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Le préservatif, un sujet tabou dans le Nord-Est où le VIH progresse

Les populations de la région de Karamoja, au nord-est de l’Ouganda, avaient réussi à échapper à la pandémie du VIH qui avait fait tant de ravages dans le reste du pays pendant les années 80 et 90.

Alors que les autorités ougandaises commencent à endiguer la propagation de l’épidémie, le taux de prévalence au VIH/SIDA dans la province de Karamoja connaît une progression fulgurante.

« Il y a dix ans, le taux de prévalence au VIH était de 0,4 pour cent ; actuellement, il est de 2 pour cent, soit taux cinq fois supérieur à ce qu’il était auparavant », a fait remarquer le docteur Vincent Owiny, directeur des services de santé du district de Moroto, à Karamoja.

Cette région aride se distingue des autres provinces du pays en ce sens qu’elle n’a pratiquement subi aucune influence du monde moderne et qu’elle est notamment dépourvues de routes et d’électricité.

Sa population a rejeté la culture occidentale pour adopter le mode de vie traditionnelle des éleveurs de bétail ce qui, pour beaucoup de personnes, explique le faible taux de prévalence au VIH à Kotido, Moroto et Nakapiripirit, trois districts de Karamoja.

Ces valeurs traditionnelles, qui ont autrefois servi de rempart à la propagation du VIH, constituent aujourd’hui un véritable obstacle à la mise en œuvre de programmes efficaces. La publicité faite autour de l’utilisation du préservatif est très courante dans les autres régions du pays, mais à Karamoja, le préservatif est non seulement un produit rare, mais il est tabou d'en parler.

Pour Munies Satina, 22 ans, vêtue d'une jupe plissée rouge et d'un haut noir et rouge, la tenue caractéristique des femmes karamojongs, les préservatifs sont associés aux mœurs légères, dans sa culture.

« Vous vous mariez, vous avez un époux, pourquoi donc avoir besoin d’un préservatif ? Ce sont les « malagas » [les prostituées] qui en ont besoin », a-t-elle dit.

Outre la grande méconnaissance de la pandémie, l’ouverture au monde extérieur de cette société autrefois repliée sur elle-même accroît sa vulnérabilité au VIH/SIDA.

La faim et l’insécurité (les affrontements interethniques et vols de bétail sont fréquents dans la région) ont conduit beaucoup de jeunes femmes Karamajongs à s’installer à Kampala, la capitale Ougandaise, où elles peuvent être vulnérables à l’exploitation sexuelle, à travers la prostitution, ou en raison de leur naïveté.

Pour faire face au phénomène de l’insécurité dans la région, les autorités ont augmenté les effectifs des forces de sécurité basées à Karamoja, ce qui a accru les activités de l’industrie locale du sexe. Selon le docteur Arturo Silva de l’hôpital de Matany à Moroto, les tests de dépistage du VIH auxquels se sont soumis beaucoup de soldats se sont révélés positifs.

Matany est un hôpital de missionnaire. Il ne fournit pas de préservatifs, mais encourage leur utilisation.

« C’est un hôpital catholique, mais nous encourageons l’utilisation du préservatif », a fait remarquer le docteur Silva. « Malgré les conseils prodigués par nos 60 agents de santé communautaires, le problème prend de plus en plus de l’ampleur », a-t-il ajouté.

D’ici fin 2007, le Comité international de secours (IRC) envisage de mettre des préservatifs à la disposition des centres de santé des sous-préfectures.

Pour Esther Opoko, qui travaille à la représentation de l’IRC dans la région, lorsque l’étude d’évaluation des besoins a commencé, il y a trois ans, l’utilisation des préservatifs était impensable. « A l’époque, nous n’aurions jamais osé prononcer le mot préservatif », s’est-elle souvenue. « Les choses changent ».

Toutefois, a-t-elle fait remarquer, tant que le rôle des femmes dans la société Karamajong ne changera pas, l’usage du préservatif ne sera pas très répandu.

« Ici les femmes sont très soumises. Elles ne peuvent pas parler du préservatif, encore moins exiger son utilisation dans les rapports sexuels ».

De l’avis de M. Owiny, directeur des services sanitaires, bien plus que de simples préservatifs, c’est d’un programme complet de prévention contre le VIH/SIDA qu’il faut.

« Avant de démarrer une campagne sensibilisation à l’utilisation du préservatif, nous devons commencer par informer les populations sur la réalité du VIH/SIDA, parce qu’elles comprennent toujours pas de quoi il s’agit », a-t-il expliqué.

En outre, a-t-il ajouté, la région ne figure pas dans les programmes de lutte contre le VIH/SIDA puisqu’elle ne recevait pratiquement aucune assistance de base en matière de formation et de traitement et soins contre le VIH.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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