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Un rapport d'audit dénonce les défaillances du système de santé

Un rapport accablant de l’Auditeur général de l’Ouganda vient d’épingler les défaillances systématiques des services proposés par les hôpitaux et les centres de santé publics du pays, piliers de la lutte nationale contre le VIH/SIDA.

Selon le rapport ‘Optimisation des ressources : un rapport d’audit sur la gestion des programmes de santé’, le personnel de santé gaspille et dérobe des médicaments et du matériel médical et fait preuve d’un manque d’engagement auprès des patients.

« La population locale ne tire pas bénéfice des ressources », a déclaré Francis Musuba, auditeur général. « Le financement est inadapté, les médicaments le sont également, les infrastructures, tout comme le personnel et les programmes de suivi, font défaut ».

Le rapport d’audit a été publié quelques semaines après l’arrestation de trois hauts responsables du ministère de la Santé, le ministre Jim Muhwezi et deux de ses adjoints, Mike Mukula et Alex Kamugisha, inculpés d’avoir détourné des centaines de milliers de dollars destinés au financement de campagnes de vaccination.

Les trois responsables ont été limogés en 2006, suite à diverses allégations de détournement de fonds alloués par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

En 2005, le gouvernement ougandais a dépensé 11 dollars en soins de santé par habitant, alors que le montant recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’élève entre 30 et 40 dollars.

« Le financement est faible, c’est un fait, mais la manière dont nous utilisons le peu d’argent dont nous disposons laisse beaucoup à désirer », a souligné Francis Musuba. « Il est nécessaire de dépenser judicieusement cet argent, et ce n’est pas le cas ».

« Le programme de lutte contre le sida n’est pas isolé, il est censé être mis en oeuvre à travers le système de santé », a-t-il ajouté. « Avec un système de santé en si mauvais état, il n’est pas étonnant que les programmes de lutte contre l’épidémie soient si difficiles à mettre en œuvre. »

Un système de santé en désordre

L’équipe de l’Auditeur général a découvert que plusieurs centres de santé avaient laissé périmer des médicaments, dont des antirétroviraux (ARV) qui prolongent l’espérance de vie des personnes séropositives.

Ainsi, en 2006, National Medical Stores, situé à Kampala, la capitale, a reconnu avoir laissé périmer 42 555 boîtes d’ARV, d’une valeur de 468 000 dollars.

En outre, le rapport a indiqué que les centres de santé n’étaient pas équipés pour permettre un stockage adéquat des médicaments et qu’ils ne respectaient pas les procédures nationales de manutention. Ainsi, les réserves de médicaments ne sont pas correctement gérées, et des médicaments se retrouvent en vente sur le marché privé.

Les auditeurs ont révélé qu’un des sous-districts de Soroti, dans l’est du pays, n’était pas parvenu à dépenser 20 000 dollars, soit 50 pour cent de son budget annuel consacré aux médicaments, et que 13 500 dollars avaient disparu.

Malgré les vives inquiétudes concernant la corruption, un grand nombre de districts ne sont toujours pas en mesure de vérifier les comptes et il n’existe aucune règle de tenue des comptes à l’échelle nationale.

Dans tous les centres de santé visités par l’équipe de l’Auditeur général, le matériel médical faisait défaut et les équipements à disposition – dont les tests CD4 qui permettent d’évaluer la résistance du système immunitaire des personnes vivant avec le VIH – étaient souvent mal entretenus, et donc « constamment en panne ».

Plus d’un tiers des centres de santé n’ont pas dressé l’inventaire du matériel dont ils disposent - une incitation au vol. En outre, les employés n’arrivent pas à l’heure au travail, ou ne viennent tout simplement pas travailler.

Pour Beatrice Were, une grande figure de la lutte contre le VIH/SIDA et coordonnatrice du volet sida d’ActionAid International, une ONG qui combat la pauvreté dans le monde, le rapport vient confirmer ce que les personnes travaillant dans le secteur en Ouganda savaient déjà : le financement de la lutte contre le sida ne profite pas aux personnes qui en ont besoin.

« A Bugiri [dans l’est de l’Ouganda], district dont je suis originaire, les ARV sont disponibles, les traitements sont là, mais il n’y a pas de travailleur de santé qualifié pour les distribuer [aux patients] », a-t-elle déploré. « Ce n’est pas une question de personnes, mais c’est un problème au niveau du système … le peu de financement [octroyé à la lutte contre la pandémie] finit dans les poches des hauts responsables. »

Tirer les leçons des erreurs passées

Mme Were craint que la baisse de la vigilance ne conduise à une recrudescence de l’épidémie. Au cours des années précédentes, l’Ouganda avait à plusieurs reprises été cité en exemple pour avoir réussi à ramener son taux de prévalence du VIH de 20 pour cent à la fin des années 80 à six pour cent en 2000. En 2006, ce taux est remonté à 6,4 pour cent.

« On peut très bien assister à une résurgence de l’épidémie, et cette fois-ci avec des résistances aux traitements », a prévenu Mme Were.

Francis Musuba espère que ce rapport apprendra au ministère de la Santé à tirer les leçons de ses erreurs. « Le suivi et l’évaluation doivent devenir des priorités », a-t-il souligné.

L’audit a été effectué sur une période de cinq ans, entre 2000 et 2005, à une époque où les programmes de lutte contre le sida connaissaient un recul en Ouganda.

En 2006, le Fonds mondial a rejeté une nouvelle demande de subvention formulée par l’Ouganda, le gouvernement ougandais ayant tardé à mener des actions contre les hauts responsables accusés de corruption.

ed/kr/oa/cd/ail

Lire aussi : Ouverture d'enquêtes sur la mauvaise gestion des subventions du Fonds mondial


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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