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Plus de distribution de préservatifs féminins, trop « bruyants »

Les activistes de la lutte contre le sida en Ouganda ont dénoncé la décision du gouvernement d’arrêter d’approvisionner la population en préservatifs féminins, un choix qu’ils ont estimé dangereux et mal informé.

Le ministère ougandais de la Santé a annoncé la semaine dernière qu’il ne fournirait plus de préservatifs féminins à cause du peu de succès que ces derniers avaient obtenu auprès des femmes, qui les trouvent difficiles à utiliser.

« Nous avons arrêté de les fournir parce que les femmes qui sont sensées les utiliser se sont plaintes qu’ils n’étaient pas pratiques», a dit à IRIN/PlusNews James Kigozi, porte parole de la Commission ougandaise de lutte contre le sida. « Plusieurs de celles qui les ont utilisés se plaignent qu’ils font beaucoup de bruit durant les rapports sexuels ».

Beatrice Were, coordinatrice pour l’ONG ActionAid qui lutte contre la pauvreté, a qualifié cette initiative gouvernementale de « décevante », estimant que les autorités n’avaient pas fait en sorte de s’assurer que toutes les femmes ougandaises soient au courant des avantages du préservatif féminin.

« Je serais intéressée de savoir combien de femmes sur le total interrogé ont dit que le préservatif était bruyant ou difficile à utiliser », a-t-elle dit. « Une ardente militante pour les droits de la femme que j’ai rencontrée récemment à une conférence m’a confié qu’elle n’en avait jamais vu, alors imaginez une habitante rurale ! Comment peuvent-ils arrêter de les distribuer alors que les gens ne savent même pas à quoi ils ressemblent ? »

Le préservatif féminin est une gaine en polyuréthanne de 16,5 cm de long qui s’insert dans le vagin d’une femme avant le rapport sexuel ; il recouvre le vagin et supprime le risque de grossesse et d’infection sexuellement transmissible.

M. Kigozi a affirmé que des centaines de milliers de ces préservatifs avaient été importés entre 2002 et 2004, mais que peu de femmes les avaient utilisées.

« Même le peu qui ont essayé de les utiliser ont dit que l’insertion était douloureuse et qu’ils étaient désagréables pendant le rapport », a-t-il dit.

La plupart des femmes n’ont pas leur mot à dire en ce qui concerne la contraception, a-t-il rappelé.

« Les études montrent qu’une des raisons de l’impopularité des préservatifs féminins est le manque de pouvoir des femmes dans la société, les maris et les petits amis les forcent à les enlever après qu’elles les ont insérés », a-t-il dit. « Une femme est loin d’avoir le pouvoir et le courage de dire, ‘je dois l’utiliser’ ».

Mme Were a cependant souligné que les femmes ougandaises n’étaient pas un groupe homogène, et que les normes étaient variables.

Certaines femmes n’ont peut-être pas le pouvoir d’exiger que les risques soient limités ou alors trouvent le préservatif bruyant, mais d’autres peuvent le trouver tout à fait acceptable, une décision globale d’arrêter la distribution nationale était donc injuste.

Une efficacité scientifiquement prouvée

Les militants anti-sida considèrent que les initiatives féminines telles que l’usage du préservatif féminin sont essentielles dans la lutte contre la maladie.

La décision du gouvernement soulève des interrogations sur son implication dans l’éradication de l’épidémie chez les femmes, qui sont plus touchées par le VIH que les hommes, a estimé Mme Were. Les femmes représentent près de 60 pour cent du million de personnes qui vivent avec le VIH en Ouganda.

''Certains ont dit qu’ils étaient bruyants, mais qui leur a dit que le sexe devait être un acte silencieux?''

« Prenons, par exemple, la circoncision masculine, une stratégie de prévention pour les hommes ; depuis qu’il a été récemment confirmé qu’elle était une méthode de prévention, d’immenses programmes de circoncision naissent partout, pourtant ils veulent nous faire croire que le préservatif féminin, dont l’efficacité est scientifiquement prouvée depuis des années, ne sera plus distribué parce que son utilisation n’est pas pratique- je n’y crois pas » a-t-elle dit.

Le docteur Margaret Magunwa, de la Campagne mondiale pour les microbicides, a rappelé que le préservatif féminin n’a pas été aussi largement distribué qu’il aurait pu l’être.

« Les préservatifs féminins sont devenus impopulaires parce que les utilisateurs n’en trouvaient pas, ils n’étaient disponibles que dans les magasins du gouvernement, alors que l’on trouve des préservatifs masculins dans tous les points de vente, y compris les hôtels », a-t-elle regretté.

Pour Elizabeth Bukusi, de l’Institut de rechercher kényan, les préservatifs féminins étaient plus difficiles à trouver et plus chers que les préservatifs masculins, mais les plaintes sur l’utilisation étaient peu nombreuses.

« Certaines personnes ont dit qu’il [le préservatif féminin] était bruyant, mais qui leur a dit que le sexe devait être un acte silencieux ? » a-t-elle dit lors d’une conférence sur la parité des sexes et sur le développement organisée dans la capitale, Kampala.

Le programme ougandais de lutte contre le VIH est basé sur le model ABC, (‘Abstinence, Fidélité, Préservatif’, en anglais), mais le C a eu tendance à ne concerner que les préservatifs masculins.

Le préservatif masculin a connu lui aussi une période difficile en 2004, quand le pays a été confronté à une pénurie nationale, suite à l’importation par le gouvernement de préservatifs défectueux.

La situation a depuis été rectifiée, et M. Kigozi a dit que le ministère de la Santé ainsi que des entreprises privées importaient au moins 120 millions de préservatifs masculins chaque année, une quantité qui devrait augmenter.

vm/kr/he/kn/mj/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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