1. Accueil
  2. East Africa
  3. Kenya
  • News

Des pressions sociales liées à la circoncision mettent les jeunes en danger

Les pressions traditionnelles et sociales qui pèsent sur les adolescents poussent de nombreux jeunes kényans nouvellement circoncis à avoir des rapports sexuels avant que leur plaie ait tout à fait cicatrisé, annulant ainsi tous les effets préventifs contre le VIH de l’intervention chirurgicale, selon les résultats préliminaires d’une étude en cours.

« Les recherches effectuées dans les districts de Maragua et de Murang’a montrent que les garçons circoncis sont encouragés par les garçons plus âgés à se rapprocher des filles dans le but d’avoir un rapport sexuel et de prouver ainsi leur virilité, une pratique connue sous le nom de ‘kwihura mbiro’ ou ‘nettoyer la saleté’ », a dit le docteur Anne Kamau, auteur de l’étude et qui participe à des recherches à l’Université de Nairobi, au cours d’une récente conférence de chercheurs à Kisumu, dans l’ouest du Kenya.

Des études menées au Kenya et en Ouganda ont montré que la circoncision pouvait réduire de 60 pour cent le risque pour un homme de contracter le VIH.

L’étude de Mme Kamau, qui entre dans le cadre d’une enquête plus large sur la violence liée à la circoncision parmi les garçons adolescents dans les deux districts, comprend des entretiens en tête à tête avec 89 garçons âgés de 10 à 17 ans, ainsi qu’une discussion de groupe avec des parents, des représentants gouvernementaux et des organisations confessionnelles.

La circoncision est un rite de passage traditionnel pour les garçons adolescents des communautés ethniques de Kikuyu, dans le centre du Kenya. Si aujourd’hui l’intervention est surtout pratiquée en hôpital, la période d’instruction qui suit l’intervention et qui permet aux jeunes circoncis d’accéder au statut d’adultes dans la société de Kikuyu existe encore.

« Quarante deux d’entre eux ont rapporté que des garçons plus âgés leur avaient recommandé d’avoir un rapport sexuel après l’opération », a dit Mme Kamau. « On avise les garçons que pour prouver leur virilité, ils doivent coucher avec une fille; des mythes leur sont aussi racontés, comme le fait que le ‘kwihura mbiro’ aidera la plaie à guérir plus facilement, et que si la saleté n’est pas nettoyée ils tomberont malades et mourront ».

Vingt des 42 garçons à qui l’on avait recommandé de ‘nettoyer la saleté’ ont dit qu’ils l’avaient fait, 11 d’entre eux ont dit l’avoir fait dans les trois mois qui ont suivi la circoncision. Parmi les raisons invoquées étaient le désir de prouver leur virilité, la peur du ridicule et le souhait d’éviter la maladie.

« Ils [les garçons plus âgés] m’ont aussi expliqué comment je pouvais piéger [persuader] une fille [de coucher avec moi]… on devient un homme complet après le ‘kwihura mbiro’ », a dit un garçon de 16 ans à l’auteur. « Ils m’ont dit que je devrais le faire dans le mois qui suivrait la cicatrisation ».

Douze garçons ont dit qu’ils n’avaient pas utilisé de préservatif la première fois qu’ils avaient eu un rapport sexuel après leur circoncision, ils l’ont expliqué par leur ignorance des risques auxquels ils s’exposaient, et par leur crainte que les prophylactiques blessent leur plaie en cicatrisation.

« Tu couches avec une fille sans préservatif pour bien te nettoyer », a dit un autre garçon de 17 ans. « La première fois que tu as un rapport sexuel tu ne devrais pas utiliser un préservatif, pour que le ‘mbiro’ [saleté] puisse sortir ».

Mme Kamau a précisé que certains garçons avaient donné d’autres raisons, notamment que le préservatif serre et que l’Eglise ne recommande pas le port du préservatif.

« Il faudrait offrir un service de conseil pré- et post-circoncision aux garçons adolescents, afin de les informer sur les dangers du sexe sans protection lié à la circoncision, et pour mettre fin aux mythes sexuels liés à la circoncision ainsi qu’aux pressions liées au sexe », a-t-elle commenté.

Des groupes religieux ont commencé à fournir un service de circoncision surveillée pour les garçons et ils profitent de la discrétion du cadre de l’église ou de l’école pour leur fournir des conseils sur la sexualité et sur le VIH/SIDA, mais le coût, entre 30 et 50 dollars par personne, rend le service souvent inabordable.

Elle a précisé qu’étant donné que l’Eglise catholique romaine ne soutenait pas le port du préservatif, les informations que les garçons y recevaient n’étaient pas aussi complètes qu’elles pourraient l’être.

Mme Kamau a aussi noté que les garçons qui avaient respecté les rites de la circoncision traditionnelle rejetaient ceux qui choisissaient la circoncision supervisée par l’église, et que certains de ces derniers cédaient aux pressions exercées par les autres jeunes, par peur d’être persécutés ou exclus définitivement.

« Nous avons besoin de faire davantage de recherches afin de mieux comprendre le rôle du ‘kwihura mbiro’ parmi les garçons adolescents, ainsi que les difficultés auxquelles ils font face après la circoncision», a-t-elle conclu.

Autres articles sur la circoncision et le VIH/SIDA

kr/kn/he/mj/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join