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Les violences sexuelles sur les femmes les rendent plus vulnérables au VIH

Près de 40 pour cent des femmes ougandaises âgées entre 15 et 49 ans ont été confrontées à une forme ou l’autre de violence sexuelle, une réalité que les experts en genre jugent « particulièrement inacceptable ».

Une femme ougandaise sur quatre a affirmé que son premier rapport sexuel s’était passé contre son gré, a révélé l’enquête démographique et de santé réalisée en Ouganda en 2006 par le Bureau Ougandais des statistiques (UBOS).

« Les femmes ougandaises ne peuvent toujours pas faire valoir leurs droits sexuels », a dit IRIN/PlusNews Elizabeth Kyasimire, du ministère du Genre.

« Ce sont des pratiques bien ancrées dans l’héritage culturel et social de notre société dans laquelle la femme à un statut inférieur », a-t-elle dit. Plus de deux mille femmes ont été interrogées, dont près de la moitié avoue avoir subi des violences sexuelles de la part leur époux ou de leur partenaire.

Les agressions physiques sont aussi courantes, puisque près de 60 pour cent des femmes âgées entre 15 et 49 ans disent avoir été victimes forme de violence physique.
« Sept femmes sur dix et près de 60 pour cent des hommes pensent que dans certaines circonstances les violences d’un époux envers sa femme peuvent se justifier », a rapporté l’étude.

Toujours selon l’étude, « dix-neuf pour cent des hommes et près d’un tiers des femmes considèrent qu’il est normal qu’un homme batte sa femme si celle-ci refuse d’avoir un rapport sexuel avec lui ».

Bien que cette étude montre que plus le niveau d’éducation d’une femme est élevé, moins elle court le risque de subir des violences sexuelles, Mme Kyasimire a souligné que « les femmes n’ont toujours pas le pouvoir économique et qu’elles se sentent obligées de se plier aux exigences de leurs partenaires au risque de perdre leurs maisons et leur moyen de subsistance ».

Mme Kyasimire a fait savoir, par ailleurs, que son ministère et les services de l’UBOS travaillaient ensemble pour étudier le lien entre le VIH et la violence sexuelle. Toutefois, a-t-elle précisé, « nous avons besoin de données authentiques pour alerter les autorités compétentes afin qu’elles concentrent leurs programmes sur les violences sexuelles ayant, de manière irréfutable, un lien avec la propagation du VIH dans ce pays.

Les problèmes liés au VIH sont connus de la population, mais les femmes ne peuvent les évoquer en raison de leur statut inférieur ».

Situation peu claire dans le Nord

L’étude des services de l’UBOS a révélé que, dans le Nord de l’Ouganda, déchiré par des décennies de guerre civile, les cas de violences sexuelles étaient moins nombreux que dans les autres régions du pays. Environ 27,7 pour cent des femmes vivant dans des camps de déplacés internes ont dit avoir été victimes d’une forme de violence sexuelle, contre 56 pour cent à l’Est et 42 pour cent à l’Ouest.

Cependant, ces chiffres semblent contredire ceux d’une autre étude - Suffering in Silence: A Study of Sexual and Gender-based Violence in Pabbo IPD Camp , Souffrir en silence : une analyse de la violence sexuelle et sexiste dans le camp de déplacés de Pabbo – menée conjointement par le gouvernement ougandais et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), en 2005.

« L’étude a révélé que, dans le camp de Pabbo, six femmes sur dix sont victimes d’agressions physique et sexuelle, de menaces et d’humiliations imputables à des hommes en qui elles ont une confiance aveugle ». L’étude de l’UNICEF a aussi montré que le viol était souvent considéré comme un fait « banal » de la vie quotidienne dans le camp de Pabbo, le plus grand camp de déplacés du district de Gulu.

Pour certains activistes, les statistiques des services de l’UBOS, dans le Nord, pourraient traduire une conception différente de ce qu’on entend par violence sexuelle.
L’UNICEF a noté, par exemple, que certains cas d’agression sexuelle dans le camp de Pabbo étaient considérés comme des délits mineurs ou étaient complètement ignorés et que les enlèvements de jeunes filles destinées à être des esclaves sexuels étaient une pratique courante dans L'Armée de résistance du Seigneur (LRA).

« Les cas de violence sexuelle sont, sans conteste, très nombreux dans le Nord ; pendant la guerre, des femmes ont été violées et des jeunes filles ont été déshonorées », a dit Hilda Akabway, directrice exécutive de l’Association des femmes juristes en Ouganda (FIDA-Ouganda).

La FIDA-Ouganda, a-t-elle ajouté, a ouvert un bureau dans la région d’Acholi, très marquée par la guerre civile, afin d’aider les femmes à acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour lutter contre les agressions sexuelles et toute autre forme de violence.

Par ailleurs, Mme Akabway a souligné qu’il était urgent que le gouvernement sensibilise la population aux droits sexuels des femmes, pour amener la société à changer sa conception sexiste dangereuse.

Pour Mme Kyasimire, du ministère du Genre, même s’il existe des lois pour protéger les femmes et rendre justice aux victimes de violences sexuelles, leur application n’est pas souvent facile, surtout dans les zones rurales.

« Lorsqu’une femme est violée et dépose une plainte à la police, la procédure judiciaire est tellement lente et onéreuse que généralement les filles et les femmes de milieu défavorisé décident d’abandonner la procédure ».

Un projet de loi contre la violence domestique est en cours d’élaboration et le parlement a récemment adopté un amendement prévoyant la peine capitale pour toute personne séropositive coupable d’avoir transmis volontairement le virus du VIH à une mineure lors d’un rapport sexuel.

kr/he/mj/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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