Pour Olivia, une jeune femme séropositive de 26 ans qui veut être appelée ‘Espoir’, car, dit-elle, « il n’est pas de mot sans signification », apprendre qu’elle était enceinte a d’abord été vécu comme un drame. Aujourd’hui, elle y voit une raison supplémentaire de croire en la vie. Elle raconte son parcours.
« Je suis une jeune femme de 26 ans. Je m’appelle Olivia, mais j’aimerais qu’on m’appelle Espoir, car j’ai appris qu’il n’est pas de mot sans signification.
Je suis activiste du programme DREAM [programme de lutte contre le sida de la communauté catholique Sant’Egidio], à Machava [dans la capitale mozambicaine, Maputo]. Après avoir perdu tout espoir en la vie, voilà que j’aide d’autres personnes à vivre.
Je suis séropositive et parfois je me sens coupable de l’être. Depuis que j’ai su que je l'’étais, j’ai toujours eu des rapports sexuels protégés. Mais j’ai appris à mes dépens que le seul moyen sûr de protection est l’abstinence, car un jour, je suis tombée enceinte.
J’étais sûre que cela n’arriverait jamais, car mon mari et moi utilisions toujours le préservatif. Mais cette fois-là il s’est rompu. J’étais désespérée, car je savais que c’était risqué d’être enceinte, dans mon état.
J’en ai parlé à mon mari. Lui aussi est séropositif. Je lui ai dit que je n’avais pas eu mes règles ce mois-là. Il m’a conseillé de faire un test de grossesse. Il était positif. Que faire ?
J’ai raconté ce qui m’arrivait à une amie. Sa première réaction a été de me conseiller d’avorter. Mais mon mari m’a dit : « L’important, c’est d’avoir la foi et de laisser cet enfant venir au monde ».
Je croyais aussi que c’était la meilleure chose à faire. C’est sûr que c’était une décision difficile. Mais je ne pouvais pas supporter l’idée de ne pas avoir un enfant avec mon mari : ce serait une joie pour notre union !
Il est vrai que nous avons déjà trois enfants : deux de mon mari, et un à moi. Mais seul mon fils, qui a 11 ans, vit avec nous. Nous sommes en train de construire notre maison, et quand elle sera finie, les deux filles de mon mari viendront aussi habiter avec nous. Pour l’heure elles vivent avec leur grand-mère et viennent passer les vacances avec nous.
Le temps passait et on commençait à voir mon ventre. C’est alors que j’ai commencé à comprendre ce que ressent une femme séropositive enceinte. Les personnes plus proches, c’est-à-dire collègues et patients, étaient curieux de savoir comment j’avais pu tomber enceinte.
Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas me soutenir étant donné que j’étais un exemple de quelqu’un qui n’utilisait pas de préservatif. Je savais bien que ce n’était pas vrai, mais au début ça a été difficile de le faire comprendre aux autres !
Je continue à prendre les antirétroviraux comme avant. J’ai su que j’étais séropositive en 2003. Le lendemain, je prenais déjà ces médicaments, car mes CD4 [qui permettent d’évaluer la résistance du système immunitaire] étaient très bas.
J’avoue qu’être enceinte et séropositive m’a ramenée en arrière, au moment où j’ai appris que j’étais infectée par le VIH, parce que la discrimination de la part de ceux qui connaissent ma situation est la même.
Je me trouve en ce moment au centre de prévention verticale [prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant] à Matola II [un centre de traitement du VIH/SIDA situé dans un faubourg de Maputo]. Ici, j’ai reçu beaucoup de soutien de la part des médecins. Ils m’ont expliqué qu’il est possible d’avoir un enfant sain, si je suis le traitement correctement.
C’est justement ce soutien qui m’aide à aller de l’avant. J’arrive presque au terme de ma grossesse et j’espère que tout se passera bien. J’aimerais être un témoin réel de la thérapie de prévention verticale. Si j’ai un garçon il aura le prénom de son papa, Issufo ; si c’est une fille, elle s’appellera Letícia. »
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