un niveau minimum de services sanitaires et éducatifs, et de sources d’eau propre et d’une sécurité suffisantes avant de pouvoir rentrer chez deux en grands nombres.

kr/oa/he/nh/ads

*Un nom d’emprunt


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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