La direction de l’ancienne armée rebelle de libération du peuple soudanais (SPLA) au Sud Soudan a lancé une nouvelle offensive, non plus contre le nord qu'elle a combattu pendant plus de deux décennies, mais contre la propagation de l'épidémie de sida dans la région.
« On pourrait employer le terme ‘second front’ à cause de l’ampleur du risque », a dit Kuol Diem Kuol, porte-parole de la SPLA, qui a répondu aux questions d’IRIN/PlusNews à Juba, la capitale régionale du Sud Soudan.
Au sein d’un projet d’une durée de trois ans, mis en place par le secrétariat de l’armée chargé du problème VIH/SIDA avec l’aide de l’ONG IntraHealth International, des soldats sont sélectionnés puis entraînés à informer les hommes et les femmes dans les casernes militaires sur le VIH et sur l’accès aux centres de dépistage.
Depuis le début, cinq centres de dépistage volontaire du VIH et de conseil (VCT) ont été créés.
La SPLA est devenue l’armée officielle du Sud Soudan après la fin de la guerre qui a opposé le nord du pays au sud pendant 21 ans.
Même si le taux de prévalence au Soudan est peu élevé comparé à celui des pays voisins –on l’estime à 2,6 pour cent, celui de l’Ouganda et du Kenya étant à six pour cent- la direction de la SPLA est bien consciente que si elle se reposait sur ses lauriers, les conséquences pourraient être désastreuses.
Selon IntraHealth, « Il est prioritaire de se pencher aussi sur l’abus d’alcool et sur les violences sexuelles qui jouent un rôle dans la transmission du VIH, d’autant plus qu’actuellement la SPLA n’a pas vraiment conscience du fait qu’ils constituent des problèmes. »
Le secrétariat VIH/SIDA de la SPLA et IntraHealth publient des bulletins mensuels pour informer les soldats sur le VIH et sur leurs efforts pour freiner sa progression au sein de l’armée.
« Le ministère de la SPLA est le seul pourvu d’un secrétariat VIH/SIDA », a expliqué Caroline Karatu, chargée de mission pour IntraHealth. « Celui-ci est traité comme n’importe quelle autre administration et la SPLA est entièrement intégrée. »
Même si le fait de parler ouvertement de sexe reste une sorte de tabou au Sud Soudan, où le niveau d’éducation est faible, Mme Karatu a dit qu’il lui avait été facile de discuter avec les militaires.
« Une idée répandue voudrait que le sida vienne de l’extérieur » a poursuivi Mme Karatu. « Nous n’avons pas encore assez de données statistiques pour cibler notre action sur des groupes à risque comme les prostituées, alors nous leur disons que tous les rapports sexuels sont une prise de risque. »
Malgré le soutien sans réserve des dirigeants de l’armée, diffuser l’information et distribuer des préservatifs à toute l’armée du sud -dispersée dans l’immense Sud Soudan, y compris dans des zones difficiles d’accès- reste un combat difficile pour le secrétariat VIH/SIDA de la SPLA et IntraHealth.
Mme Karatu a souligné que les préservatifs étaient encore aujourd’hui une denrée relativement rare, malgré l’importante demande; les centaines de milliers d’unités distribuées aux soldats par IntraHealth sont parties très rapidement.
Le secrétariat VIH/SIDA espère que les centres VCT de l’armée vont se développer au cours des prochains mois.
« Le nombre [de personnes] dépistées positives au VIH a été relativement faible, », a dit Mme Karatu « mais les expériences des pays voisins nous ont enseigné que si l’on relâchait [les efforts], les chiffres pourraient exploser. »
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