Les programmes de prévention du VIH en Afrique oublient de prendre en compte les personnes séropositives, alors que ces dernières sont vulnérables à la surinfection et peuvent, si elles sont mal informées, transmettre le virus à d’autres, ont regretté des acteurs de la lutte contre le sida.
« Nous savons que les personnes sérodiscordantes [lorsque l’un des partenaire est séropositif et l’autre non] et les personnes séropositives continuent à avoir des relations sexuelles, mais peu d’études ont été réalisées sur la question de la réduction des comportements à risque parmi les personnes qui vivent avec le VIH », a noté Leickness Simbayi, directeur régional pour l’Afrique australe du groupe de recherche Social aspects of HIV/AIDS and health research alliance (SAHARA).
En Afrique subsaharienne, de nombreux pays ont lancé de larges campagnes de prévention du VIH qui ciblent les jeunes et d’autres groupes vulnérables, mais ces programmes ne prennent pas explicitement en compte les quelque 25 millions de personnes qui vivent déjà avec le virus sur le continent.
S’exprimant lors de la conférence SAHARA organisée la semaine dernière à Kisumu, dans l’ouest du Kenya, M. Simbayi a rappelé que la stigmatisation, le déni, l’exclusion et la discrimination à l’encontre des personnes vivant avec le VIH menaient les populations à cacher leur statut sérologique et à continuer à avoir des comportements sexuels à risque.
M. Simbayi a également estimé que les efforts actuellement concentrés sur l’accès aux traitements antirétroviraux (ARV) avaient occulté l’importance de mener des programmes de prévention.
« L’accent mis sur les traitements a relégué la prévention au deuxième plan des préoccupations », a-t-il dit. « Nous avons aussi des éléments indiquant que les ARV encouragent les comportements sexuels à risque parmi les personnes séropositives en raison des espoirs de traitement qu’ils suscitent ».
La clé pour encourager la prévention parmi les personnes séropositives réside dans la capacité à attirer davantage de personnes vers les centres de conseil et de dépistage volontaire du VIH, a estimé M. Simbayi.
En dépit de la multiplication des messages d’information sur les avantages du dépistage diffusés à travers le continent au cours des 15 dernières années, la grande majorité des Africains ne connaît toujours pas son statut sérologique.
Selon une étude nationale menée en 2005 par le Conseil sud-africain de recherche en sciences humaines, à peine 20 pour cent des quelque 5,4 millions de personnes de Sud-africains estimés séropositifs savent qu’ils sont réellement infectés.
« Tous les citoyens africains doivent avoir accès à des services de dépistage pour qu’ils puissent faire partie de la ‘prévention positive’ », a plaidé Richard Muga, de l’Université Grands Lacs du Kenya, à Kisumu. « Même après avoir appris sa séropositivité, la vie sexuelle ne s’arrête pas ».
M. Simbayi a précisé que l’efficacité de deux modèles de ‘prévention positive’ était actuellement testée.
Le premier, fondé sur des groupes de soutien social d’hommes et de femmes vivant avec le VIH, a été établi pour combattre la peur et encourager la révélation du statut sérologique.
Le second, une méthode d’origine clinique, utilise des techniques de motivation, comme de voir une personne révéler son statut sans subir de conséquences négatives, pour promouvoir le changement de comportement.
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