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Repenser la prévention du VIH pour contrer une épidémie qui mûrit

A mesure que l’épidémie de VIH/SIDA évolue en Ouganda et s’accompagne de nouveaux types de comportements, il est nécessaire de redéfinir les stratégies de prévention afin de s’adapter à la nouvelle dynamique de la pandémie, ont estimé de hauts responsables sanitaires.

« La situation a changé ; il est important de comprendre ce qui alimente l’épidémie », a déclaré le docteur David Apuuli Kihumuro, directeur général de la Commission ougandaise de lutte contre le sida. « Nous avons procédé à une analyse détaillée et selon les résultats, la plupart des nouvelles contaminations touchent désormais les personnes âgées entre 30 et 40 ans, et non plus les jeunes de 20-24 ans. »

Les femmes les plus à risque sont celles âgées entre 30 et 35 ans et les hommes les plus vulnérables au virus sont ceux appartenant à la tranche d’âge des 35-40 ans, a-t-il expliqué. Il a également précisé que les personnes mariées étaient davantage exposées au risque d’infection au VIH qu’autrefois.

« Les résultats des études indiquent qu’un nombre croissant de nouvelles contaminations se produisent dans le lit conjugal, car au cours de quatre dernières années, les hommes ont multiplié le nombre de partenaires sexuelles et ils ont désormais davantage d’épouses ou de compagnes », a dit M. Kihumuro.

Le nombre de personnes reçues dans les centres de conseil et de dépistage volontaire demeure faible. En effet, bien que l’on estime à plus d’un million le nombre de personnes infectées par le virus dans ce pays d’Afrique de l’Est, 20 pour cent de la population seulement connaît son statut sérologique.

La stratégie ABC, qui prône l’abstinence, la fidélité et l’utilisation du préservatif, a permis à l’Ouganda de faire chuter son taux de prévalence du VIH/SIDA de plus de 20 pour cent, au début des années 1990, à six pour cent en 2000.

Cependant, la lutte nationale contre le VIH a été matière à controverse. En effet, en 2004, le pays a été confronté à une pénurie nationale de préservatifs, suite à l’importation par le gouvernement de préservatifs défectueux.

En outre, des allégations ont été formulées selon lesquelles les autorités délaissent la méthode de prévention ABC au profit d’une stratégie essentiellement fondée sur la promotion de l’abstinence et de la fidélité.

La récente augmentation du taux de prévalence du VIH/SIDA – qui s’établit désormais à 6,7 pour cent – a fait prendre conscience aux responsables de la lutte contre l’épidémie de l’importance de changer de stratégie afin de répondre à son évolution.

« Nous sommes en train d’élaborer une stratégie de communication qui prendra en compte la nouvelle dimension de l’épidémie », a dit M. Kihumuro.

Il a refusé de donner davantage de détails sur la nouvelle stratégie et il a indiqué que des informations seraient divulguées avant la fin de l’année.

Renforcer la prévention de la transmission mère-enfant

La portée des programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant est également reconnue comme insuffisante en Ouganda. En effet, 30 pour cent des femmes enceintes seulement subissent un test de dépistage du VIH et 38 pour cent d’entre elles accouchent dans des centres sanitaires.

« Presque toute les femmes enceintes fréquentent les cliniques prénatales, mais pour l’accouchement, elles préfèrent faire appel aux services des accoucheuses traditionnelles », a expliqué M. Kihumuro. « La nouvelle stratégie doit s’adresser à ces femmes-là ».

Justine Nankinga, responsable des programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant auprès du ministère de la Santé, a déclaré à IRIN/PlusNews que la demande de dépistage du VIH était élevée chez les femmes enceintes, mais que les kits de dépistage faisaient défaut.

« Les femmes vivent parfois loin des centres de soins, et elles ont des difficultés à se déplacer à mesure que le terme de la grossesse approche », a-t-elle rappelé.

« Les accoucheuses traditionnelles sont intégrées dans notre programme », a-t-elle poursuivi. « Elles encouragent les femmes à se rendre dans les centres de santé et elles suivent également une formation afin de pouvoir administrer la névirapine [un médicament antirétroviral (ARV) qui réduit les risques de transmission du virus de la mère à l’enfant] aux mères et aux nouveaux-nés ».

D’autre part, depuis que la population a accès aux thérapies ARV, elle ne perçoit plus la menace du VIH de la même manière, a souligné M. Kihumuro. Selon lui, les nouvelles stratégies de prévention doivent prendre en compte ce facteur.

« Dernièrement, l’accent a été mis davantage sur le traitement que sur la prévention », a-t-il dit. « Or, selon les statistiques, pour une personne mise sous traitement ARV, on déplore six nouvelles contaminations », a-t-il noté.

Lors d’une rencontre des responsables de la lutte contre la pandémie, qui s’est tenue récemment à Kampala, la capitale ougandaise, le docteur David Apuuli Kihumuro a estimé que le pays avait besoin de plus de 300 millions de dollars américains afin de renverser la tendance de l’épidémie.

En outre, trouver des financements se révèle de plus en plus difficile depuis que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a décidé d’exclure l’Ouganda de sa sixième série d’octroi de subventions, suite à la mauvaise gestion des subventions qu’il avait précédemment accordées au pays.

kr/ks/he/cd/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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