Au cours d’un débat agité lors de la troisième Conférence sud-africaine contre le sida, à Durban, dans l’est du pays, une question a divisé les délégués : le pays devrait-il lancer un programme de circoncision masculine de masse ou pas ?
Cette question a été posée mercredi par le docteur François Venter, président de la l'Association sud-africaine des cliniciens du VIH, et étudiée par un panel de chercheurs, médecins et sociologues avec la participation enthousiaste d’un public de délégués assistant à la conférence.
Trois essais cliniques à grande échelle, menés en Afrique du Sud, au Kenya et en Ouganda, ont révélé que la circoncision masculine pouvait réduire de 60 pour cent le risque d’infection au VIH chez l’homme dans le cadre de relations hétérosexuelles.
Neil Martinson, directeur adjoint de l’unité de recherche périnatale du VIH à l’Université de Witwatersrand à Johannesbourg, a qualifié de stupéfiantes les preuves de l’efficacité de la circoncision contre l’infection au VIH. « C’est presque comme un vaccin », s’est-il enthousiasmé.
Après avoir fait remarquer le « silence assourdissant » sur le sujet de la part des responsables politiques en Afrique du sud, il a convenu que ce n’était pas une intervention avec laquelle tout le monde était à l’aise.
« Ce n’est pas chaud et doux », a-t-il dit. « C’est une histoire de métal froid ».
Mais M. Martinson a affirmé que le prochain pas serait de se pencher sur des problèmes pratiques, par exemple trouver un moyen d’encourager les gens à demander l’opération.
Le professeur Alan Whiteside, directeur de la division de recherche sur le VIH/SIDA et sur l’économie de la santé (HEARD) à l’Université du KwaZulu-Natal, a proposé que la procédure devienne automatique pour tous les garçons nés dans des cliniques publiques -à moins que les parents ne s’y opposent.
Pour les hommes adultes qui voudraient se faire circoncire, a-t-il dit, l’intervention devrait être couverte par des programmes d’aide médical.
Timothy Quinlan, directeur des recherches à HEARD, a affiché une position plus sceptique, n’étant pas convaincu que les éléments en faveur de la circoncision étaient suffisants pour encourager son utilisation comme protection contre le VIH.
« Un taux d’efficacité situé entre 50 et 60 pour cent ne correspond pas aux normes scientifiques », a-t-il dit. « Ce n’est pas mal s’il n’y a rien d’autre, mais il y a une multitude d’autre moyens de prévenir le VIH ».
Il a ajouté que la circoncision masculine ignorait les femmes et ne faisait rien pour changer les comportements qui perpétuent l’épidémie, tel que les rapports sexuels avec des partenaires multiples.
« Bien sûr c’est un choix personnel », a-t-il conclu, « mais est-ce que cela vaut la peine d’y investir du temps et de l’argent? »
La majorité des auditeurs présents a estimé que cela en valait la peine, tout en exprimant un certain nombre d’inquiétudes.
Plusieurs d’entre eux ont souligné le besoin de prendre en compte les questions culturelles qui touchent à la circoncision et d’impliquer les chefs traditionnels en tant que gardiens de la culture.
Dans un pays où 30 pour cent des hommes sont déjà circoncis, car cela constitue un rite de passage, « la circoncision est une pratique qui nous [les hommes africains] tient à cœur », a dit un membre du public.
D’autres se sont demandés si cette intervention centrée sur les hommes n’aurait pas pour effet d’affaiblir un peu plus les femmes et d’augmenter leur vulnérabilité à l'infection, en fournissant aux hommes une excuse pour ne pas porter de préservatif.
« Préparons-nous », a été la réponse de M.Whiteside, « parce que cela va arriver et nous avons besoin d’une campagne de sensibilisation et de communication claire et étayée ».
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