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La tuberculose en progression, malgré les efforts - autorités

En dépit de la multiplication des centres anti-tuberculeux (CAT) en Côte d’Ivoire, la tuberculose a néanmoins connu une progression ces deux dernières années, selon le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT).

« En 2005, la Côte d’Ivoire comptait 18 000 cas de [tuberculose]. En 2006, nous sommes passés à 21 204 cas, soit une progression de six pour cent », a dit vendredi le docteur Jacquemin Kouakou, coordonnateur du PNLT, dans un entretien accordé à la radio nationale ivoirienne, à la veille de la douzième Journée mondiale de la tuberculose, le 24 mars.

Avec « la multiplication des CAT et la gratuité des soins accordés aux malades, nous disons que le tableau est peu reluisant », a-t-il déploré. « La tuberculose n’est pas en recul comme certains le font croire, elle menace plutôt dangereusement notre pays. »

Le rapport mondial sur la tuberculose de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié vendredi, indique que la tuberculose reste l’une des principales causes de mortalité dans le monde, et que 7,4 des 8,8 millions de nouveaux cas enregistrés dans le monde en 2005 l’ont été en Asie et en Afrique subsaharienne.

Si l’épidémie mondiale est sur le point de décliner, a révélé le rapport de l’OMS, le nombre total de nouveaux cas de tuberculose a continué d’augmenter, notamment en Afrique –un constat attribué en partie à la croissance démographique.

La situation que connaît la Côte d’Ivoire est due en grande partie à la paupérisation des populations, a analysé M. Kouakou, soulignant que depuis 2002, la partie nord du pays avait régulièrement été confrontée à une pénurie de traitements contre la tuberculose (TB).

La Côte d’Ivoire est coupée en deux, entre le nord aux mains des rebelles et le sud contrôlé par les forces loyalistes, depuis une tentative d’insurrection armée lancée en septembre 2002.

« Des CAT ont été fermés dans le nord, parce qu’ils ont été détruits », a-t-il dit. « Les risques de contamination sont réels, et le VIH/SIDA a participé à l’émergence de la maladie. »

La tuberculose est la première infection opportuniste liée au VIH/SIDA, qui s’attaque à des organismes affaiblis par le virus. Selon un rapport rendu public en juin 2006 par les autorités ivoiriennes, le taux de prévalence du VIH en Côte d’Ivoire est estimé à 4,7 pour cent de la population –des chiffres contestés par de nombreuses organisations, qui estiment qu’il est plus élevé.

Sur les 1,6 million de personnes qui sont mortes de la tuberculose en 2005 dans le monde, 195 000 étaient co-infectées au VIH, selon le rapport de l’OMS, qui a cité l’inégalité d’accès au diagnostic et au traitement de la tuberculose à l’intérieur des pays comme un obstacle au progrès de la lutte antituberculeuse.

Selon le PNLT, le taux national de co-infection VIH/TB en Côte d’Ivoire est de 40 pour cent. Pour tenter d’endiguer ces épidémies, le PNLT a décidé de travailler main dans la main avec les autorités en charge de la lutte contre le sida, a expliqué M. Kouakou.

« Aujourd’hui, nous nous battons pour une prise en charge globale des malades, qui comporte la nutrition, le VIH/SIDA et la tuberculose », a-t-il dit. « Si cela aboutit, nous parviendrons à un suivi plus efficace des patients. Nous plaidons ainsi pour l’implication de toutes les communautés dans la lutte contre [les épidémies]. »

M. Kouakou a annoncé le lancement d’une série « d’actions d’envergure » contre la tuberculose dans les prochains jours, notamment dans le nord.

« Nous allons développer dans le nord des activités novatrices, des dépistages actifs au sein de la population afin de détecter tous les cas », a-t-il dit, sans donner davantage de précisions.

Des résistances qui se développent

Dans le sud, où les traitements contre la TB sont plus facilement accessibles, les défis n’en demeurent pas moins énormes. La zone d’Abidjan, le grand port économique du sud du pays, est la plus touchée par le VIH/TB : le taux de co-infection y est de 45 pour cent.

« Il faut savoir que le dépistage [de la TB] est toujours suivi d’un traitement ininterrompu de six mois », a-t-il rappelé. « Mais nous nous rendons compte que des malades ne s’y soumettent pas et il est à craindre une forme résistante de la maladie. »

La stratégie de traitement dite DOTS, de traitement court observé, préconisée par l’OMS, dure six mois et ne doit pas être interrompue, sous peine de voir les patients développer des résistances aux médicaments.

Certains pays, notamment en Afrique australe, sont confrontés actuellement à une inquiétante progression de l’épidémie de tuberculose à bacilles multi-résistants (XDR-TB, en anglais), une forme de tuberculose qui résiste à la quasi-totalité des traitements actuellement disponibles.

Le rapport de l’OMS a souligné le déficit de financement : bien que les fonds consacrés à la lutte contre la tuberculose aient considérablement augmenté depuis 2002 pour atteindre deux milliards de dollars, un supplément de 1,1 milliard serait nécessaire pour faire face aux besoins de financement du plan mondial « Halte à la tuberculose » en 2007.

La lutte contre la forme multirésistante de la TB demanderait à elle seule 650 millions de dollars supplémentaires pour cette même année, a précisé le document.

Lancé en 2006 par l’OMS, le plan décennal « Halte à la tuberculose » prévoit, en plus du renforcement de la stratégie DOTS, de s’attaquer au défi de la co-infection VIH/TB, de contribuer au renforcement des systèmes de santé, de donner des moyens aux malades et aux communautés, et de promouvoir la recherche.

L’un des objectifs fixés de ce plan est de réduire de moitié la prévalence et le taux de mortalité de la TB d’ici à 2015, par rapport à 1990. Le rapport de l’OMS publié vendredi révèle que si les régions des Amériques, de l’Asie du Sud-est et du Pacifique occidental sont dans les temps pour y parvenir, en revanche les régions de l’Afrique, de la Méditerranée orientale et de l’Europe ne le sont pas.

Pour espérer rattraper leur retard, ces régions devront augmenter leurs budgets et renforcer leurs activités, a recommandé l’OMS.

En 2004, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a accordé à la Côte d’Ivoire un financement de 3,8 millions de dollars pour aider le pays à lutter contre la tuberculose, avec pour objectif de parvenir en 2008 à un taux de détection des cas de 75 pour cent, et de réussite du traitement de 85 pour cent.

Un autre accord de subvention du Fonds mondial, dans le cadre du sixième appel à proposition de l’organisme international de financement de la lutte contre les trois épidémies, est en cours de finalisation.

M. Kouakou s’est dit déterminé à atteindre l’objectif fixé dans le cadre du plan « Halte à la tuberculose ». « D’ici 2015, nous devons parvenir à inverser les tendances », a-t-il dit.

aa/ail/vj

Pour accéder au Rapport 2007 de l’OMS sur la tuberculose dans le monde (en anglais)


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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